Algérie

32e PRINTEMPS AMAZIGH D'AVRIL 1980


Ambitionnant de reprendre le flambeau de la génération ayant assuré jusque-là le combat pour les libertés démocratiques et les droits de l'Homme, des étudiants d'universités du pays ont décidé de se donner le cadre pour ce faire, en créant le Comité national des étudiants démocrates amazighs (Cneda).
M. Kebci - Alger (Le Soir) - Les initiateurs de ce projet, en gestation depuis quelque temps, n'ont pas omis d'imprimer de la symbolique à leur démarche appelée à s'inscrire dans le temps. Leur premier communiqué a été délibérément daté du 7 avril dernier comme pour rappeler aux présentes générations que la toute première manifestation populaire pacifique dans la capitale a été organisée le 7 avril 1980, sur l'initiative de Saïd Sadi et d'autres militants. Pour Karim Boutata, de Béjaïa, le projet de cette nouvelle entité se décline amplement dans sa dénomination, avec, soutiendra-t-il, comme principal objectif, en fait un défi, de reprendre le flambeau des luttes pour les libertés démocratiques et les droits de l'Homme dans le pays. Un objectif qu'il avouera «ne pas être une partie de plaisir» quoique, reconnaîtra-t-il, «du chemin ait été fait avec les sacrifices de de générations de militants et les acquis engrangés». D'où, poursuivra son camarade de l'université d'Alger, Hamou Merzouk, «la nécessité d'un bilan, surtout, dira-t-il, que nous célébrons cette année, le cinquantenaire de l'indépendance du pays et les 32 ans du Printemps amazigh, qui a posé les jalons des luttes démocratiques dans toute la région nord-africaine ». Un bilan que notre interlocuteur dira avoir vite établi, lui et ses camarades, vu, ajoutera-t-il, «que le régime a réussi l'échec dans un pays pourtant promis à toutes les espérances et destiné pour être un exemple dans le monde en matière d'ouverture, d'acceptation de l'autre et de démocratie». Et à Mansour Nouri de Bouira d'expliquer davantage cet échec, convoquant l'histoire du pays, avec «la confiscation du combat libérateur en juin 1957 et, plus tard, de l'indépendance qui a, selon lui, hypothéqué le devenir de la nation et ouvert la voie à toutes les dérives dont, citera-t-il comme exemples, «la tribalisation de l'Etat, le régionalisme érigé comme mode de gouvernance, la corruption intégrée comme constante nationale, la misère sociale démocratisée puisque gagnant toutes les catégories sociales et le déni identitaire transformé en matrice d'un régime qui use et abuse de la violence et des fraudes électorales pour se perpétuer». Et l'actualité faite de chutes de dictatures dans les pays voisins, lesquels, rebondira K. Boutata, «capitalisant les expériences et le combat de notre peuple, se sont lancés dans la construction démocratique et intègrent la dimension amazighe dans la définition de l'identité de l'Afrique du Nord». Soit, poursuivrat- il, «tout le contraire de nos dirigeants qui demeurent réfractaires à toute idée de changement». Le collectif, qui réitère sa fidélité aux sacrifices de ses aînés, invite la communauté universitaire, la société civile et l'opposition démocratique à cinq marches populaires (Alger, Tizi- Ouzou, Béjaïa, Bouira, Boumerdès), sous les mots d'ordre : «Pour une Algérie démocratique et sociale et pour l'officialisation de tamazight».


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