Algérie

38è anniversaire du décès de Ferhat Abbas Un homme aux valeurs universelles



Publié le 26.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Il a apporté sa touche et son style au Mouvement de Libération nationale.
L’Algérie commémore le 38ème anniversaire de décès de Ferhat Abbas, le premier président du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Il est le personnage qui a suscité le plus de polémiques et de débats contradictoires sur son parcours politique durant la période coloniale française. Il a été le reflet d’une situation qui exprimait parfaitement les ambivalences qui caractérisaient la société coloniale à cette époque. Sa vision de nationaliste est quasiment différente de celle qui était développée par le fondateur du PPA, à savoir Messali El Hadj. Il est venu au Mouvement national après des années de doute quant à l’existence de la nation et de la patrie algériennes. Ces questionnements et ces interrogations ont vite été dissipés par ce qu’il a vu concrètement comme pratiques coloniales à l’égard des « indigènes » et le traitement « de faveur » que le colonialisme français réservait aux populations algériennes qui souffraient le martyre sur le plan social et économique.
Ferhat Abbas est connu pour cette longue phrase : «Si j’avais découvert la nation algérienne, je serais nationaliste et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Mais je ne mourrai pas pour la patrie algérienne parce que cette patrie n’existe pas. J’ai interrogé l’histoire, j’ai interrogé les vivants et les morts, j’ai visité les cimetières, personne ne m’en a parlé. Sans doute, ai-je trouvé l’empire arabe, l’empire musulman qui honorent l’islam et notre race, mais les empires se sont éteints. On ne bâtit pas sur du vent. Nous avons donc écarté une fois pour toutes les nuées et les chimères pour lier définitivement notre avenir à celui de l’œuvre française dans ce pays».
Ce jeune a vite changé de camp en se positionnant du côté des « indigènes » qui subissaient les fatras du Code de «l’indigénat». Ferhat Abbas intègre la Fédération des élus musulmans du département de Constantine, et c’est là où il choisit d’écrire dans son organe de presse L’Entente. Son combat contre l’idéologie coloniale s’est manifesté avant la fin des années 30 du siècle dernier. Son évolution rapide de l’attachement des valeurs de la patrie française à la patrie algérienne en optant pour l’exigence de mener des luttes politiques afin d’asseoir l’indépendance de l’Algérie, alors à ses débuts politiques il était un fervent défenseur de l’assimilation et de l’intégration de l’Algérie dans la grande fédération de France. Il était très influencé par l’idéologie maurrassienne, c’est sur cette base que son nationalisme s’est forgé, en sortant définitivement de l’«archétype» colonial qui s’est identifié à travers les valeurs d’une France impériale et conquérante, tous azimuts. Il rappelle, dans son premier livre Le jeune Algérien, sa nouvelle approche et son engagement à la fois envers son pays natal, en soulignant : « Nous sommes chez nous. Nous ne pouvons aller ailleurs. C’est cette terre qui a nourri nos ancêtres, c’est cette terre qui nourrira nos enfants. Libres ou esclaves, elle nous appartient, nous lui appartenons et elle ne voudra pas nous laisser périr.
Le 10 février 1943, c’était une date phare quant à son parcours politique. C’était la date de création des « Amis du manifeste du peuple algérien ». C’était à travers le Manifeste qui a été lancé en 1943, que la « nation algérienne » a été utilisée pour la première fois dans les écrits de Ferhat Abbas.
À partir de cet instant, il signe son divorce avec la France, en rejoignant les nationalistes révolutionnaires qui visaient l’indépendance de l’Algérie sous la coupe du Front de Libération nationale (FLN) et l’Armée de Libération nationale (ALN). Il a intégré le FLN à titre individuel et fait dissoudre l’UDMA, pour se consacrer à la lutte politique dans le cadre d’un front. Il devient président du premier gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) le 19 septembre 1958.
Ferhat Abbas a apporté sa touche et son style au Mouvement de Libération nationale. La marche vers l’indépendance a été périlleuse, mais la sagesse des hommes comme Ferhat Abbas a pu aider à dépasser les clivages et les impasses.
Hocine NEFFAH



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