Algérie

30 pays débarquent à Alger



El Bahdja, capitale du monde islamique
Il était temps d'ouvrir le débat sur la nature, le contenu et les objectifs de l'enseignement religieux à l'école dans les systèmes éducatifs des pays musulmans.
C'est dans cette perspective que se déroule aujourd'hui à Alger, la Conférence internationale sur «l'enseignement de l'éducation islamique dans les établissements publics» et à laquelle prennent part plus de 30 pays et instances musulmanes. L'annonce a été faite, hier, par le président du Haut Conseil islamique (HCI), Bouabdallah Ghlamallah, lors d'une conférence de presse, animée hier, au siège du Conseil. Ghlamallah a affirmé que la conférence organisée par son instance, en coordination avec les ministères de l'Education nationale, des Affaires religieuses et des Wakfs et de la Culture. Organisée également en coordination avec le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), avec la participation de six universités algériennes, la Conférence internationale verra la présentation de 42 communications sur la notion de l'éducation islamique, la réalité et les difficultés de son enseignement dans les établissements publics officiels, ainsi que les perspectives de son développement, présentées par des chercheurs en sciences de l'éducation, des académiciens de laboratoires de recherche, des inspecteurs du secteur de l'éducation et de membres des instances chargées de l'élaboration des programmes éducatifs.
Dans un pays comme l'Algérie où l'Islam est constamment sujet à des tensions politiques et à des disputes idéologiques extrêmes, la participation du ministère de l'Education nationale à cette conférence est une réelle avancée en soi. On sait que depuis sa nomination, en 2014, à la tête du secteur de l'Education nationale, la ministre Nouria Benghebrit a fait le consensus des islamistes, des conservateurs et des scories du baâthisme contre sa propre personne. Chez ce conglomérat, Benghebrit pulvérise les records d'hostilité: «D'origine juive», ou «sioniste», ensuite «francophile» et enfin «ennemie de l'identité arabo-musulmane». Une faune qui a fait de l'école son terrain de compétition politique et idéologique. La ministre de l'Education qui a osé parler d'universalisme, de réformes, de rigueur et d'«algérianité» a déchaîné les passions. Mise dans un quasi-état de guerre permanente, elle se retrouve écartelée entre les partisans d'une école moderne et ouverte, face aux défenseurs d'une école qui porte les valeurs de l'«authenticité» arabo-musulmane. Il fallait que cette situation cesse. Les objectifs de la conférence d'Alger s'annoncent ainsi grandioses.
La conférence de deux jours sera couronnée par «la déclaration d'Alger», qui sera adressée à «la nation musulmane», en vue de prôner l'entente et l'unité et refléter la véritable image de l'Islam, un Islam exempt des courants intrus qui veulent l'instrumentaliser dans la mise en oeuvre de politiques qui ne servent pas la religion et encouragent l'islamophobie, en prétendant que l'Islam consacre l'hostilité, l'obscurantisme et l'ignorance», a indiqué Ghlamallah. Les représentants présenteront «les programmes adoptés par plusieurs pays dans l'enseignement de l'éducation islamique pour ne pas confiner le citoyen musulman dans ses frontières nationales et étendre son appartenance au monde islamique», ajoutant que «des parties non musulmanes opposées à l'expansion de l'Islam et à l'aspiration de certains pays musulmans à l'indépendance se cachent derrière ces fausses accusations».
Répondant aux questions des journalistes, le président du HCI a salué le message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de «Yaoum el Ilm», dans lequel il avait appelé à «faire face avec clairvoyance» aux idées «étrangères auxquelles est confrontée l'unité du peuple algérien sunnite», préconisant de ne pas entacher l'Islam, car l'ouverture de l'école algérienne, au lendemain de l'indépendance, a suscité l'accueil d'enseignants de 75 nationalités, dont les idées ont altéré la véritable image de l'Islam, ancré dans notre patrimoine intellectuel tant défendu par Abdelhamid Ben Badis. L'Algérie avait vu également l'apparition d'orientations contraires au nationalisme, a-t-il ajouté. A ce propos, Ghlamallah a affirmé que «l'Algérie ne se soumet pas aux diktats extérieurs pour l'élaboration de ses programmes scolaires». Mais on est déjà dans un débat politique.


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