Algérie

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Nacéra Benseddik. Docteur d’Etat en histoire ancienne

Personne n’a le droit de décider de la vie ou de la mort des composantes de notre patrimoine. Les sites archéologiques ont préexisté aux villes et villages modernes. Il est inacceptable que la prolifération métastasique du béton, qu’on appelle «urbanisation», menace l’existence d’ensembles urbanistiques et architecturaux anciens qui constituent les fleurons des brillantes civilisations qui ont fleuri sur le sol africain. Ils sont sous la responsabilité de l’Etat. L’ordonnance présidentielle du 20. 12. 1967 (arts. 1 et 3) en garantissait le caractère imprescriptible, inaliénable et inaltérable. Les sites classés «patrimoine mondial» sont soumis à des contraintes claires, acceptées par l’Etat algérien. Or, la convention de l’Unesco de 1972 recommande, en son article 6, al. 3, que «chacun des Etats-parties à la présente convention s’engage à ne prendre délibérément aucune mesure susceptible d’endommager directement ou indirectement le patrimoine culturel et naturel visé aux articles l et 2 qui est situé sur le territoire d’autres Etats-parties à cette convention». L’urbanisation au sens vrai du terme et la conscience patrimoniale ne sont pas antagoniques. Le patrimoine archéologique est notre Histoire et notre Mémoire, et toute atteinte à son intégrité est une amputation de la mémoire collective de notre peuple.   Mahfoud Ferroukhi. Archéologue

Chaque jour, une phase de l’histoire de l’Algérie que nous ne connaissons pas est effacée à jamais par les bulldozers. Effectivement, le développement des aménagements publics et privés liés à la modernisation du territoire entraîne actuellement la destruction systématique d’indices archéologiques et de monuments, dans certains cas très importants. Le grave problème auquel nous sommes confrontés est cette impossibilité totale de concilier les opérations d’aménagement urbain et la protection du patrimoine archéologique. D’un côté, la nécessité de construire des logements nouveaux et des zones d’activités socioéconomiques, et de l’autre, le besoin impératif de mieux connaître le passé de la nation grâce à l’archéologie. Nous ne pouvons pas fossiliser la société. Et donc : faut-il continuer à paralyser tous les travaux de construction au risque de se faire refuser définitivement l’accès à l’information comme c’est le cas aujourd’hui ' Comment concilier les opérations d’aménagement urbain et la protection du patrimoine archéologique national ' Faut-il tout garder ' Grand dilemme auquel l’Etat et les aménageurs, au premier rang desquels les collectivités locales, sont confrontés.   Abdelnasser Chiker. Ingénieur et archéologue

Il faut savoir que les contours qui définissant le concept «patrimoine» sont en perpétuel mouvement. La ville est par essence en dynamique, par le fait du développement démographique incessant, ceci engendre un mouvement croissant du mouvement urbaniste et architectural au vu des besoins impératifs et du rythme de cette dynamique. L’extension de la ville s’est faite et se fait toujours au détriment de quelque chose, d’abord de la campagne, donc du patrimoine rural, du patrimoine naturel (faune, flore...). Il faut donner la possibilité aux êtres qui l’occupent de créer leur propre patrimoine et surtout arrêter avec le dogmatisme du tout patrimoine, notion élaborée depuis la renaissance et développée avec l’apparition de la culture industrielle et l’avènement de la révolution française. Le patrimoine doit être propriété de tous et pas uniquement d’une certaine frange de la société, il appartient aux êtres d’aujourd’hui, donc à la cité des vivants.


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