Pour la énième journée consécutive, la canicule continue à exercer ses ravages dans les Ziban, particulièrement dans le chef-lieu de la wilaya, une agglomération érigée dans une cuvette naturelle, creusée depuis la nuit des temps par les eaux de ruissellement dans le bassin versant du djebel Boughezoul.
Dès 5 heures du matin, c’est l’effet « cocotte minute » qui se met en place, expliquent les Biskris de souche : il fait déjà 30 degrés à l’ombre et le mercure atteindra facilement les 50° à midi. Ces températures excessives seraient dues, selon les services de la météo, à la persistance d’un anticyclone subtropical qui s’est durablement installé sur le Sahara. Il y fait régner des températures infernales : à titre d’exemple, 35° hier à l’ombre et ce dès le lever du jour. Par ailleurs, la météo annonce que selon ses prévisions les plus optimistes, il n’y aurait de changement qu’à partir de la moitié de la semaine prochaine. Tirée sans ménagements de la fraîche torpeur qu’elle croyait durable, la ville est groggy par la fournaise. De plus, le « chergui » venu des fins fonds du grand Sud, « le chalumeau », selon le lexique local de la canicule, calcine les feuilles des arbres, particulièrement celles du ficus, l’arbre à ombre par excellence que le comte Landon a réussi à acclimater, il y a plus d’un siècle, dans son jardin à Biskra et qui par la suite, à l’instar du platane, a commencé à orner et surtout ombrager les parcs — en particulier Djenane El Beylic, un havre de fraîcheur par ces temps de canicule — ainsi que les places et les avenues de la ville. Ses feuilles pourtant persistantes jonchent actuellement le sol et se ramassent à la pelle. Quant à la récolte de dattes, elle serait compromise, selon certains fellahs qui, il est vrai, ne sont guère optimistes. « Dame nature ne nous gâte pas cette année », disent-il amèrement et d’expliquer qu’en plus de la canicule et sa kyrielle de chocs thermiques qui brûlent les stomates des fruits — l’équivalent pour la datte des pores de la peau humaine — et les réduisent à l’état de « hechfa », datte sèche rabougrie, de méchant aspect et qui plus est impropre à la vente, juste bonne à servir de nourriture pour un bétail pas très regardant, ne voilà-t-il pas que le coup de grâce est annoncé par le « boufaroua » qui sévit actuellement dans les localités de Dfil, d’El Hamra et d’El Assel, dans la région de Ouled Djellel, seconde daïra en importance de la wilaya de Biskra. On a beau dire que le dattier est un arbre résistant, il en a par dessus les palmes, cette année ! « La récolte de dattes serait sérieusement menacée et le coup de grâce lui serait asséné si d’aventure le « boufaroua » n’était pas traité en extrême urgence », préviennent les phoeniciculteurs que nous avons interrogés.
Posté Le : 29/07/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Bachir Mebarek
Source : www.elwatan.com