En dépit des efforts déployés par les agriculteurs, seulement un faible taux est exporté sur une production estimée à près de 11 millions de quintaux.
Les ministres de l’Agriculture et du Commerce ont conjointement donné le coup d’envoi de cette manifestation annuelle, visant à montrer les capacités de production agricole de la wilaya de Biskra, et à booster les exportations de dattes et des produits maraîchers.
Organisé par la Chambre du commerce et de l’industrie (CCI) des Zibans à l’Ecole des sports olympiques d’El Alia, le 3e Salon international de la datte de Biskra (Sidab), prévu du 2 au 4 décembre, a été ouvert, samedi, par Abdelkader Bouazgui, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, accompagné de Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce, et de Ahmed Kerroum, wali de Biskra.
Ces derniers se sont longuement entretenus avec les exposants et les opérateurs et organismes de soutien et d’assurance au secteur de l’agriculture, de l’élevage, de la production des biens d’équipements, des transformateurs, conditionneurs et exportateurs tenant des stands achalandés et séduisants.
A travers cette manifestation annuelle, les visiteurs ont pu constater de visu les immenses progrès réalisés par les agriculteurs locaux en termes de qualité et de quantité des produits agricoles issus de la wilaya de Biskra. Les phœniciculteurs, dont le savoir-faire n’est plus à démontrer, ont présenté des dattes d’une qualité exceptionnelle, au même titre que les artisans faisant dans la transformation des dattes en diverses denrées alimentaires.
Les apiculteurs et les éleveurs ont aussi pris part à cette rencontre commerciale visant à promouvoir les exportations et aussi à étudier les entraves, les obstacles et les difficultés des différents intervenants dans la filière en question. Des ambassadeurs et des représentants consulaires de Tunisie, d’Italie, de Turquie, d’Indonésie, d’Égypte, du Vietnam et de la Corée du Sud ont exprimé leurs désirs de voir les produits agricoles algériens dans les grandes surfaces de leurs pays respectifs.
Un pôle d’excellence agricole
Biskra est le premier pôle de production agricole et de dattes du pays. Elle enregistre 240 milliards de DA de bénéfices en produits agricoles, l’équivalent d’environ 2 milliards d’euros par an. Le secteur agricole national dégage globalement 30 milliards d’euros et si toutes les wilayas du pays produisaient autant que Biskra, le pays engrangerait 100 milliards d’euros, a-t-on appris.
«Les aides et les subventions de l’Etat pour les agriculteurs ne sont pas levées. Les agriculteurs sont accompagnés, soutenus et aidés tout au long du processus de production, de conditionnement et d’exportation de leurs produits. Les producteurs de dattes bénéficient d’un traitement de faveur vu la nature et l’importance de ce produit, comme pour certains produits du terroir exportables. Biskra peut décupler son chiffre d’affaires en matière de produits agricoles. Si nous arrivons à exporter juste la moitié de sa production, nous arriverions à 400, voire 500, millions d’euros de bénéfices. Demain, nous assisterons à la mise en fonction du service de fret de l’aéroport Mohamed Khider de Biskra. Ce service vient répondre à la demande des exportateurs se plaignant de la défaillance, de la logistique et des conditions d’exportation de leurs produits. Ce Salon est l’occasion de discuter et de lever tous les obstacles pénalisant les exportateurs. Je vous rappelle que la datte de Biskra, et notamment celle de Tolga et d’autres communes limitrophes, a été labellisée en 2016», a déclaré Abdelkader Bouazgui au cours d’une conférence de presse.
«Je suis surpris par ce Sidab démontrant la bonne santé de l’agriculture algérienne. En tant que partenaire et opérateur dans le développement des exportations des produits du tourisme, de l’industrie et de l’agriculture nationale, notre département œuvre à faciliter la production et la vente des produits agroalimentaires, comme cela a été fait pour le ciment. Notre balance commerciale peut être mieux équilibrée grâce aux dattes et à ses produits dérivés», a ajouté Mohamed Benmeradi.
Des ambitions affirmées
L’Algérie, qui est le 8e exportateur mondial de cette baie des oasis aux indéniables vertus alimentaires, gustatives, vitaminiques et économiques, compte récolter à l’issue de cette saison 11 millions de quintaux de dattes, dont 20 % de deglet Nour, variété prisée par les consommateurs du monde entier.
On estime le nombre de palmiers dattiers productifs à 18,5 millions de stipes disséminés dans le sud du pays.
A Ghardaïa, Ouargla, El Oued et Biskra, on s’attend respectivement à une production d’environ 580.000, 1.600.000, 2.730.000 et 4.600.000 quintaux de dattes toutes variétés confondues. Seulement de 3 à 4% de cette quantité seront exportés essentiellement vers la France, la Russie et les pays du golfe Persique.
Les efforts consentis par les pouvoirs publics pour soutenir, accompagner et aider les producteurs, les conditionneurs et les exportateurs de dattes semblent donner leurs premiers bons résultats, se félicite-t-on. Ainsi, un dynamisme et un essor nouveaux marquent le secteur de la phœniciculture nationale qui avait été abandonnée à son triste sort après l’indépendance du pays.
Après les hydrocarbures, le secteur agricole est désormais le second pourvoyeur de devises. Initiés par le ministère de l’Agriculture et répercutés par les DSA des wilayas phœnicicoles, dont les agriculteurs ont bénéficié de crédits, de suivi technique et administratif, de facilitations pour être dotés d’électricité, des eaux d’irrigation et de pistes facilitant l’accès aux exploitations agricoles, ainsi que d’un dispositif de lutte contre les ravageurs des palmiers dattiers chapeauté par l’Institut national de protection des végétaux (INPV), les programmes et les mesures pour labelliser la datte algérienne et notamment la deglet nour de 10 communes de la wilaya de Biskra ayant des indications géographiques localisées (IGL) pour leur production de dattes.
Des obstacles à lever
«En dépit d’une importante production avoisinant les 1,10 million de tonnes de dattes, les exportations sont très faibles du fait de dysfonctionnements dans la filière provoqués par des opérateurs occasionnels, par la contrebande et une anarchie et une désorganisation endémique touchant le commerce des dattes en Algérie. 120.000 tonnes de dattes sortent du pays chaque saison, mais seulement 35.000 tonnes sont dûment enregistrées par les organismes concernés. Nous n’avons pas encore les infrastructures et les unités de conditionnement et des moyens d’évacuation de cette production vers l’étranger selon des normes internationales d’efficacité et de continuité. Le manque de moyens logistiques nous empêche de toucher l’Europe du Nord, les pays asiatiques et le continent américain. Pour pénétrer un marché, il faut beaucoup de sérieux, d’organisation et une fidélisation des clients, mais pour le moment, force est de constater que n’importe qui fait n’importe quoi dans le secteur de l’exportation des dattes», relève Youcef Ghemri, président de l’organisation interprofessionnelle nationale des exportateurs de dattes et P-DG de la Sudaco, la seule entreprise publique activant dans l’exportation des dattes.
A noter que des représentants de la Banque mondiale, qui a initié un programme d’aide, de soutien financier et d’appui technique à l’Algérie afin de booster ses exportations agricoles, ont visité ce Salon.
«En coordination avec les partenaires algériens, nous étudions les carences et les obstacles obérant et altérant les exportations des produits agricoles algériens, lesquels doivent s’extirper des marchés essentiellement ethniques et investir les marchés internationaux, car les produits exposés dans ce salon sont incontestablement éligibles à la consommation dans tous les pays du monde. Nous voulons comprendre pourquoi les pays voisins de l’Algérie font mieux qu’elle en matière d’exportation de produits agricoles», a confié Patrick Labaste, économiste spécialisé en agriculture et membre de la commission de la Banque mondiale en visite à Biskra.
Photo: La fameuse deglet Nour de la région a été labellisée en 2016
Hafedh Moussaoui
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Posté Le : 05/12/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Hafedh Moussaoui
Source : elwatan.com du lundi 4 décembre 2017