Algérie

42e partie



Résumé : Mohamed est marié à Razika. Le jeune homme fera visiter la maison à sa femme. Le désordre régnait en maître, mais elle lui promettra d'y remédier. En attendant, il voulait lui montrer quelque chose.Il lui prend le bras et l'entraîne dans une chambre du rez-de-chaussée. La jeune femme remarque, ébahie, le fusil accroché au mur.
-Tu possèdes un fusil '
-Oui. Je voulais te le montrer pour que tu n'aies pas peur. Cette arme appartenait à mon grand- père. Elle a une grande valeur pour moi. Ne laisse personne l'approcher ou la toucher.
-Je n'en aurais même pas l'idée. Ce fusil est chargé '
-Non. Je l'ai déchargé, mais personne ne le sait. Ainsi, si jamais un brigand s'amuse à s'approcher de notre maison, il saura à qui il a affaire.
Razika hoche la tête,
compréhensive.
-Je comprends. Le fusil d'ailleurs a de tout temps symbolisé l'honneur et le respect.
-C'est le cas dans ma famille. Un jour, tu connaîtras toute mon histoire en détail.
-Je n'en doute pas, mon mari, et...
Il l'interrompt.
-Pourquoi m'appelles-tu mon mari, Razika ' Pourquoi ne m'appelles-tu pas donc par mon prénom '
La jeune femme rougit et baisse la tête.
-Je n'oserais pas.
-Pourquoi donc '
-Dans nos m?urs, une femme ne doit jamais appeler son mari par son prénom.
-Mais comment devrait-elle l'appeler alors '
-Je ne sais pas. Les femmes dans ma famille désignent leur mari par le sobriquet de "Lui", et celle qui ose en prononcer le nom est tout de suite traitée de dévergondée.
-Je ne comprends pas. Après tout, nous allons devoir vivre ensemble jusqu'à la fin de nos jours.
Razika rougit davantage.
-Je sais. Mais c'est comme ça que j'ai été éduquée, je ne pourrai jamais faire exception à la règle.
Amusé, Mohamed se penche vers elle.
-Eh bien, à partir de maintenant, tu m'appelleras par mon prénom.
-Même devant les autres '
-Devant les autres, tu feras ce qui te plaira, mais lorsque nous sommes seuls, gare à toi si je te surprends encore à m'appeler "mon mari".
Razika hoche la tête, et Mohamed met un index sous son menton.
-Regarde-moi donc dans les yeux. Pourquoi me fuis-tu autant '
Elle baisse davantage la tête et les yeux et murmure d'une voix à peine audible :
-En vérité, je me sens toute timide devant toi. Moh... Mohamed. Tu es si beau !
Le jeune se met à rire.
-Mais c'est moi qui aurais dû me sentir gêné devant toi. Tu es belle à couper le souffle.
-Moi '
-Oui. Tu en doutes '
Razika pousse un soupir.
-Il fut un temps où on me traitait de "négresse".
-De "négresse" ' Je ne comprends pas.
-Eh bien, tu devrais pourtant savoir que dans nos traditions, les familles préfèrent les filles au teint clair. Ce qui n'est pas mon cas, contrairement à mes s?urs.
-Mais tu n'es pas "noire", toi non plus. Ton teint mat te rend plus éblouissante et rehausse l'éclat de tes yeux clairs.
-Ce n'était pas l'opinion des femmes de ma famille qui me voyaient plutôt épouser un vieil homme en seconde ou troisième noces.
-À ce point '
-Oui. Tu sais bien que nos m?urs sont rigides et parfois même ridicules, mais c'est comme ça.
-Et maintenant que tu es la femme d'un homme blond comme moi, quelle serait leur opinion '
-Ah ! Maintenant, je vais faire beaucoup d'envieuses et de jalouses.
(À SUIVRE) Y. H.


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