Algérie

3e festival international du film arabe : Oran insomniaque



3e festival international du film arabe : Oran insomniaque
La première impression d'Oran est que c'est une ville qui ne dort pas. Alors qu'Alger est soumise à une absence totale de vie nocturne, Oran s'éclate joyeusement la nuit. Des familles entières s'installent sur les pelouses passé minuit. Les terrasses de café sont noires de monde jusqu'à plus d'une heure. Sur le Front de mer, des foules errent sans but, juste pour marcher et prendre l'air. Oran : De notre envoyé spécial Oran reste fidèle à la tradition espagnole. Ce rythme nocturne remarquable rend triste à la pensée de la capitale endormie. Tout cela pour dire que la soirée d'ouverture du 3e Festival international du film arabe a revêtu jeudi soir un éclat particulier, un cachet festif, glamour et populaire. La fête était aussi bien dans la rue que dans la salle du théâtre Abdelkader Alloula. Une fête riche en musiques, images, poésies, en parade colorée de stars arabes du cinéma (Yousra a même fait un show superbe sur scène, chantant et dansant avec allégresse). Et puis, il y a eu le grand hommage à Abdelkader Alloula qui a jeté une vive émotion dans une salle archicomble.Très souvent, on peut en témoigner, les soirées d'ouverture de festivals sont ratées. Celle à laquelle on a assisté, à Oran, jeudi, était extrêmement brillante, au rythme soutenu, sans fausse note et l'écho de la musique finale du groupe Gnaoui Djemaoui enchante les oreilles.Place maintenant au début des projections. La compétition démarre avec le film de Abdelkrim Bahloul, Voyage à Alger, produit par Bachir Derraïs, avec Allel Yahiaoui pour la photo et Youssef Tobni pour le montage. C'est une histoire qui se passe à Saïda, la ville de Bahloul, où une dame veuve de martyr part pour Alger et réussit à récupérer ses biens spoliés grâce à l'intervention de Boumediène.Hors compétition, le film très attendu du Tunisien Fadhel Djaziri, Thalathoun (années trente), un sujet de grande envergure sur la vie de trois personnages mythiques de la société tunisienne. Il s'agit du grand poète Belgacem Chebbi, Mhamed Ali El Hamri, fondateur de la première centrale syndicale et Taher Haddad, grand militant des droits de l'homme. Tous trois ont eu des fins tragiques. Ce récit de deux heures d'un metteur en scène aussi chevronné que Fadhel Djaziri est la première tentative d'éclairer l'histoire tunisienne et de montrer le clivage dramatique entre le pouvoir, ses complices de l'administration coloniale et le combat courageux d'hommes et de femmes prêts à sacrifier leur vie pour leurs idées. La Tunisie des années trente conservatrice réactionnaire, insensible aux espoirs de liberté du peuple, n'est pas très différente de la Tunisie aseptisée actuelle.


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