Algérie

48 h avant le grand débat



Six jours à peine avant la sentence du 2e tour de la présidentielle, en France, les deux candidats en lice Emmanuel Macron et Marine Le Pen livrent leur ultime assaut pour tenter de rafler la mise. Objectif, les voix de la gauche et, plus particulièrement, celles des électrices et des électeurs de la France insoumise, l'aile radicale de la gauche qui a vu son chef Jean-Luc Mélenchon opérer une spectaculaire remontée jusqu'à rater de peu le passage au second tour. Mais une grande partie de cet électorat est constituée par les communautés musulmanes dont l'institut de sondage Ifop évalue qu'elles ont voté à 69% pour Mélenchon, très loin devant Macron (14%) et Marine Le Pen (7%). On estime à plus de 5 millions la population musulmane en France, toutes catégories confondues, en conséquence de quoi l'islam est la deuxième religion de l'Hexagone tandis que sa communauté est la première dans toute l'Europe. Ce qui explique le duel à fleurets mouchetés entre les candidats sur la question du port du voile, un enjeu des plus sensibles. Plus qu'un débat d'idées, la divergence entre Macron et Le Pen est surtout une opération de charme, chacun ayant un public déterminé. Macron se veut le défenseur des libertés publiques, notamment religieuses, tandis que Marine Le Pen prétend porter l'étendard de la laïcité. Ni l'un ni l'autre ne remettent, pourtant, en cause la loi du 9 décembre 1905 qui fonde la séparation de l'Etat et des Eglises, entendez les cultes dans leur diversité, tout en consacrant la liberté de conscience et le droit à pratiquer sa foi. Mais la cheffe de l'extrême droite affole aussi les communautés juives et musulmanes par son intention d'interdire l'abattage rituel des animaux, au point de provoquer la colère des associations concernées. Macron se réfère à cette loi pour souligner son double attachement à la laïcité et aux libertés religieuses, alors que sa rivale affirme combattre l'islamisme et interdire tous les signes par lesquels il est censé se manifester, selon elle. Or, interdire le port du voile dans l'espace public, c'est faire un pas en avant pour interdire la kippa, la croix et d'autres signes ostentatoires, rétorque le président sortant. Il a ainsi reçu le soutien, vendredi dernier, de la Grande Mosquée de Paris, haut lieu de la communauté d'origine algérienne, et du Rassemblement des musulmans de France, association de la communauté d'origine marocaine qui semblent avoir mis entre parenthèses sa loi controversée sur la «lutte contre le séparatisme», source de défiance envers l'islam et les communautés musulmanes. Votée en juillet 2021, ce texte a considérablement étendu l'arsenal juridique contre l'islamisme radical. Il n'empêche, comme en 2017, il y a fort à parier que le réflexe sera encore de voter contre la candidate du Rassemblement national et ce sera là la meilleure carte dont dispose, une nouvelle fois, Emmanuel Macron, même si ce sera en des proportions moindres.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)