Algérie

40 ans de chanson de Lounis Aït Menguellet



Le sage est toujours là Tous ceux à qui il s?est frotté lors de sa longue carrière ont tenu à lui rendre hommage. Alité et souffrant, Chérif Khedam, chez qui a fait ses classes l?enfant prodigue de Aïn El Hammam, n?y était pas. Lounis Aït Menguellet évoquera cet autre monstre de la chanson kabyle, dont il regrette l?absence.Tombé en disgrâce à la radio, Mejahed Hamid, animateur de l?émission Ighenayen Uzekka (les chanteurs de demain), qu?a lancée ce même Chérif Kheddam, et où se reproduira Aït Menguellet fin 1966, a évoqué le parcours de son ami. Pour lui, les jeunes doivent s?en inspirer. Ceux-ci ont voulu saluer leur devancier. Cependant, plusieurs n?ont pu le faire, à l?instar de Brahim Tayeb et de Si Moh, en dépit de la rallonge horaire dont a bénéficiée l?émission qui ne prendra fin que vers minuit passé. Belaïd Abranis interprétera une chanson Arjuyi (attends-moi), lui donnant une touche insoupçonnable. Des chanteurs de la première heure se sont fait fort de rappeler le parcours du maître. Akli Yahiatène chantera La beauté des femmes de Michelet, chanson qui lui a valu un grand succès et l?inimitié de certains. Bon ?il bon pied, Taleb Rabah a assuré que Aït Menguellet est quelqu?un qui fait l?unanimité autour de sa personne et de son travail. « Son caractère en est assurément pour beaucoup », soutient-il. Kamel Hammadi et Hadjira Oubachir ou encore Ben Mohamed, poètes dans l?âme, ont abondé dans le même sens. Toujours aussi passionné qu?à ses débuts, Nouara ne manquera pas de déclamer un achewik que composera Ben Mohamed pour le défunt Matoub Lounès. Djafer a tenu à rendre grâce au paternel avec une chanson qu?il a composée avec Si Moh. Reste que le clou de la soirée a été lorsque les deux chanteront A mi (O mon fils). A deux voix, la chanson a été une réussite absolue. Kateb Yacine fera en son temps un hommage soutenu. Pour lui « Aït Menguellet est aujourd?hui notre plus grand poète. Lorsqu?il chante, que ce soit en Algérie ou dans l?émigration, c?est lui qui rassemble le plus large public ; des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au c?ur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents (?). » « Quand un peuple se lève pour défendre sa langue, on peut vraiment parler de révolution culturelle », ajoutera le Keblouti. Ces mots ont été repris par l?animatrice qui n?a pas su, loin de là, mener à bien l?émission. Il est à noter qu?un micro portable ainsi qu?un burnous ont été donnés à Aït Menguellet. Le directeur général de la Radio nationale, M. Mihoubi, en reçu le sien. Celui-ci s?est révélé un indécrottable fan de Aït Menguellet. « Depuis vingt ans que je compile avec soin ses ?uvres, je suis toujours inconsolé. L?homme est un artiste accompli doublé d?un philosophe », relève-t-il. Sur la programmation de l?émission coïncidant avec la finale de la coupe d?Algérie, il dira que l?hôte de la radio a autant de supporters sinon largement plus que ceux des deux clubs algérois réunis. Il fera remarquer que des traductions des textes du poète seront faites en langue arabe. Natif d?Ighil Boumas, Abdennebi Aït Menguellet fut prénommé Lounis par sa grand-mère après qu?il lui soit apparu en rêve. Il ne fera son entrée à l?école qu?après l?âge de 11 ans. Difficile pour lui d?ailleurs de poursuivre une scolarité à une époque où l?éducation était réservée à certains. Il se dirigera vers le collège technologique à l?actuel place du 1er Mai, où il a suivi une formation d?ébéniste. Une période qui est à marquer d?une pierre, fut son passage dans l?émission à succès de cet autre enfant de l?ex-Michelet. Celle-ci portant le nom des chanteurs de demain (Ighenayen u zekka), animée par Chérif Kheddam, le révélera au grand public. Commencera alors pour Aït Menguellet un parcours pas toujours saisissable, comme l?ont tenu à dire ses invités. De Ma trud (si tu pleures), appréciée des jeunes de l?époque, que de chemin parcouru ?


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