La Nouvelle-Calédonie vote, aujourd'hui, pour son troisième et dernier référendum sur l'indépendance, sans grand suspense, les indépendantistes ayant décidé de le bouder faute d'en avoir obtenu le report, renvoyant les choix pour l'archipel de l'océan Pacifique à l'après présidentielle française. Au total, 185.004 électeurs calédoniens seront appelés pour la troisième et dernière fois à répondre à la question: «Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante'». Il s'agit d'une étape cruciale d'un processus ouvert en 1988 par les accords de Matignon, à Paris, scellant la «réconciliation» entre les Kanak, premiers habitants de Nouvelle-Calédonie, et les Caldoches, descendants des colons blancs, après des années de tensions et de violences. Dix ans après, l'accord de Nouméa a doté l'archipel d'un statut unique dans la République française reposant sur une autonomie progressive dans le cadre d'un processus de décolonisation. Quel que soit le résultat du référendum, «le jour d'après, il y aura une vie ensemble» avec la France, notamment «compte tenu de la réalité géopolitique de la région», a assuré jeudi le président Emmanuel Macron. La Nouvelle-Calédonie dispose de quelque 1,5 million km2 de zone économique exclusive. Ses ressources minières, notamment de nickel et de cobalt, en font un des premiers producteurs mondiaux. Outre ces richesses, son emplacement stratégique confère à cette collectivité d'outre-mer française une importance géopolitique, du fait de l'importance croissante de la zone indo-pacifique dans les relations internationales.Aux deux précédents référendums, organisés en 2018 et 2020 en vertu de l'accord de Nouméa, le non l'a emporté, avec 56,7% puis 53,3% des suffrages. Cette fois, les indépendantistes ont demandé le report du scrutin à septembre 2022 en raison de l'impossibilité de «mener une campagne équitable» à cause de l'épidémie de Covid-19. Le territoire, qui avait réussi à y échapper en fermant ses frontières début 2020, a été rattrapé par le virus en septembre, avec un bilan de 280 décès, touchant majoritairement les Kanak. Face au refus du gouvernement de reporter le scrutin, les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ont appelé leurs partisans à ne pas aller voter. Le Sénat coutumier, institution qui incarne le pouvoir traditionnel kanak, a demandé jeudi «aux citoyens kanak et aux progressistes calédoniens d'observer une journée nationale de ''deuil kanak'' le 12 décembre 2021 en ne se rendant pas aux bureaux de vote». Son président, Yvon Kona, a également lancé un «appel au calme, pour qu'il n'y ait pas de troubles: chacun est libre d'exercer son droit de vote, on n'empêchera personne de voter». Il répondait ainsi au président de la commission de contrôle du référendum, Francis Lamy, qui a demandé de s'abstenir «de manifestations extérieures qui peuvent s'apparenter à une pression sur l'électeur, soit par exemple pour le dissuader d'aller voter, soit pour voter dans un certain sens».
Les autorités ont déployé un important dispositif de sécurité, qui se veut «rassurant» et «dissuasif», de 2.000 gendarmes, policiers et militaires. De son côté, le camp opposé à l'indépendance a tenté de mobiliser mais redoute un effondrement de la participation par rapport aux plus de 80% de 2018 et de 85% de 2020. «C'est le degré zéro d'une campagne. D'abord à cause des jauges de la crise sanitaire et ensuite parce qu'il n'y a eu aucun débat», se désole Philippe Michel, directeur de la campagne du parti de centre droit Calédonie Ensemble.»Il n'y a pas d'enjeu, le résultat ne fait pas l'ombre d'un doute», estime-t-il. La coalition loyaliste «Les voix du non» a pour sa part lancé un appel au vote massif, rappelant «qu'une élection n'est jamais jouée d'avance». Dans ce contexte, les regards se tournent déjà vers le jour d'après le référendum. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu est d'ailleurs arrivé vendredi à Nouméa pour préparer cette période de discussions. Mais le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi dans un communiqué qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre avant l'élection présidentielle française, en avril 2022. En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le
12 décembre s'ouvrirait «une période de stabilité et de convergence» avant un «référendum de projet» d'ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.
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Posté Le : 12/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com