Algérie

36 prisonniers «asphyxiés», 27 policiers tués, Moubarak presque libre : Escalade en Egypte



36 prisonniers «asphyxiés», 27 policiers tués, Moubarak presque libre : Escalade en Egypte
Vingt-sept policiers égyptiens ont été tués, hier, dont 25 dans un attentat meurtrier dans le Sinaï, foyer traditionnel d'activisme djihadiste qui a connu un fort regain ces derniers mois. Les assaillants ont tiré à la roquette et à la mitraillette contre deux minibus de la police. Les autorités égyptiennes, sans jamais établir de preuves réelles d'une liaison entre les Palestiniens et l'activisme djihadiste au Sinaï, ont, une nouvelle fois, fermé la frontière avec la bande de Ghaza. C'est l'attaque la plus meurtrière contre les forces de l'ordre depuis des années. Le bilan des pertes dans les forces de l'ordre depuis le 3 juillet dernier se chiffre désormais à 73. L'armée a indiqué pour sa part qu'elle a tué 70 terroristes durant cette même période. La veille de l'attaque ce sont 36 détenus, tous des Frères musulmans, qui ont été tués, «asphyxiés» par du gaz lacrymogène alors qu'ils tentaient, selon la version officielle, de s'évader. Ils auraient enlevé un officier de police, selon la version officielle. L'organisation des Frères musulmans a accusé, sur sa page Facebook, le ministère de l'Intérieur de les «avoir liquidés physiquement par vengeance pour leur opposition» au coup d'Etat.Ce «crime odieux», indique l'organisation, suscite les «craintes du peuple égyptien pour ses enfants détenus par le ministère de l'Intérieur et donc le nombre se chiffre par milliers».
«SIX MOIS POUR LIQUIDER OU EMPRISONNER LES FRERES MUSULMANS» !
Il n'y a pas, pour l'instant du moins, l'existence d'un lien direct entre les deux évènements mais ils reflètent bien l'engrenage terrible dans lequel l'Egypte est engagée. Les autorités martèlent, face aux critiques extérieures contre la brutalité de l'intervention des forces de sécurité, que l'Egypte fait face «à un complot terroriste» de l'organisation des Frères musulmans. Ces derniers, qui étaient au pouvoir avant le 3 juillet, sont traqués, réprimés et emprisonnés. Le pouvoir issu du coup d'Etat développe un discours ambigu à l'égard des Frères musulmans. Ils sont promis tantôt à l'éradication et au bannissement politique avec des bémols que ceux qui ne «sont pas impliqués dans les violences» peuvent être partie prenante de la «feuille de route» du général Al-Sissi. Mais dans les faits, c'est la «guerre» à outrance qui leur est livrée, certains au sein de l'armée estiment qu'il y avait une opportunité pour écraser définitivement les Frères musulmans, la plus forte organisation civile du pays. Dans une déclaration au journal Le Monde, un général de police dit brutalement les choses : «Nous sommes 90 millions d'Egyptiens et il n'y a que 3 millions de Frères musulmans. Il nous faut six mois pour les liquider ou les emprisonner tous. Ce n'est pas un problème, nous l'avons déjà fait dans les années 1990.»
AMR ADIB PLUS ECOUTE QU'EL-BARADEI !
Un discours policier effrayant allant allègrement vers la guerre civile. La comparaison avec les années 90 devrait justement pousser à plus de pondération dans les déclarations. Les violences qui ont fait 1300 durant cette période étaient le fait de groupes à dimension restreinte, comme al-Jihad et al-Gamaa al-Islamiya. «Eliminer» les membres d'une organisation qui pèse bien plus que les 3 millions concédés par le général et qui a gagné toutes les élections organisées après la chute de Moubarak est plus que hasardeux. Mais les logiques d'escalade semblent bien l'emporter actuellement en Egypte. Le général Al Sissi est, selon la formule d'un sénateur américain, «grisé par le pouvoir». Les médias égyptiens participent de manière scandaleuse à l'entretien de la haine et de la dénonciation des «étrangers».
Les islamistes ne sont pas en reste. Les appels au calme viennent plus de l'étranger que de l'Egypte où les voix pondérées sont qualifiées, à l'image du traitement réservé à El-Baradeï, de «lâches» ou de «traitres». Dans cette Egypte en route vers le pire, la voix odieuse d'Amr Adib que les Algériens connaissent avec les péripéties footballistiques pèse plus que les discours raisonnables devenus entièrement inaudibles. Les appels ou les pressions extérieures restent minimalistes, l'armée égyptienne étant créditée d'être le meilleur garant de la «stabilité régionale», c'est-à-dire du statuquo actuel en faveur d'Israël. Les Occidentaux tentent de gérer, médiatiquement, une situation où il est manifeste que les droits humains ont été massivement bafoués.
MOUBARAK LIBRE, MORSI EN PRISON
Les Européens se réuniront demain à Bruxelles pour examiner la situation en Egypte et décider d'une «position commune». Il est vaguement question de suspension de l'aide financière, l'UE ayant approuvé fin 2012 un programme de 5 milliards d'euros en faveur de l'Egypte pour la période 2012-2014. Mais le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt a fait valoir que l'aide européenne consiste «principalement à soutenir les organisations de défense des droits de l'homme et des droits des femmes. Ce ne serait pas avisé de la suspendre maintenant».
De son côté, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a indiqué que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Egypte. «Ceux qui ont annoncé l'arrêt de leur aide à l'Egypte ou menacent de le faire doivent réaliser que la nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n'hésitera pas à apporter son aide à l'Egypte». Comme pour confirmer la logique de la «restauration» du système, la justice a décidé de remettre l'ancien président Hosni Moubarak en «liberté conditionnelle». Il ne reste détenu que pour un dernier chef d'inculpation, une autre affaire de corruption, et son avocat compte faire appel. Hosni Moubarak est à deux doigts d'être libéré, Mohamed Morsi reste en prison. L'ordre est en passe d'être rétabli en Egypte.


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