Algérie

26% des Algériens veulent quitter le pays



26% des Algériens veulent quitter le pays
Le Centre arabe de recherche et d’études politiques (Carep), basé à Doha, a par le biais d’un sondage établi les courants et les différents mouvements qui agitent le Monde arabe. Les interviewés algériens ont été interrogés de la période du 15 au 27 mai 2011 pour déterminer les tendances des aspirations et des déceptions des Algériens.


Le Centre arabe de recherche et d’études politiques a interrogé les citoyens du Monde arabe sur leur vie, leurs aspirations et leurs déceptions. Voulant jauger la température d’une région en ébullition, le sondage a pour ambition de définir l’opinion publique arabe. Le résultat est plutôt intéressant : l’on apprend, entre autres, que 18% des Algériens sont très satisfaits de leur vie et que si la majorité perçoit des salaires qui couvrent leurs besoins élémentaires, beaucoup ne parviennent pas à faire des économies. Sur le plan politique, l’indice 2011 du Centre arabe met en exergue le divorce entre le gouvernement et les Algériens dont une bonne partie est prête à céder aux sirènes des islamistes.


Des revenus insuffisants


Selon le sondage du Centre arabe, 18% des Algériens sont très satisfaits de leur vie. C’est l’une des moyennes les plus faibles du Monde arabe avec la Palestine (17%) et l’Irak (2%). Les Saoudiens, les Mauritaniens et les Soudanais sont ceux qui expriment le plus leur contentement. Au total, 30% des Arabes sont très satisfaits de leur vie. La question des salaires, au cœur de nombreux bras de fer entre les syndicats autonomes et le gouvernement, a également été évaluée par le Centre arabe de recherche. En général, les Algériens se disent plutôt satisfaits de leur situation financière : 14% sont très satisfaits, 48% sont relativement satisfaits, 27% relativement insatisfaits et 11% insatisfaits.Près de 21% des Algériens estiment que le revenu familial suffit à couvrir leurs besoins et qu’ils parviennent à faire des économies. Mais 43% (la grande majorité) perçoit des salaires qui ne lui permettent pas d’épargner. Pire, 32% ont des revenus qui ne couvrent pas leurs besoins et ne suffisent pas à faire des économies. L’Algérie figure parmi les pays les moins sûrs, de l’avis même de ses habitants. Seulement 16% des Algériens se sentent à l’abri du danger dans leur domicile (soit la même moyenne qu’en Palestine), 53% considèrent que leur lieu de vie est relativement sûr. Les havres de quiétude, d’après les Arabes, ressemblent à la Jordanie (72% de ses habitants s’y sentent à l’abri du danger), l’Arabie Saoudite (53%) et – ô surprise – la Mauritanie (61%). Les années de sang qu’a connues l’Algérie ont laissé des traces. A peine 10% des Algériens sont satisfaits du niveau de sécurité de leur pays, 49% sont relativement satisfaits et 12% sont insatisfaits.


2% des Algériens s’impliquent dans la politique


Le sondage montre le peu d’intérêt qu’ils consacrent à la chose politique.
A peine 5% des Algériens sont satisfaits de la situation politique de leur pays. Le désappointement est visible dans beaucoup de pays arabes, à l’exemple du Maroc (4% satisfaits). Mais la palme d’or revient au Liban, où 81% de la population est mécontente. Seule la monarchie saoudienne semble trouver grâce aux yeux de son peuple. La situation économique de leur pays n’agrée pas non plus les Algériens. Seulement 6% de la population algérienne se montre enthousiaste quant à la politique économique de leur pays. Dans tout le Monde arabe, ce sont les Algériens qui accordent le moins d’importance à la chose politique. Seuls 2% se sentent impliqués dans les affaires politiques de leur pays, contre 24% de Soudanais, 21% d’Egyptiens, 15% de Marocains et 9% de Tunisiens. Et si dans tous les pays arabes, la télévision est perçue comme la source d’information la plus crédible, les Marocains et les Algériens croient plus en la presse écrite et Internet.


Algériens et Tunisiens redoutent la nouvelle Libye


Parmi les pays qui menacent la tranquillité des pays arabes figure en bonne place Israël (28% des votants du Monde arabe) et les Etats-Unis (8%). Les Algériens redoutent particulièrement le pays de l’Oncle Sam.
Le conflit du Sahara occidental alimente l’inquiétude des Marocains, dont 51% considèrent que les pays arabes voisins représentent une menace pour leur sécurité.
Les Algériens et les Tunisiens craignent beaucoup plus, à en croire le rapport du Centre arabe de recherche, la Libye nouvelle issue du conflit armé et de l’intervention de l’OTAN.
Parmi les Algériens interrogés, 45% considèrent que le Monde arabe représente une seule nation dont chacune a sa spécificité et 68% estiment que le partenariat arabe-arabe est trop faible et qu’il devrait être intensifié. Près de 79% des Algériens sont en faveur de la libre circulation des personnes dans tous les pays du Monde arabe et 71% vont jusqu’à prôner l’adoption d’une monnaie unique dans le Monde arabe.


89% des Algériens pour la chute de Moubarak


Pas moins de 87% des Algériens ont soutenu la chute du président Ben Ali en Tunisie. A leurs yeux, la révolution tunisienne a éclaté en raison de la corruption (19% des répondants), de la répression des libertés (12%) et de l’injustice (14%).
La révolution égyptienne a eu l’adhésion de 89% des Algériens, soit un peu plus que les Egyptiens eux-mêmes (87%).
92% des Algériens s’opposent à l’héritage du pouvoir

La définition algérienne de la démocratie se confond avec les libertés politiques et civiles (41%), l’égalité et la justice entre les citoyens (22%), un système de gouvernement démocratique (5%) et l’amélioration de la situation économique (2%).
Près de 30% des Algériens considèrent qu’un système démocratique, s’il comporte des défaillances, reste le meilleur mode de gouvernance. Cette idée semble mieux ancrée au Liban (59%), en Mauritanie (45%) et au Soudan (37%).
Pas moins de 92% des Algériens s’opposent à l’héritage du pouvoir dans une république. Au total, 62% ne font pas confiance à leur gouvernement, 31% désapprouvent l’Assemblée populaire nationale (APN) et 19% ont perdu la foi quant à leurs représentants locaux. Aussi, 21% des Algériens considèrent que la politique extérieure de leur pays ne les représente pas.


48% accepteraient un parti islamiste au pouvoir


Dès lors qu’il s’agit d’accepter le jeu de la démocratie, les Algériens se montrent moins enthousiastes : 42% des Algériens se disent prêts à accepter l’arrivée au pouvoir d’un parti avec lequel ils ne sont pas d’accord.
C’est beaucoup moins en comparaison avec d’autres pays arabes, comme la Mauritanie où 83% de la population est prête à accepter le choix des urnes quel qu’il soit.
Vingt ans après l’arrêt du processus électoral, 48% des Algériens se disent disposés à accepter un parti islamiste à la tête de l’Etat, s’il reçoit assez de voix pour le porter au pouvoir. Les partis laïcs ont moins la cote : seulement 38% des Algériens accepteraient au pouvoir un parti qui prône la séparation de la politique et la religion.


Des Algériens au-dessus de la loi ?


La propagation de la corruption inquiète 51% de la population algérienne. Près 56% considèrent que l’Etat applique la loi, mais ils le soupçonnent de ménager une partie de la population. 31% soulignent que certains citoyens seraient, à leurs yeux, au-dessus des lois.
Pour le reste, 16% des citoyens algériens sont très satisfaits des prestations de santé publique de leur pays et les cours dispensés dans les écoles publiques sont appréciés par 13% de la population algérienne.


26% des Algériens rêvent d’émigrer


Près d’un quart des Algériens souhaitent s’installer à l’étranger. Le chiffre est beaucoup plus important au Soudan, où 50% de la population souhaite émigrer et au Liban l’envie de partir taraude plus de 30% de la population.


Principal critère pour le mariage : La religion


La religion tient une place particulière dans la vie des Algériens :
13% estiment que les postes-clés dans le gouvernement devraient revenir à des hommes pratiquants et 18% préfèrent conclure des affaires (commerciales ou autres) avec des musulmans pratiquants.
Selon le Centre arabe de recherche, la religion représente le critère le plus important pour un mariage : 40% des Algériens choisissent ainsi leur partenaire pour la vie en fonction de sa religiosité, 23% jugent sa situation financière et 14% son niveau intellectuel.


Un indice 2011 pour prendre le pouls de l’opinion publique arabe :

Les études sur les peuples des pays arabes s’intensifient. Après le baromètre 2011 publié récemment, le Centre de recherche arabe et d’études politiques, basé à Doha, tente, à son tour, de décrypter les courants et les différents mouvements qui agitent la région.

A travers un sondage ayant concerné 12 173 personnes venant d’Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Soudan, Palestine, Liban, Jordanie, Irak, et Arabie Saoudite, le Centre arabe de recherche met ainsi en place le premier indice du Monde arabe.

Une expérience qui devrait être renouvelée annuellement. Les interviewés algériens ont été interrogés du 15 au 27 mai 2011.



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