Algérie

30 années au service... du chocolat



Bien mise dans son ensemble bleu marine, les cheveux soigneusement coupés, elle guette les moindres gestes de la vendeuse Nadia. Cette gestuelle qu'elle a elle-même longtemps répétée et qui lui manque tant. Elle, c'est Rabéa Aouali, ex-vendeuse chez Montero. L'échoppe de confiserie portant l'appellation Montero se confond avec l'histoire de la ville d'Alger plus précisément la rue Didouche-Mourad. Adresse emblématique, ce magasin spécialisé dans les produits à base essentiellement de chocolat, a longtemps constitué le point de repère des jeunes gens, des étudiants et des gens de passage. Cette notoriété a été construite tout au long des années depuis 1953, date à laquelle les Ali Yahia ont racheté la confiserie aux Espagnols Montero. Si le produit fabriqué de façon artisanale pour mieux respecter les goûts et faire sortir davantage les saveurs, a été déterminant dans cette réputation, le savoir-faire et l'accueil exceptionnel des vendeuses n'a pas démérité. Parmi elles, Mme Rabéa Aouali. Ses premiers pas dans cette activité, Rabéa les a faits à partir de 1979. « Raymonde Ali Yahia m'a remarquée chez le bijoutier mitoyen à son magasin où je me rendais souvent chez une amie et m'a fait la proposition de travailler comme vendeuse dans cet espace dédié à la confiserie fine. Bien que majeure, j'ai demandé la permission à ma mère qui me l'a accordée ». Depuis, l'aventure a duré plus d'une trentaine d'années durant lesquelles Rabéa a appris le métier de vendeuse, sachant mettre en valeur un produit préparé avec amour par les chocolatiers et autres pâtissiers. « Tel un bijou, nos produits étaient soigneusement mis en vitrine dans des corbeilles finement ciselées. L'emballage est aussi un véritable écrin pour nos pâtisseries après la fameuse boîte blanche nous avons opté pour un papier cadeau bleu. Une fois enrubannée, la boite comporte la griffe de l'échoppe », se rappelle-t-elle. Rabéa se remémore aussi ces interminables files d'attente devant le magasin à l'approche des fêtes de fin d'année pour acquérir la bûche. Même la galette des Rois avait sa place parmi les différents assortiments de chocolat. Les souvenirs resurgissent dans la discussion principalement ses relations avec ses fidèles clients et Mme Ali Yahia. « Nous constituons une véritable famille qui se réunissait chaque vendredi autour d'un couscous à midi et du poisson le soir. Cette entente a été le ciment d'une vie auréolée de bons moments et de reconnaissance venant aussi de la famille des Montero. « Lors d'une visite en 1984, les héritiers Montero nous ont rendus visite et ont été agréablement surpris de voir l'esprit de famille se perpétuer, ce qui nous a valu de grands encouragements ». Aujourd'hui, Rabéa continue à exercer son métier de vendeuse, à travers Nadia Boubedallah « la relève » qui vient de recréer en cogérance un espace similaire à Hydra. « Après la fermeture du magasin d'Alger suite au décès, il y a quatre mois de cela, de Raymonde Ali Yahia, on a souhaité continuer l'aventure avec l'ensemble de l'équipe », confie-t-elle. L'histoire continue dans un éternel chatouillement des papilles.


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