Ce sont trois femmes dans une détresse extrême qui devaient, hier, quitter les logements qu?elles avaient squattés en désespoir de cause. Des logements sociaux vacants depuis des années. Force est à la loi, a statué la justice. Ce sont des femmes divorcées pour l?une et les deux autres en voie de l?être par des époux qui les ont abandonnées pour, en partie, à cause d?une histoire de logement. Elles et leurs 19 enfants sont une nouvelle fois jetés à la rue, eux qui viennent de goûter au bonheur d?être sous un toit décent, dans un logement même sans eau, même sans électricité. Ils vont retrouver les regards indifférents ou inutilement apitoyés des passants. Cette énième mise à la rue en période d?examens scolaires ne va pas arranger le cahoteux parcours scolaire des enfants. Il est même plus que compromis par le cauchemardesque nomadisme d?un habitat précaire vers un autre. Pis, leur innocence violée, le traumatisme affectif et psychologique ainsi que l?infamie des adultes sont en train de paver copieusement leur inévitable fourvoiement sur les sentiers d?une triste destinée. « Et dire que Béni Saf concourt actuellement pour décrocher, auprès de l?UNICEF, le label de ville amie des enfants ! Mais, au fait, que fait la fondation de défenses des droits de l?enfant de Béni Saf ? Les sommes colossales qu?elle a dépensé dans l?organisation de colloques, n?auraient-elles pas été plus judicieusement employées à construire une institution d?accueil ? », nous interpelle un Béni Safien. La présidente de la dite association était injoignable toute la journée d?hier. La veille au soir, la plus grande des filles a échappé à un kidnapping par une bande de voyous, des canailles enhardies par le fait de n?avoir affaire qu?à des femmes sans défense, des mères de famille dont les histoires sont d?une tragique banalité. Samira, 32 ans, a 4 enfants après 12 années de mariage. Son dernier, elle l?a eu sous les escaliers du bâtiment squatté, après une descente des représentants de l?autorité. Beni saf amie des enfants ? L?été, après avoir été mise dehors par sa belle famille, elle l?a passé sous une tente, sur la plage, avec ses enfants. Son époux a demandé le divorce et s?est remarié. Elle, le froid venu, a vagabondé avec eux sous des gîtes de fortune. Djamila a 42 ans et 5 garçons à charge. Divorcée depuis 10 années, l?habitat précaire qu?elle occupait depuis sa répudiation a été rasé « sur sa tête » par un bulldozer. Aïcha a 36 ans et ? 9 enfants à élever seule. Elle accompli son devoir de mère avec courage, à faire comme ses deux campagnes les travaux les plus pénibles et les plus mal rémunérés. Après 17 années de mariage, et pour le malheur d?être une femme sans quelque puissance tutélaire pour l?épauler, elle se retrouve seule face à l?adversité. Du côté de l?APC, l?on se dit désarmé. La commune vient de bénéficier de 240 logements dont le chantier est en cours. Mais alors, les 7 logements sociaux vacants ? L?un est un logement d?astreinte pour un secrétaire général de commune que la tutelle n?a pas encore nommé. Et les autres ? Ils ont été affectés à des organismes et des institutions en vertu des textes mais ils demeurent inutilisés. Le directeur de l?OPGI n?y peut rien, répond-il. Pour le chef de daïra, force doit rester à la réglementation, même s?il se dit prêt à étudier en priorité le cas des squatteuses, lorsque les 240 logements sociaux seront réceptionnés. « Mais auparavant, il faut qu?elles reviennent là où elles étaient avant. »
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 27/05/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. Kali
Source : www.elwatan.com