Algérie

4e partie



Résumé : Mohamed est déçu par les siens. À la mort de son père, ses demi-frères dilapidèrent les biens de la famille avant de disparaître dans la nature. Mohamed est indigné. Il comprit enfin le degré de la haine de sa famille envers lui.Il pensa tout d'abord à courir les contrées lointaines pour retrouver leurs traces, mais tout compte fait, il prit l'ultime décision : partir.
Ses deux s?urs étaient mariées et chacune avait sa propre famille. De ce côté-là, il était tranquille. Mais il y avait sa mère. Vieille, impotente et à moitié aveugle. Comment va-t-elle survivre seule dans cette grande maison, et comment va-t-elle subvenir à ses besoins, maintenant que son mari n'est plus là et que son fils unique va émigrer '
Mohamed passe des jours à réfléchir. En fin de compte, il décide de se confier à sa mère. La vieille femme est affligée.
-Je n'ai plus que Dieu et toi, mon fils. Comment peux-tu imaginer un instant de m'abandonner à mon sort et partir ailleurs '
-Je ne t'abandonnerai pas, mère. Tu resteras quelque temps au village où tes filles pourront s'occuper de toi. Dès que j'aurais trouvé du travail dans la grande ville, je viendrai te chercher et tu vivras avec moi pour le restant de tes jours. Ce n'est qu'une question de temps.
La vieille femme hoche la tête d'un air indigné.
-La grande ville, mon fils, est un labyrinthe. Elle va t'engloutir et plus jamais tu ne remettras les pieds dans ce village. Tous ceux qui sont partis avant toi ne sont jamais revenus. Quant à ce que mes filles me prennent en charge, là tu m'étonnes vraiment, Mohamed. Ne connais-tu donc pas nos us et nos traditions ' Une fille mariée n'appartient plus qu'à son mari et à sa belle-famille. Crois-tu qu'on consentira à laisser tes s?urs venir tous les jours s'occuper d'une vieille impotente comme moi, abandonnant leurs enfants et leurs familles ' Non, mon fils. Cette fois-ci, tu t'es vraiment trompé dans tes calculs.
La vieille femme se met à pleurer.
-Je n'aurais jamais cru qu'un jour j'allais vivre tous ces événements. Ton père était un homme juste et bon, et je n'ai jamais eu à me plaindre de lui. Il a été jusqu'à construire cette grande maison, afin que tous ces enfants y vivent unis comme avant sa mort. Hélas ! Les gens d'aujourd'hui ont oublié les principes et les bases familiales. Ils ne pensent qu'à l'argent et au prestige que la richesse pourrait leur procurer. Ton père à peine "parti" que tes frères ont changé de comportement. Ils ont spolié les biens que plusieurs générations avaient minutieusement amassés. Ces terres, ces arbres, ces maisons, ces vignes, et tout ce bétail dont regorgeait notre ferme ont été vendus pour une bouchée de pain. Que te reste-t-il aujourd'hui, mon fils ' Peut-être cette maison qui t'a vu naître, et qui te revient de droit. Heureux encore que des vautours de frères ne l'aient pas vendue.
-Tant pis, mère. Même cette maison je vais la leur céder, puisque je suis plus que jamais décidé à partir.
Il réfléchit un moment, puis lance :
-Je ne veux pas que tu pâtisses de cette situation, mère. Je ne veux pas que tu sois à la merci du premier venu.
-Mais, mon fils, je ne vois pas d'autres solutions. Tu es jeune et robuste, et tu arriveras facilement à dénicher du travail, même loin du village. Mais moi je ne pourrais t'être d'aucune utilité. Seulement je n'aimerais pas rester ici à ruminer des idées noires, alors que toi tu courras les contrées lointaines.
-C'est ce qui me chagrine le plus, mère.
Elle lève la main et l'interrompt.
-Je pars avec toi, Mohamed.
-Hein '
-Je pars avec toi, mon fils. J'ai encore quelques pièces d'or que ton père m'avait offertes, et que j'ai épargnées pour faire face aux mauvais jours. Tu pourras les vendre pour nous permettre de subsister quelque temps.
-Mais, mère, tu n'y penses pas ! Je ne pourrais pas te faire courir une aventure qui ne s'annonce pas de tout repos. Je ne sais pas quel chemin je vais prendre, par quels villages je vais transiter et combien de jours je mettrai avant d'arriver en ville.
(À SUIVRE)
Y. H.


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