«C'est très difficile de vendre l'Algérie comme destination
professionnelle parce qu'elle n'est pas encore vue comme étant un cadre
socioprofessionnel dans lequel on peut s'épanouir. Il y a donc un travail
titanesque à faire en terme de sensibilisation mais il faut des sacrifices
aussi.»
C'est jeudi, lors d'une
conférence de presse organisée à l'hôtel Hilton d'Alger par Reage, que cette
sentence a été prononcée par un jeune cadre diplômé des écoles d'Alger et,
avait-il dit, «fier d'avoir eu des diplômes en Algérie». Cadre à plein temps
chez l'opérateur de téléphonie Mobile Nedjma, il anime aussi, mais à titre
bénévole comme ses collègues, le bureau de Reage «fraîchement ouvert à Alger».
Il n'a pas caché le fait que «les compétences algériennes qui veulent
travailler ici viennent avec des conditions d'expatriés, ils veulent qu'on leur
trouve un logement, une école pour leurs enfants et autres choses...»
Reage est ce réseau des Algériens
diplômés des grandes écoles et universités françaises qui organise le 7
novembre prochain à Paris, sous le parrainage de l'ambassadeur d'Algérie à
Paris, son troisième forum qu'il place sous le thème «Algérie, potentiels et
opportunités». Depuis trois ans, le forum de Reage réunit, disent ses
animateurs, plus de 1.500 personnes venant du Maghreb, d'Europe et des USA pour
échanger autour des opportunités d'emplois, d'investissements et d'affaires
qu'offre l'Algérie. Pour son édition parisienne qu'il présente comme «1er forum
économique euro-algérien», le réseau dit s'ouvrir à des secteurs «inédits»,
entre autres la construction, l'agroalimentaire, le juridique, la santé... La
plénière sera organisée sous le thème «Nouvelle politique des IDE en Algérie».
Il sera question selon les organisateurs «d'analyser les impacts des récents
changements dans la réglementation des investissements en Algérie, en
particulier des investissements étrangers dans le tissu industriel algérien.»
Une trentaine de PME sera présente en plus des agences économiques comme l'ANDI
pour le compte de l'Algérie et des associations professionnelles des deux
rives.
Parmi les invités, on annonce
le président du FCE, Redha Hamiani, le président de la CACI, Bendjaber, le
conseiller économique de l'ambassade de France à Alger, des responsables de
grandes entreprises nationales et internationales comme le patron de Cevital ou
le DG de Nedjma (sponsor de l'événement) ou alors de BP ou KPMG.
Reage tente ainsi d'établir une
connexion entre les deux rives dans le but de convaincre ceux qui sont dans
celle nord de travailler ou alors de «coopérer» avec celle sud. Un objectif
appelé par le soin de ses animateurs «construction d'un partenariat stratégique
entre l'Algérie et sa diaspora». «On a vu dans ce sens des exemples qui nous
laissent optimistes», dit le diplômé d'Alger en évoquant l'expérience de Karim,
ce jeune binational diplômé de la Sorbonne, qui a choisit de (re)venir
travailler en Algérie. Ses autres objectifs «la mobilisation de la diaspora algérienne et ses amis en faveur du
développement de l'Algérie» ou encore «la contribution au rayonnement de
l'Algérie dans un espace méditerranéen paisible et prospère». Et pas seulement.
«Vendre l'Algérie comme un champ professionnel»
Le réseau dit privilégier «l'action opérationnelle avec comme objectifs
majeurs: participer à la promotion et à la réussite de notre communauté en
Europe et dans le monde ; encourager l'esprit d'entreprise et favoriser
l'émergence d'une nouvelle génération d'élites ; promouvoir les parcours
d'excellence notamment auprès des jeunes talents ; construire un partenariat
stratégique entre l'Europe et l'Algérie (...) » ; «oeuvrer au rapprochement des
acteurs économiques maghrébins» ; enfin, «être force de propositions et de
contributions». Le réseau s'est déjà constitué en antennes internationales. Il
en a une au Canada, une autre aux Emirats Arabes Unis et une troisième en
Grande-Bretagne sans compter, bien sûr, celle européenne. Il a aussi monté des
clubs des Tic, de l'énergie, des ressources humaines, juridique avec en plus un
club des entrepreneurs et un conseil junior. Et pour lever toute équivoque, il
est précisé que «Reage n'est pas un recruteur mais oeuvre pour que les
potentialités algériennes essaient de vendre l'Algérie comme un champ
professionnel». C'est, dit l'un de ses animateurs, «une plate-forme d'échanges
réunissant élites et opérateurs économiques». Son président, Fateh Ouazani,
estime que «c'est une action militante au sens pur et propre du terme».
Ouazani est intervenu jeudi par
téléphone à partir de Paris pour souligner que «nous sommes très demandeur
d'informations de l'autre côté, donc on cherche à leur expliquer les
difficultés mais également les facilités». Il a fait savoir que «nous sommes 6
millions d'Algériens vivant à l'étranger, près de 400.000 d'entre eux sont des
cadres dans différents secteurs économiques européens. Vers 2020, nous serons
près d'un million de cadres dont nombreux seront comptés parmi les décideurs au
sein de grandes institutions.» Il estime que «c'est un véritable levier pour
l'Algérie». Le président de Reage pense par ailleurs qu' «au-delà de l'euromed,
il est possible de construire une région Europe-Afrique-Moyen-Orient qui compte
1,5 milliard d'habitants. C'est un formidable marché pour l'Algérie.» Il avoue
être «conscient des difficultés qu'il y a en Algérie, bien qu'avec ça nous
avons des membres qui s'y sont installés. Ce n'est pas un mouvement d'ampleur
certes - nous n'avons pas d'invitation à faire dans ce sens - mais nous disons
que l'Algérie a besoin de leur
contribution.»
Dans Reage, «on est convaincu
qu'un certain nombre de choses doivent bouger (...), on espère que ça aille
vite». Ouazani fait état «d'un sentiment d'une certaine instabilité chez beaucoup
que je pourrais comprendre. Mais l'essentiel est qu'on puisse faire quelque
chose ensemble. Nous regardons avec beaucoup d'attention les opportunités qui
peuvent se présenter à nous pour des projets concrets de partenariat entre les
deux rives.» Le principal indicateur, dit une des animatrices, «pour collecter
des informations sur différents secteurs, ce sont les opérateurs qui sont sur
le terrain. On n'a pas besoin de données microéconomiques, on cherche des
informations au plan microéconomique pour essayer de savoir comment évolue
l'économie algérienne.» Reage fonctionne ainsi depuis 2005, date de sa
création, et compte déjà 1.000 membres.
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Posté Le : 31/10/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com