Algérie

4 ans...


4 ans...
On a trop glosé et sur la soudaine richesse de l'Algérie et sur l'indigence de son développement économique plus que sur l'état de pauvreté, souvent mal évalué, des gens qui peuplent ce vaste pays. Significatif de cette abondance fragile et de l'inquiétude qui accompagne son côté féerique et évanescent, plus d'une fois des responsables aux commandes du pays se sont fait un devoir de rassurer leurs compatriotes. Avec un discours qui donne plus de résonnance aux caisses pleines de l'Etat, du genre : «Nos réserves de change couvrent 4 années d'importation.» Le sous-entendu du message se voulant tout aussi réconfortant. Pendant 4 ans, même si l'Algérie ne produit rien et que, à Dieu ne plaise, notre énergie fossile se faufilait jusqu'aux entrailles de la terre pour servir de combustible au feu central, l'Etat aura les moyens d'assurer le couvert pour tous ses administrés. A l'heure actuelle, avec plus de 200 milliards de dollars de réserves de change et 5 600 (à fin 2012) milliards de dinars engrangés par le Fonds de régulation des recettes-celles du pétrole, bien sûr-, l'Algérie jouit d'une aisance financière qui peut lui être enviée par des pays autrement plus avancés. Seulement, ces pays ont mieux à faire que de surveiller le niveau de leurs réserves de devises fortes.
Et puis, en quoi 4 ans ou 7 ans ou plus encore de sécurité des approvisionnements seraient-ils suffisants, par la seule grâce de leur nombre, pour conférer ce faux sentiment de quiétude aux autorités et aux citoyens ' S'il faut y voir vertu, elle ne serait que soporifique, de celles d'un endormissement sur des lauriers que viendrait juste perturber, parfois, l'odeur acre du brut qui irrigue leurs racines. Et dire qu'un pays comme l'Egypte, qui a pu construire une modeste base industrielle, en est toujours à rechercher désespérément un prêt de
5 tous petits milliards de dollars, ses réserves couvrant à peine 2 mois de ses importations. C'est le paradoxe des opulences éphémères, on a rarement entendu un responsable algérien nous dire comment, avec un confortable matelas de 200 milliards de dollars, mettre l'économie nationale en condition pour réaliser une croissance hors hydrocarbures à deux chiffres dans une perspective décennale, par exemple. Qu'avaient de mieux et de plus les «Dragons» de l'Asie du sud-est qui, dans des délais fulgurants, ont réussi cette gageure ' Pas de pétrole, peu de matières premières, mais beaucoup de compétence et de sérieux, le génie en prime ! Toute la question est là.
Tant qu'on ne se sera pas débarrassé, en Algérie, des habits de faux riches, une vraie dynamique de développement restera longtemps encore un rêve caressé, jamais un but vers lequel toutes les forces et énergies du pays se mettront sérieusement en marche. Le cap, officiellement, est celui d'une transition énergétique qui, pendant qu'elle prépare l'inéluctable après-pétrole, ferait le meilleur usage qui soit de la rente qu'il procure.
Un homme, dans le gouvernement, a tiré à plusieurs reprises la sonnette d'alarme. Un 'il sur la courbe, en ce moment descendante, des revenus pétroliers, un autre sur des dépenses publiques 'non liées à la production- en explosion, le ministre des Finances n'arrête pas d'inviter à la modération et à la prudence. Mais M. Djoudi semble faire cavalier seul et ne pas bénéficier de l'appui nécessaire pour mettre plus de rigueur dans les dépenses publiques. Lui s'exprime en gestionnaire, pas en politique. Il est pourtant des étapes où il est dangereux de s'amuser à découpler les deux. Car, une paix sociale achetée politiquement sans être installée dans la durée peut s'avérer bien ruineuse à court terme, déjà. Toute cette instabilité du front social en réveil permanent n'est, en fait, que le résultat d'une gestion strictement financière de problèmes profondément enracinés dans l'économique.

A. S.
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