Algérie


On voulait le chiffre, on l'a. Hier, 300 personnes, jeunes pour la plupart, se sont rassemblées sur la place des Martyrs pour rendre hommage aux victimes d'Octobre 1988 et pour protester en général contre la façon dont leur pays est dirigé. Ces happy few, minorité heureuse qui s'est sentie en paix avec sa conscience en ce 5 octobre, se sont regroupés pour exprimer une position contraire à celle du régime, d'où les 300. Mais en ce 6 octobre, soit 364 jours avant le 5 octobre prochain, quelle est la différence entre la mobilisation de cette année et celle de l'année dernière ' En octobre 2008, ils étaient 200. Cette année, 300 personnes se sont rassemblées devant des policiers dont l'ordre était d'évacuer tout le monde en prétextant l'état d'urgence. De 200 à 300, un rapide calcul fait apparaître qu'il faudra 20 ans pour atteindre le chiffre de 5000, capacité minimale de nuisance selon la police et base de départ à partir de laquelle le régime commence à négocier au lieu de frapper.Il n'y eut pas 5000 personnes cette année et les policiers, nombreux à la place des Martyrs mais pas pour les mêmes raisons, ont bousculé les manifestants et les ont vidés de la place sans ménagement, en piétinant les martyrs de la place du même nom qui avaient rêvé un jour d'un pays libre. Nouveauté dans cette version 2009, des nouveaux slogans ont apparu : un « Bouteflika Atika, ila liqa le pouvoir » et un étonnant « Toufik assassin, Zerhouni démission », phrase choc dont les policiers ont eu peur, certains transpirant même à l'évocation du nom. Quelle leçon en tirer ' Aucune, puisqu'il s'agissait symboliquement de marcher à Alger, ce que les manifestants ont fait après avoir été chassés par la force de la place, défilant par les rues Bab Azzoun et Abane Ramdane jusqu'à la Grande-Poste. 300 sur 35 millions. Dans un pays si uniforme, mieux vaut faire partie de la minorité que de la majorité.


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