Le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, chargé de la communication, M. Gaceb Mostepha a indiqué, jeudi dernier à Alger, que quelque 3.000 médecins algériens sont «exploités» dans des hôpitaux français et exercent des métiers subalternes à cause de l'absence d'un accord de réciprocité entre les deux pays. Intervenant en marge de la VIème rencontre nationale d'éthique et de déontologie médicales organisée à l'hôtel El-Aurassi, M. Gaceb expliquera que cette situation est due principalement à la législation française qui stipule dans ce cas de figure qu'en l'absence d'un accord, le médecin qui ne dispose pas de la nationalité française ne peut pas être inscrit à l'ordre des médecins français et du coup interdit d'exercer le métier dans l'hexagone. Nombre de ces médecins algériens qui sont partis à la recherche d'une vie meilleure et parmi eux d'éminents chirurgiens sont réduits, dira le vice-président du Conseil national de l'ordre des médecins, à travailler comme des «veilleurs de nuit» et dans les meilleurs des cas à exercer en qualité d'infirmiers alors qu'ils sont bardés de diplômes. Parallèlement à cela, les médecins français quant à eux malgré l'absence de cet «accord de réciprocité» ne trouvent aucune peine pour venir et exercer en toute illégalité en Algérie. Selon notre interlocuteur, certaines cliniques privées algériennes n'hésitent pas à faire appel le temps d'un week-end à des chirurgiens français pour pratiquer des interventions sans aucun suivi du malade après. M. Gaceb Mostepha interpelle les autorités algériennes à se pencher sérieusement sur ce «phénomène» et à appliquer la politique de réciprocité, d'autant plus que la législation algérienne de son côté précise clairement que le médecin qui n'est pas inscrit sur l'ordre des médecins algériens ne peut pas exercer et encore moins pratiquer des interventions chirurgicales en Algérie. «La réciprocité doit être de mise», a déclaré pour sa part le président du Conseil national de l'ordre des médecins, le Dr Bekkat Berkani Mohamed, lors d'une conférence de presse animée en marge du congrès en soulignant qu'il faut absolument protéger les intérêts de la médecine algérienne. Selon le vice-président, chargé de la communication M. Gaceb, la circulaire N° 25 du 24/09/2007 du ministère de la Santé parle de l'organisation des cliniques privées et qui donne le droit au Conseil de l'ordre des médecins de moraliser la profession, et d'ajouter qu'il faut impérativement organiser des rencontres pour mettre en application la circulaire et mettre un terme à la présence illégale des chirurgiens étrangers qui, dit-il, prennent des devises et s'en vont sans aucune déclaration. M. Bekkat, pour sa part, plaide pour l'organisation d'assises nationales sur la santé afin de mettre en place une politique de santé pour les vingt prochaines années et cela, avec la participation de toutes les parties concernées, à savoir le ministère de la Santé, les syndicats et l'ensemble des praticiens. La révision du code de déontologie, qui date de 1992 et dont des articles sont aujourd'hui dépassés, s'avère être une priorité, soutient M. Bekkat qui déplore le fait que 10 % des médecins algériens (Ils sont 36.000 à travers le pays), ne sont toujours pas inscrits au Conseil de l'ordre. La séparation des trois professions médicales (Médecine, chirurgie dentaire, pharmacie) doit constituer l'une des priorités du Conseil national de l'ordre des médecins, a indiqué M. Bekkat en soulignant qu'il faut « individualiser le code des médecins » par la mise en place d'un code spécifique au médecin. La réforme du code d'éthique et de déontologie, soutient M. Bekkat, remettra sûrement de l'ordre dans la profession notamment le problème des malades qui sont « détournés » du secteur public vers le secteur privé. «Le détournent de malades vers le secteur privé est intolérable » se cabre le président du Conseil national de l'ordre des médecins en soulignant qu'il est temps de prendre des décisions. «L'espace public doit être en amont et les cliniques privées en aval », a déclaré M. Bekkat qui fera savoir qu'il existe assez de praticiens pour redorer son blason au secteur public qui a perdu, dit-il, la confiance des citoyens qui sont de plus en plus nombreux à s'adresser aux cliniques privées qui sont, poursuit-t-il, mieux équipées en matériels techniques. Il faut noter que cette sixième rencontre nationale d'éthique et de déontologie médicales a vu la participation de plusieurs spécialistes algériens et étrangers notamment de Tunisie, de France et de Belgique. «L'histoire de la responsabilité médicale et son évolution à travers les siècles», «la responsabilité civile et pénale du médecin», «le secret médical », «la médecine parallèle», «le tarif de référence du médicament , «la bioéthique» sont autant de sujets qui ont été abordés en présence des médecins mais aussi des magistrats, avocats et députés. Le Conseil national de l'ordre des médecins a recensé, avons-nous appris, quelque 500 plaintes déposées au niveau de la justice contre des praticiens de la santé.
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Posté Le : 24/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com