Sauf imprévu de dernière minute, les Maliens éliront aujourd'hui, parmi les 27 candidats dont une femme et quatre anciens Premiers ministres, leur président de la République. Réussiront-ils à tourner la page tumultueuse de l'année écoulée et renouer avec la stabilité qui faisait autrefois la réputation de leur pays en Afrique de l'Ouest ' Si aucun n'obtient plus de 50% des voix, un second tour sera organisé le 11 août. Ce scrutin, censé mettre un terme à la plus grave crise de l'histoire récente du pays - en un an et demi, un coup d'Etat, une occupation des deux-tiers de son territoire par des groupes terroristes et une intervention armée étrangère - sera surveillé de près par la communauté internationale. Elle a déployé sur le terrain plus de 500 observateurs et 9500 soldats dont 6300 Casques bleus. Il doit, selon le gouvernement intérimaire qui a réussi la prouesse de distribuer en un temps record 85% des 6.876.000 cartes d'électeur, sceller la « réconciliation » entre les Maliens et rétablir la légitimité constitutionnelle. Une mission quasi impossible. Surtout quand on sait que la situation à Kidal reste encore floue. Certes pour permettre cette élection, Bamako et le Mouvement national de libération de l'Azawad ont signé dans la précipitation, le 18 juin à Ouagadougou (Burkina Faso), un accord prévoyant un cessez-le-feu, un déploiement progressif de l'armée malienne et un cantonnement des combattants touaregs sur des sites de regroupement. Sans plus. De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer le calendrier de cette élection. Certains pour sa coïncidence avec le Ramadhan et la saison des pluies. D'autres pour la sous-estimation des embûches et les conséquences de cette précipitation sur la légitimité du prochain président. Un prétendant bien placé, - il a été le principal négociateur à Ouagadougou avec les islamistes et les Touaregs -, Tiébilé Dramé, s'est retiré de la course pour dénoncer, entre autres, le maintien de cette date. En attendant, deux candidats se dégagent à l'issue de la campagne de trois semaines qui s'est déroulée sans incidents majeurs : Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, 69 ans, l'ex-Premier ministre et ex-président de l'Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keïta, et Soumaïla Cissé, un ingénieur de 63 ans, ex-ministre des Finances et ancien responsable de l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Le premier semble bien parti pour faire la différence dès le 1er tour : il a reçu un soutien de poids, celui du Haut-Conseil islamique qui exerce une grande influence au Mali où 95% de la population sont musulmans. Modibo Sidibé, un autre ex-Premier ministre, 60 ans, pourrait réaliser un bon score et se positionner pour d'éventuelles alliances. Surtout si Soumaïla Cissé opte pour une protesta. Il fait état, depuis une semaine, de l'existence de 1.900.000 cartes sans photos. Il a affirmé, lors d'un meeting à Bamako, avoir « de grandes inquiétudes sur des risques de fraudes généralisées » à ce scrutin qui pourrait enregistrer un faible taux de participation. Il dit avoir saisi l'ONU. L'ICG prévient. Si les résultats sont contestés, ce scrutin pourrait être chaotique et le président élu n'aura pas « la légitimité nécessaire » pour remettre sur pied le pays.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 27/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Boukrine
Source : www.horizons-dz.com