L'informatique ne
crée pas la procédure. Elle l'accompagne. La technologie ne réalise pas les
résultats. Elle les traite, les analyse mais peut toutefois les stimuler et les
corriger. Regard sur une administration.
La direction
générale des douanes, après avoir tout le long de l'année fait le point quant à
la mise en oeuvre du programme de modernisation 2007/2OIO, au titre de ses
démembrements extérieurs,et tenu ainsi des réunions bilan,dressées par les
directions régionales,l'approche didactique prônée par le directeur général
Abdou Bouderbala consistait cette fois ci, à corroborer un cadre institutionnel
qui est devenu une tradition bien ancrée et soutenue ; de voir chaque année les
cadres de son administration se réunir autour d'un ordre du jour opportun.
Cette concertation est en fait, une institution annuelle sous la forme
organique d'une conférence nationale.
Les objectifs
assignés, outre le classique bilan d'évaluation périodique, et la projection
des perspectives de consolidation du programme de modernisation, s'assignent
aussi l'amélioration des procédures de gestion sur la base d'indicateurs de
performance, de développement du management participatif et de renforcement de
capacités professionnelles.
Toute
l'importance réside essentiellement en ce que tout l'encadrement concepteur et opérationnel
national se trouve attelé à mesurer les étapes franchies, les phases accomplies
et le reste des tranches à réaliser. Il est ainsi mis en situation de
vis-à-vis, l'un à l'autre. Tout le monde est présent à cette séance de travail
de trois jours, tenue dans la wilaya d'El Oued du 23 au 25 mai. D'emblée
monsieur Bouderbala annonçant la thématique devant prédominer à ces troisièmes
assises nationales ; devait dire à vif que «la culture du résultat doit
s'installer chez nous» ce qui permettra selon l'orateur «d'asseoir une
évaluation objective des acteurs de gestion et une émulation positive». La
performance reste à être perçue par cette institution républicaine, et ceci
semble se confiner dans un sentiment partagé par tous les cadres présents ; comme
étant «une efficacité agissante d'où la possibilité de pouvoir dégager le
rapport du résultat d'un service avec l'objectif préétabli et en faire la
comparaison» tel que brillement exposé par un jeune cadre de l'administration
centrale en la personne de Monsieur Berdjoudj Abdelhakim.
La douane qui en
ces journées idoines ose encore une fois faire son auto-évaluation, s'engage
avec détermination à avancer davantage vers la prouesse et s'assurer une
symbiose dynamique et efficiente dans l'accomplissement quotidien de ses
multiples missions. Ainsi le lancement de la démarche de performance fera dire
au premier responsable que son administration «est entrain de s'éloigner petit
à petit d'un système de gestion et d'information bureaucratique et verrouillé
dans la mesure où elle exerce en fait des taches répétitives et non mesurables»
il souhaiterait, en s'y employant avec ardeur pour ce faire; arriver à créer
chez les uns et les autres un réflexe actif les menant habilement vers «la
rupture épistémologique».
Il ne manquera
pas, en signalant les règles basiques de toute cette vertu gestionnelle, que si
l'année passée a vu l'émission de «lettre de missions» à charge de ses
directeurs régionaux, avec une déclinaison locale ; celle ci verra l'émergence
du «contrat de performance».
C'est ce passage
d'une mission à un contrat, qui constitue adéquatement l'entièreté du souci,
voire du défi qu'aspirent relever les cadres des douanes.
Cette rencontre
de débat et de concertation, vise également à travers l'instauration de
nouveaux modes de direction plus transparents et responsables, à découvrir les
pistes d'amélioration du service à rendre ou de l'acte prestataire à produire
afin d'atteindre un «progrès permanent». C'est toujours cette quête de vouloir
se hisser à la conformité normative d'un bon service public, que la direction
générale s'investit au moyen de tout cet arsenal organisationnel et
méthodologique, dans l'obligation pédagogique d'inculquer cher le douanier,
cadre ou subalterne ; l'intérêt à la tache et l'adhésion à l'accomplissement du
devoir.
La gestion de la
ressource humaine, dans son essor inégalé et inédit de développement vers la
consécration d'une douane de métier, afficherait en toute objectivité et
réalisme certain, une vision stratégique à aller de l'avant, avec des pas
rassurés, concertés et conformes aux normes scientifiques de gouvernance du
potentiel humain douanier. Du déroulement du plan de carrière aux critères
sélectifs de nomination, partie intégrée de la notion de performance, la ressource
humaines, selon monsieur Daoudi, devra connaître une autre manière de
traitement, voire une approche moderniste imprégnée de légalité, de
transparence, d'éthique professionnelle et d'égalité des chances.
Les nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC) ne sont pas du
reste en ces journées. En effet l'on saura que l'introduction de ces techniques
connaît des réalisations encourageantes. La mise en place au niveau de
l'administration centrale d'un observatoire de veille chargé entre autre
d'émettre des alertes de fraude en est un exemple édifiant. L'on annonce en fin
de cette conférence, l'organisation justement d'un séminaire portant sur
l'impact des mesures inhérentes aux NTIC et leur interaction au sein des
douanes.
En fait l'informatique
dans cette institution s'inscrit dans une longue histoire. A voir se dérouler
les séquences de l'intervention de monsieur Houri, directeur du CNIS, le
véritable démarrage, de ce levier important dans tout développement,
s'annonçait dès 1993 avec un défi très difficile. L'embarras optionnel à
l'époque devait faire décider l'autorité douanière à faire des choix. Un
dilemme sérieux se serait imposé. Quel type de système fallait-il adopter? Le
système éligible se devait d'être apte à prendre en charge rapidement les
besoins tant internes qu'externes, au titre de la disponibilité de
l'information statistique, de la gestion automatisée de l'activité douanière
notamment dans son volet le plus mis en exergue. Les opérations du commerce
extérieur. Les effets très exigeants de la donne mondialiste étaient déjà aux
portes de toutes les structures opérant dans la chaîne des échanges
internationaux. La douane y était de droit et de fait, à l'instar des
entreprises, des banques, des compagnies de transport, des sociétés
d'assurances et autres services y impliqués. Elle devait agir, au lieu de subir
les contrecoups retardants de l'ouragan mondialiste. Avoir son propre système
ou importer un pack clé en main, fut une difficulté décisionnelle. L'on finira
par trancher pour une résolution typiquement nationale. Ainsi le SYDONIA ou le
SOFI, systèmes informatiques mis en exploitation alternativement par la France
et pratiquement par tous les pays de la zone francophone n'ont pu faire leur
migration vers la douane algérienne. Alors, le SIGAD (système informatique de
gestion automatisée des douanes) vient de naître. Il sortait des entrailles
d'un sous-sol où gisait son géniteur. L'urgence l'emportait sur la commodité.
Mais il est bien de chez nous. Fait par des algériens, destiné à toutes les
nationalités. Son fonctionnement connut progressivement une utilisation
fonctionnelle et géographique d'un degré très appréciable en termes
d'optimalisation de capacités de prise en charge de données. La statistique est
devenu fiable, livrable à temps et utilisable à bon escient. Il était à cette
époque un fleuron dans la technologie nationale, sinon un label de qualité
amorçant au plus haut niveau les débuts applicatifs de ce que l'on commencera à
peine déjà à qualifier de nouvelles technologies de l'information et de
communication. S'il n'était pas parfait, il était perfectible et extensible
disaient à cette date ces initiateurs.
Alors que le
monde économique et commercial continuait son cheminement à une allure rapide,
ce système, éprouvera quelques part une situation d'indétermination à partir de
2OO1, étape pourtant charnière dans la vie nationale et aussi dans l'évolution
des transactions mondiales. Le pays se préparait à l'accord d'association avec
l'union européenne, esquissait les rounds de l'accession à l'OMC et s'ouvrait
davantage avec la venue du président Bouteflika, vers d'autres horizons,
d'autres destinations, vers la coopération universelle agissante. Face a
l'accroissement des actes du commerce et leur multisectorialité, face à la
diversité de l'exigence des opérateurs, Il se trouvait, ce système époumoné
par, outre une indifférence caractérielle et une sous considération, mais
également par un défaut d'attention soutenue et particularisée. L'insuffisance
de débit dans la transmission de données, le lent transport du détail et autant
de soucis de fiabilité, voire de sécurisation, lui préparaient le lit de mort,
au long de querelles inappropriées. Ce serait l'évasion de l'intelligence
décriée en son temps qui allait en finalité lui offrir une belle agonie.
Plus de 30
fonctionnaires entre informaticiens et ingénieurs auraient quitté les rangs de
cette administration entre 2002 et 2006. Le CNIS, géniteur patenté et légitime
du SIGAD serait toujours domicilié dans sa cave de naissance, qui lui en
servirait certainement de stèle tombale. Sarcophage du SIGAD initial.
En 2OO6, le monde
allait encore plus vite. La sphère des relations économiques s'est élargie à
d'autres territoires. La ZALE (zone arabe de libre échange) s'installe dans le
souci douanier de l'automatisation de la gestion de ses rubriques. Les
décisions politiques majeures dans le giron macro-économique seraient prises
selon les diagrammes, chiffres et analyse que fournit périodiquement le CNIS.
Le partenariat étranger a changé et avec, c'est tout l'arsenal juridique
commercial et tarifaire qui devait suivre. Ainsi les pouvoirs publics, pressés
par ailleurs deviennent insistants pour exiger la disponibilité de
l'information en temps réel.
Les statistiques
douanières, après la réaction du gouvernement (commentaire du ministre du
commerce précisant que pour 1dollar exporté, il y 20 dollars d'importé avec
l'UE) commencent à faire réagir le monde politique et parlementaire. (Ouyahia a
été sollicité pour l'abrogation de l'accord avec l'UE par certains députés lors
de la discussion du programme du gouvernement).
L'autorité
chargée du développement informatique au sein de la direction des douanes, se
trouvait à partir de 2007 dans l'impératif technique de devoir à peine de
dépassement, voire d'obsolescence de «dépoussiérer un peu les machines» et
aussi les mentalités. Le patron des douanes, en reconnaissant solennellement
les grands mérites du système en son temps et au delà; dira que si le SIGAD
étendu, continue à assurer ses missions il « doit s'affirmer dans une
actualisation appropriée aux besoins des temps actuels» Le souci impérieux
quant à la révision positive du schéma directeur, tel qu'il est dit lors de ces
journées de conférence; a été ainsi pris comme un point axial du programme de
modernisation 2007/2010. La souplesse, prise comme une phase supérieure aux
procédures de facilitation devait être aussi injectée dans le circuit de la
gestion automatisée de l'activité douanière. La tracabilité tant du mouvement des
marchandises que de l'identification de ce qui en est derrière vient également
de se raffermir pour devenir un leitmotiv. Elle ne peut être par ailleurs
assurée que par un système hautement performant, quoique qu'il sera encore
perfectible et toujours à la recherche d'une mise à niveau.
La version
embryonnaire du SIGAD II se profile déjà dans la tête du premier responsable.
Mais elle s'enlise de sortir au jour. Elle verrait sûrement ce jour; dans un
endroit plus approprié, car préalablement ciblé et obtenu dit-on. Elle promet,
cette version d'ouvrir d'autres segments de prise en charge, de conduire des
solutions optimales et de rendre possible l'intégration de processus à la
demande de l'utilisateur. Elle s'annonce avec la faisabilité de migration, pour
la transmission vers un réseau gouvernemental, échappant de ce fait aux aléas
d'un réseau, artificiellement dit privé. Mais la résistance a la peau dure.
Elle est parfois répétitive et historique quant elle est installée au sein des
périphériques du système. Sinon en son sein.
Le SIGAD II, en
tous cas, comme le fut son ancêtre n'est plus un choix. C'est un impératif
stratégique vital. Une exigence conditionnelle de réussite. Aura-t-il ainsi
l'infime honneur d'inaugurer un nouveau cycle dans la culture informatique et
permettra l'émergence de la douane numérique?
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Posté Le : 28/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com