250 millions de personnes espionnées secrètement par la NSA avec 10 puissants programmes

Le tribunal d'appel de New York dans un document de 97 pages estime que le fameux «article 215» de la loi Patriot Act, votée en trois jours après les attentats du 11-Septembre visait à faciliter la surveillance des personnes suspectées de terrorisme, notamment sur internet.La NSA a dépassé ses limites en collectant en permanence des millions de «métadonnées» des appels téléphoniques passés aux Etats-Unis, c'est-à-dire leur durée, leur localisation, le numéro appelé, l'horaire, mais pas leur contenu. Une plainte avait été déposée début mai 2015 par l'American Civil Liberties Union, un puissant groupe de défense des libertés publiques, contre la National Security Agency NSA. Les défenseurs des libertés estiment que ce programme constitue une violation massive de la vie privée sans aider outre mesure à contrer le terrorisme. Les métadonnées collectées par la NSA peuvent fournir des informations personnelles considérables, sur les «affiliations civiques, politiques ou religieuses d'une personne, ou encore si elle a eu et quand elle a eu une relation amoureuse», a souligné le tribunal qui a ajouté que le gouvernement défie tout principe de limitation car il pourrait également collecter toutes les autres métadonnées du secteur privé, y compris celles des bilans financiers, de santé, et des communications électroniques y compris les emails et les informations des réseaux sociaux de tous les Américains. Le président américain plaide pour un mécanisme alternatif visant à préserver les capacités essentielles du programme sans que le gouvernement puisse conserver les données, a rappelé jeudi Edward Price, secrétaire adjoint chargé de la presse au Conseil national de sécurité de la Maison Blanche. Le programme de collecte de données fait l'objet de plusieurs plaintes. En 2013, un juge fédéral à Washington avait mis en doute sa constitutionnalité estimant qu'il portait «atteinte à la vie privée» sur la base d'une technologie «quasi-orwellienne». Sa décision est contestée en appel. Dix programmes d'espionnage utilisés par des agences de renseignements La surveillance de masse sur Internet est basée sur des logiciels, indique Sherif El sayed Ali, directeur adjoint du programme Thématiques mondiales d'Amnesty international comme le muscular utilisé par la NSA qui intercepte les données des utilisateurs qui passent entre les serveurs de Google et Yahoo. Entre décembre 2012 et janvier 2013, Muscular a recueilli 181 millions d'enregistrements. Google a désormais renforcé la sécurité entre ses serveurs. Optic Nerve, un programme qui a été lancé en 2008, a permis d'accéder secrètement à des discussions instantanées par webcam sur Yahoo. En l'espace de six mois en 2008, il a espionné 1,8 million d'utilisateurs de Yahoo et enregistré une image fixe par utilisateur toutes les cinq minutes que la caméra était allumée. Mystic qui est aussi utilisé par la NSA espionne tous les appels téléphoniques passés dans cinq pays cibles. Aux Philippines, au Kenya et au Mexique, Mystic enregistre «seulement» les métadonnées (qui a appelé qui, quand l'appel a eu lieu, sa durée et depuis où, si l'appel a été passé sur un portable). En Afghanistan et aux Bahamas, il enregistre la teneur de chaque appel passé et conserve ces informations pendant 30 jours. En tout, les appels téléphoniques de 250 millions de personnes sont secrètement surveillés par la NSA. Opération socialist est un programme utilisé par le GCHQ qui a pris pour cible Belgacom, le plus grand opérateur belge de télécommunications, à l'aide d'un logiciel espion nommé Regin, un programme malveillant conçu pour s'infiltrer dans les réseaux de Belgacom. Le but de cette opération de piratage était d'espionner les téléphones et les internautes utilisant le réseau de Belgacom, souligne-t-on. La NSA utilise aussi Gemalto qui est le principal fabricant de cartes SIM du monde ; il en produit deux milliards par an. Il a 400 partenaires parmi les opérateurs de téléphonie mobile, qui comptent en tout 700 millions d'utilisateurs. Gemalto a déclaré avoir détecté des attaques en 2010 et 2011, et les avoir repoussées. Le logiciel Prism a permis à la NSA d'obliger des entreprises comme Microsoft, Yahoo, Google, Facebook, PalTalk, AOL, Skype, YouTube et Apple à lui donner accès aux données personnelles d'utilisateurs sur leurs serveurs. Ces entreprises du secteur d'Internet conservent d'énormes quantités d'informations personnelles. Par exemple, Gmail, la messagerie de Google, avait 425 millions d'utilisateurs actifs dans le monde en juin 2012. Le moteur de recherche de Google est en outre le plus utilisé au monde et il a été estimé en 2012 qu'il traite plus de 5 milliards de demandes de recherche par jour. Par défaut, Google recueille et conserve les données relatives aux courriels et aux recherches sur internet. La NSA et l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni y ont accès au programme de Xkeysc. Ces cinq pays constituent ce qu'ils appellent l'Alliance des cinq yeux. C'est une base de données de recherche de la NSA pour les communications interceptées. XKeyscore est un peu comme Google pour espionner. Des agents du renseignement peuvent trouver dans cette base les données personnelles de quiconque les intéresse, en utilisant des mots clés et sans mandat pour le faire. Upstream et Tempora sont des câbles sous marins en fibres optiques transportant 99% des communications mondiales. La NSA intercepte directement les données sur les câbles connectés aux Etats-Unis par le biais d'Upstream et au Royaume-Uni avec Tempora. Ces câbles acheminent la plupart des communications mondiales, informe-t-on.