Deux attaques, attribuées par les autorités syriennes à des «terroristes»,
ont fait au moins 27 morts et 97 blessés, hier samedi à Damas, au moment où un
diplomate annonçait que l'Arabie Saoudite envoyait du matériel militaire aux
déserteurs de l'Armée syrienne libre (ASL). Vendredi, l'émissaire international
Kofi Annan, qui a qualifié
les réponses de Damas à ses propositions de médiation de «décevantes», a
annoncé l'envoi d'experts pour négocier la mise en place d'une mission
d'observation. Ces experts, attendus dimanche à Damas, doivent finalement
arriver lundi. Alors que la communauté internationale a jusqu'à présent échoué
à parvenir à un accord pour faire cesser les violences qui ont fait, selon des
militants, plus de 9.000 morts en un an de révolte, l'Arabie Saoudite et le
Qatar avaient appelé à armer les rebelles, une idée rejetée par de nombreux
pays. Un diplomate arabe a annoncé hier à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat,
que «du matériel militaire saoudien» était en route pour la Jordanie afin d'»équiper
l'ASL». Il n'a pas fourni de précisions sur ce matériel.
L'Arabie Saoudite est très critique du régime de Bachar
Al-Assad. Mercredi, elle avait annoncé la fermeture
de son ambassade à Damas et le rapatriement de ses diplomates pour protester
contre sa répression. Hier, en début de matinée, l'explosion de deux voitures
piégées a fait 27 morts, en majorité des civils, et 97 blessés à Damas, selon
la chaîne officielle Al-Ikhbarya, qui a également
évoqué «trois corps déchiquetés» sans préciser s'ils étaient inclus dans le
total des morts. «L'Arabie Saoudite nous envoie des terroristes!», ont affirmé
des témoins interrogés par la télévision d'Etat. «Mes parents sont blessés, notre
maison a été détruite. C'est ça le message des pays arabes? (...) Montrez au
monde ce qui se passe», a encore lancé un habitant. Plusieurs analystes invités
sur le plateau de la télévision syrienne ont accusé l'Arabie Saoudite et le
Qatar d'avoir une responsabilité «politique, juridique et religieuse» dans ces
attentats. Selon la télévision officielle, les explosions visaient deux centres
de la police et des renseignements. Sur les premières images diffusées sur la
télévision officielle, on pouvait voir un corps calciné à bord d'une voiture
encore fumante, présenté comme celui d'un «terroriste». Le sol était couvert de
flaques de sang et des colonnes de fumée s'élevaient d'un bâtiment, dans un
chassé-croisé d'ambulances. La chaîne a ensuite montré un immeuble détruit
ainsi que plusieurs véhicules soufflés par l'explosion. Le ministre français
des Affaires étrangères, Alain Juppé, a condamné «avec fermeté» les deux
attentats, ainsi que «tous les actes de terrorisme qui ne peuvent se justifier
en aucune circonstance». Depuis fin décembre, plusieurs attentats avaient déjà
fait des dizaines de morts en Syrie, essentiellement à Damas et à Alep, les
deux plus grandes villes du pays. Autorités et militants anti-régime se sont
renvoyé la responsabilité de ces attaques. A Genève, l'émissaire de l'ONU et de
la Ligue arabe,
Kofi Annan, a estimé
vendredi que les réponses syriennes à ses propositions étaient «décevantes». «M.
Annan a décidé d'envoyer une mission à Damas pour
discuter des modalités d'un mécanisme d'observation et d'autres étapes
pratiques pour mettre en place (...) certaines de ses propositions, incluant un
arrêt immédiat de la violence et des tueries», a annoncé Ahmed Fawzi, porte-parole de M. Annan. Ces
experts partiront lundi de Genève et de New York pour rejoindre la Syrie, a-t-il précisé hier. Pour
la première fois, l'ONU doit participer ce week-end à une mission d'évaluation
des besoins humanitaires en Syrie, sous la direction du gouvernement. Sur le
plan politique, cinq groupes de l'opposition ont annoncé à Istanbul la
fondation d'une nouvelle coalition, indépendante du Conseil national syrien (CNS),
qui ambitionne de regrouper la plupart des courants de l'opposition, confirmant
les difficultés des opposants à former un front uni.
Parallèlement aux attaques
perpétrées à Damas, deux policiers et quatre civils ont péri hier en Syrie, au
lendemain de la mort de 18 personnes à travers le pays. Dans les provinces d'Idleb et de Homs, où l'armée a récemment repris deux
bastions de la rébellion au prix de pilonnages dévastateurs, les militants ont
affirmé qu'un «calme relatif» était revenu. Dans le même temps, l'Irak a
«informé» l'Iran qu'il ne tolèrerait pas le transit par son territoire ou son
espace aérien d'armes destinées à la
Syrie, après que Téhéran a annoncé avoir envoyé de l'aide
humanitaire en Syrie, une cargaison dont les Etats-Unis estiment qu'il pourrait
s'agir d'armes.
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Posté Le : 18/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : R N
Source : www.lequotidien-oran.com