Le Nigeria a été secoué, hier dimanche, par plusieurs attentats contre
des églises, notamment près de la capitale fédérale du pays, Abuja, où
l'explosion d'une bombe a fait au moins 27 morts et des dizaines de blessés, selon
un bilan provisoire diffusé en milieu de journée.
Ces attaques ont été vite revendiquées par la secte islamiste Boko Haram, qui veut imposer un
état islamique dans le nord du pays, où il a son fief à Maiduguri. Le premier
attentat à la bombe, qui a fait au moins 27 morts, a eu lieu près d'une église
catholique non loin de la capitale du Nigeria. Peu après, à Jos, au centre du
Nigeria et épicentre de violences récurrentes, un policier est mort près d'une
église dans un attentat à l'explosif. Selon des témoins, des tracts menaçant
d'attentats des églises et d'autres lieux avaient été découverts dans la ville
où se côtoient chrétiens et musulmans, il y a deux semaines. Près d'Abuja, la
capitale, l'origine de l'explosion n'avait pas été précisée mais le porte-parole
de l'Agence nationale des services de secours (Nema), Yushau
Shuaib, a dit «soupçonner une bombe». Dimanche matin,
alors que des personnes se trouvaient à l'intérieur de
l'église Ste Theresa de Madalla
pour Noël, une déflagration a fait plusieurs dizaines de morts et le bilan
n'était pas définitif. «Nous avons dans ces trois véhicules (ambulances) 15
cadavres», a dit un secouriste. Selon des témoins, l'explosion s'était produite
à l'extérieur de l'église, sur une route, et non à l'intérieur. Le chaos
régnait autour du bâtiment. Des jeunes en colère ont allumé des feux et menacé
d'attaquer un commissariat de police des environs. Les policiers ont tiré en
l'air pour les disperser et fermé un grand axe routier. Par ailleurs, trois
autres attentats ont secoué le nord-est du Nigeria, ont rapporté des témoins
après les deux premières attaques qui ont visé les églises de Madalla et de Jos. Deux explosions ont été rapportées
dimanche à Damaturu et une
la veille au soir, contre une église à Gadaka. A Damaturu, trois policiers et un kamikaze sont morts dans
l'un des attentats du jour de Noël à Damaturu, dans
le nord-est du Nigeria, a indiqué la police, ce qui porte le bilan total des
cinq attentats dans ce pays à 32 morts. «Trois membres du service sont morts. Le
kamikaze a été tué», ont indiqué dans un communiqué les services de
renseignements de la police nigériane (SSS) après un attentat dimanche qui a
visé leurs bureaux à Damaturu. Les deux villes sont
situées dans l'Etat de Yobe, déjà secoué en fin de
semaine par une vague d'attaques revendiquée par la secte islamiste Boko Haram. C'est également la
même secte qui a revendiqué l'attentat contre l'église de Madalla,
près d'Abuja.
«Nous sommes responsables de toutes les attaques de ces derniers jours, y
compris celle à la bombe contre l'église de Madalla. Nous
continuerons à lancer de telles attaques dans le nord du pays dans les
prochains jours», a déclaré par téléphone à l'AFP un homme affirmant parler au
nom du groupe, Abul Qaqa.
Boko Haram est également responsable, selon ses affirmations, d'une
vague d'attaques sanglantes le 24 décembre 2010, veille de Noël, qui avaient
visé plusieurs églises et, avec les représailles qui avaient suivi, avaient
fait des dizaines de morts à Jos.
Pour le ministre chargé de la police, Caleb Olubolade,
qui s'est déplacé à Madalla, «c'est comme si une
guerre interne avait été lancée contre le pays. Nous devons vraiment être à la
hauteur et faire face», a-t-il déclaré.
LES «AFGHANS» DU NORD DU NIGERIA
Près d'une centaine de personnes ont été tuées au cours de ces dix
derniers jours dans le nord du pays du fait des violences dont sont
responsables les groupuscules de cette secte, qui procèdent par des attentats à
la bombe et attaquent les forces de sécurité ou les militaires déployés dans
les villes du nord du Nigeria. Créé en 2002 par Mohamed Yusuf,
un imam de Maiduguri exécuté en 2009 dans cette même ville par des soldats
après une série de combats sanglants avec l'armée dans le nord du pays, Boko Haram signifie littéralement
«l'éducation occidentale est un pêché». Le mouvement, qui se radicalise entre 2008
et 2009, se dit proche des talibans afghans et, contrairement à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
s'attaque uniquement, pour le moment, aux institutions gouvernementales. C'est
après les combats avec l'armée en juillet 2009 dans le nord du pays que la
secte se radicalise: au moins 1.000 membres de Boko Haram ont été tués lors de ces combats. Le successeur de
Mohamed Yusuf, Sanni Umaru, a lancé dans ces moments de grande violence, le
Djihad au Nigeria. Et, depuis avril 2011, et après la victoire de Jonathan Goodluck (un chrétien), la secte multiplie les attaques et
les attentats dans les villes du nord du pays. La situation dans cette partie
du Nigeria, un riche pays pétrolier de 160 millions d'habitants, est devenue
préoccupante autant pour le pouvoir central à Abuja que dans les pays voisins, Tchad,
Cameroun et Niger d'où transitent les armes à destination du Nigeria.
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Posté Le : 26/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com