Algérie

“45 milliards de dollars d’investissements étrangers drainés en cinq ans”


L’Algérie attend le verdict de l’arbitrage international quant au litige relatif à la revalorisation  des prix du gaz algérien vendu à l’Espagne. Le ministre de l’Énergie et des Mines et président en exercice de l’Opep, M. Chakib Khelil, a réitéré à Madrid que la crise actuelle du pétrole est causée par les marchés financiers et souligné que le rôle de l’Opep est de “satisfaire la demande et non pas de fixer les prix qui le sont par le marché”. M. Khelil, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse en marge des travaux du 19e congrès mondial du pétrole, a expliqué dans ce sens que “près de 60% de l’augmentation du prix du pétrole durant cette dernière année sont dus à la spéculation des marchés, dans une large mesure à cause de l’érosion du dollar, 20% pour des raisons géopolitiques et le reste est lié à d’autres aspects comme le bioéthanol”. Pour lui, trois causes fondamentales ont contribué à l’augmentation du prix du brut durant ces derniers mois : la crise économique des États-Unis, qui a conduit à une baisse des taux d’intérêt, la dévaluation du dollar, la situation géopolitique qui menace certaines régions productrices comme l’Iran, et le développement que connaît le bioéthanol. “Nous devons faire quelque chose par rapport à la géopolitique et au dollar pour freiner l’envolée des prix du brut, car ce sont des facteurs de risques qui sont intégrés dans la perception sur les prix”, a-t-il dit. M. Khelil a souligné la nécessité de miser sur les nouveaux développements technologiques qui permettront à l’avenir d’augmenter l’offre, en soulignant les investissements prévus par l’Opep pour accroître la capacité supplémentaire de production. Dans ce cadre, il a estimé que l’Opep augmentera sa production annuelle autour d’un million de barils/jour dans les prochaines cinq années. “Nous avons de bonnes perspectives pour faire de nouvelles découvertes de pétrole et de gaz”, a ajouté M. Khelil, en relevant que les pays de l’Opep “sont ouverts aux investissements étrangers”, en citant l’exemple de l’Algérie qui a reçu 45 milliards de dollars durant les cinq dernières années. “Les investissements et les découvertes de gaz et de pétrole sont en nette évolution en Algérie depuis ces dernières années”, a-t-il affirmé. Cependant, il a fait part des difficultés que rencontrent certains pays producteurs dans leurs relations d’affaires avec d’autres pays consommateurs, en critiquant leur manque de “transparence”. Il soulignera également que “plusieurs entreprises veulent garder des rôles dominants dans leurs marchés”, a-t-il dit, ajoutant, par ailleurs, que les politiciens ont eux aussi un rôle à jouer dans une “situation où l’offre et la demande ne sont pas un facteur indispensable pour fixer les prix du pétrole”. À la question de connaître la situation du marché pétrolier au cas où l’Iran suspendrait sa production, M. Khelil a répondu que le marché connaîtrait un “problème” car, a-t-il expliqué, “dans l’immédiat, personne ne pourra remplacer une production de 4 millions de barils/jour”.
Le ministre de l’Énergie et des Mines a qualifié, par ailleurs, de “bonnes et correctes” les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne dans le domaine énergétique, en dépit du processus d’arbitrage international que connaissent la Sonatrach et les deux entreprises espagnoles, Repsol YPF et Gas Naturel. À ce propos, il a relevé que la Sonatrach est un négociateur qui “n’est pas facile”, tout en se déclarant confiant que les entreprises espagnoles “soient à la hauteur des accords signés”. Dans ce contexte, il a rappelé que l’Espagne avait bénéficié dans le temps de “bons prix et pas chers”, mais lorsque le prix du gaz naturel augmente dans les marchés internationaux, il est nécessaire de payer la revalorisation des coûts. “Les choses ne sont pas gratuites, il faut les payer et nous sommes de durs négociateurs”, a-t-il affirmé, tout en rappelant que “plusieurs entreprises espagnoles sont présentes en Algérie et nous souhaitons que des entreprises algériennes soient les  bienvenues aussi en Espagne”. Il a déploré également les entraves que rencontre la Sonatrach en Espagne, dans le cadre du projet Medgaz, malgré le fait qu’elle soit un partenaire de l’Espagne depuis 30 ans. Il a expliqué que le contrat de gaz signé entre l’Algérie et l’Espagne en 1995, alors que le prix était à 15 dollars, très inférieur à l’actuel, et au moment de le réviser, les négociations qui avaient duré deux ans ont été infructueuses. “Ce litige est purement commercial et il appartient à l’arbitrage international de rendre son verdict”, a-t-il conclu.
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