Algérie

4 ans de prison ferme recquis contre Drareni, Belarbi et Hamitouche



Un rassemblement de plusieurs dizaines de journalistes, de figures de l'opposition et de citoyens s'est tenu à l'extérieur du Palais de justice en soutien aux trois détenus.Il était 14h passées lorsque le journaliste, Khaled Drareni arrive à la salle "2" de la Cour d'Alger, une arrivée retardée par les inondations qui ont frappé plus tôt quelques zones du Grand Alger, provoquant d'immenses embouteillages sur les routes. Le visage émacié, visiblement éprouvé par les cinq mois de détention, Khaled Drareni tient comme de coutume à saluer, le sourire de rigueur aux lèvres, les présents et les confrères venus couvrir l'événement.
Tandis qu'à l'extérieur, un rassemblement de quelques dizaines de journalistes et de citoyens se tenait depuis le début de matinée en présence de quelques figures de l'opposition dont Karim Tabbou, Lakhdar Bouregâa et Fodil Boumala et d'autres militants associatifs, sous la surveillance d'une escouade de policiers, à l'intérieur, Khaled Drareni répond aux questions du juge sur plusieurs éléments entourant son dossier : sa collaboration avec la chaîne "TV5Monde", le billet d'avion dont il a bénéficié pour participer à une conférence en France, sa couverture du Hirak, les honoraires qu'il percevait pour ses prestations, le fait qu'il ne disposait pas d'accréditation, son refus de révéler ses sources lors de l'enquête préliminaire, mais également certains posts qu'il a publiés sur les réseaux sociaux.
"J'ai fait mon travail en tant que journaliste libre, indépendant et de façon professionnelle. J'ai été plusieurs fois arrêté. Je suis ici car j'ai couvert le Hirak", explique-t-il d'emblée. "Comment se fait-il que le président de la République parle d'un Hirak moubarak et qu'on arrête quelqu'un qui couvre le Hirak '", se demande-t-il.
Rappelant avoir couvert le mouvement populaire dès le premier jour, Khaled Drareni, le verbe sûr, imperturbable, poursuit sur sa lancée à propos des reproches selon lesquels il travaillait pour une chaîne étrangère sans accréditation. "J'ai aussi travaillé pendant cinq ans pour la chaîne Echourouk qui n'est pas accréditée."
Selon lui, il travaillait à la chaîne TV5Monde en qualité de collaborateur et qu'il intervenait sur plusieurs autres chaînes. Interrogé sur son refus de déverrouiller son téléphone à la demande des enquêteurs, Khaled Drareni évoque le devoir du journaliste de protéger ses sources : "Je préfère rester en prison pendant 6 mois plutôt que d'exposer mes sources au danger.
Je n'ai pas donné le mot de passe, afin de protéger mes sources, et j'ai précédé ce qui était prévu dans la nouvelle Constitution concernant la protection des sources (article 52)." Et les posts reprenant les slogans du Hirak '
"J'avais l'habitude de relayer les slogans du mouvement populaire et de les mettre entre guillemets, en vertu de l'éthique de la profession", explique-t-il au juge qui tente d'objecter : "Mais il y a des choses qui ne se rapportent pas !" "Est-ce que faire du journalisme est une atteinte à l'unité nationale '", s'interroge-t-il comme pour rejeter les accusations retenues contre lui, à savoir "incitation à attroupement" et "atteinte à l'unité nationale".
"J'ai couvert des manifestations contre le mouvement populaire et je ne les ai pas retrouvées dans le dossier, et j'ai écrit que je ne couvrirai pas le mouvement après la crise du corona, et il n'a pas été consigné également."
Avant de rappeler que l'ONG qui l'a invité à la conférence avait elle-même pris attache avec l'Institut français pour prendre en charge son billet d'avion et qu'il percevait son argent dans un compte domicilié en Algérie, Khaled Drareni finit par un dernier baroud d'honneur : "Qu'on revoie ensemble toutes mes interventions, et vous verrez s'il y a ou non atteinte à l'unité nationale."
Dans son plaidoyer, après une digression sur l'Histoire et les "circonstances particulières que vit le pays", le procureur a loué le rôle des services de sécurité dans le "pacifisme" des marches. Et l'avortement des marches du samedi, une au cours de laquelle Khaled a été arrêté, est destiné, selon lui, à faire échouer les "appels entendus à l'intérieur et à l'extérieur visant à user des services de sécurité".
"Qui peut l'accepter '" "Comment l'ambassade qui, hier, faisait du mal aux Algériens peut payer aujourd'hui un billet '" Réquisitoire : maintien de la peine prononcée en premier instance : 4 ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA.
Les avocats qui ont défilé à la barre ? au nombre de 33 et le procès est toujours en cours à l'heure où nous mettons sous presse ? ont tous réclamé la relaxe à leurs clients. Pour le bâtonnier de Béjaïa, Salem Khatri, le procès de Khaled en compagnie de Slimane Hamitouche et Samir Belarbi, poursuivis dans le même dossier, est le procès du "Hirak".
Pour lui, le mérite du pacifisme revient plutôt à la maturité du peuple qui lutte contre la dictature depuis l'assassinat d'Abane Ramdane en 1957. "Nous avons le régime le plus mauvais du monde. Les accusations portées contre Khaled sont préfabriquées. Il n'a pas porté atteinte à l'unité nationale. Rappelez-vous que Bensalah a fait un compte rendu à Poutine sur la situation du pays. Il faut dire les vérités.
Le colonialisme n'est pas sorti." Tandis que Salah Brahim relève l'absence de "preuves matérielles", Me Aït Larbi Mokrane explique que "l'atteinte à l'unité, c'est tenter de diviser le peuple". "C'est le régime qui est un danger pour le pays", reprend, de son côté, Me Ahmine, alors que l'avocate Nabila Smaïl soutient que le "dossier est monté par les services de sécurité". "Khaled a été emprisonné après le discours de Tebboune", dit-elle.
Quant à Abdelghani Badi, il soutient qu'en vertu de cette accusation, personne n'est à l'abri et la "sécurité juridique des Algériens est en danger". "Khaled a été arrêté sur ordre. On devrait être fier de lui car il arraché à Macron (la déclaration que le colonialisme est un crime contre l'humanité, ndlr) ce que n'a pas réussi à faire ni le Parlement ni le gouvernement." "La justice doit se libérer. Chacun doit obéir à sa conscience, loin des pressions."

Karim KEBIR


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