Algérie

24 FÉVRIER 1971, Une date fondatrice pour l’industrie pétrolière et gazière algérienne



24 FÉVRIER 1971, Une date fondatrice pour l’industrie pétrolière et gazière algérienne
Publié par LSA le 24.02.2021
Par le Dr. Mourad Preure(*)
«Tout ce qui n’est pas en train de naître est en train de mourir. »
Bob Dylan
«Une nation dont le peuple est incapable de concevoir l’avenir est condamnée à périr. »
Miyamoto Musashi, un samouraï du XVIe siècle
Le 24 février 1971 est une date fondatrice pour l’industrie pétrolière et gazière algérienne. C’est surtout un formidable défi d’essence novembriste qui a eu pour résultat la prise en main par l’Algérie de ses ressources en hydrocarbures. Il y a cinquante ans, sous la direction du Président Houari Boumediène, l’Algérie nationalise 51% des intérêts des compagnies pétrolières concessionnaires dans les gisements algériens, 100% des intérêts liés aux gisements gaziers, ainsi que ceux détenus par les sociétés de transport d’hydrocarbures.
Il s’agit véritablement d’une décision historique survenue onze années après la naissance de l’Opec et qui va inaugurer une vague de nationalisations décisive dans les pays producteurs. C’est la fin des contrats de concession qui prévalaient dans les relations entre compagnies internationales et pays producteurs et qui réduisaient le rôle de ces derniers au seul prélèvement des royalties et des impôts pétroliers, les excluant de toute gestion de leur domaine minier.
La naissance des compagnies pétrolières nationales sera le grand acquis de cette histoire militante dont le 24 février 1971 sera un jalon essentiel. Ce sont ces compagnies nationales qui, désormais, incarneront l’Etat souverain dans ses relations avec les compagnies pétrolières internationales. Elles vont acquérir une compétence et s’imposeront comme un acteur-clé dans l’industrie du pétrole. Le grand acquis pour l’Algérie de cette décision stratégique prise par Houari Boumediène c’est le rôle nouveau assigné à Sonatrach, née en 1963, avec l’indépendance algérienne.
Le grand acquis, on ne le souligne pas assez, c’est aussi la culture du challenge, le sens du défi, dont cette date a ainsi imprégné l’identité profonde de Sonatrach. Et nous savons combien cette culture du challenge participe et a participé par le passé aux réussites et à la construction de la puissance américaine, et, plus récemment du miracle asiatique par exemple. Lorsque nous parlons avec des techniciens et ingénieurs qui étaient dans les installations pétrolières désertées subitement par les techniciens étrangers en 1971 par mesure de représailles contre les nationalisations, ils nous disent combien ils sont encore surpris par le fait qu’ils aient réussi à contrôler ces installations et à les faire fonctionner sans dommages. Cette expérience les a révélés à eux-mêmes. Nazim Zouiouèche, Mohammed Baghli et El Hadj Mohammed Fechkeur, Allah yerhamhoum, Mohammed Brahimi, «le père des foreurs algériens», les jeunes ingénieurs projetés depuis la caserne de Cherchell où ils effectuaient leur service national vers les installations de production du Grand Sud, Nordine Aït Laoussine qui pilotait la périlleuse opération, tous nous confiaient combien ils se sont sentis renaître à la faveur de ce défi complètement fou qu’ils étaient tenus de remporter. Ils étaient peu nombreux alors que les responsabilités opérationnelles pour une industrie si complexe sont exigeantes et ne laissent aucune marge à l’erreur. Ils ont réussi. Ils n’en revenaient pas ! De ce déclic est née véritablement l’industrie algérienne des hydrocarbures.
Les hommes et les femmes du 24 février 1971 ont démontré qu’il nous était possible, nous, Algériens, de remporter une victoire décisive, dépasser nos limites, neuf ans après l’indépendance. Cinquante ans après, et pour remporter les nouveaux défis posés à notre pays, il est en effet impératif de garder en mémoire ce moment fort de notre histoire que représente ce challenge. Saisir l’essence profonde de cet évènement exceptionnel est une étape indispensable pour affronter les défis du futur avec comme axe fort la nécessité de régénérer la symbolique novembriste du 24 février 1971 en la plaçant dans une perspective d’excellence, d’innovation et de compétitivité.
La crise économique que traverse le monde et dont la pandémie a été le déclencheur, l’amplificateur, est une crise systémique de forte intensité. Elle survient dans le contexte d’une économie mondiale globalisée où se meuvent des acteurs globaux, les firmes enjambant les frontières et surpassant en puissance les Etats. Dans ce processus de mondialisation, il y a un accroissement de l’interdépendance et de la complexité, les concurrents vont toujours plus vite, le changement s’accélère et devient de plus en plus chaotique.
La forte interdépendance entre acteurs dans ce «grand village mondial» induit un potentiel de diffusion exceptionnel des crises. Les frontières sont de plus en plus floues et inopérantes par ce fait. La puissance des nations est fondée sur la puissance de leurs firmes, la compétitivité, le pouvoir innovant de leurs champions industriels nationaux entraînant derrière eux universités et recherche nationales. Et il faut alors, pour corriger le déficit d’identité que subissent naturellement les individus et les groupes sociaux, sans cesse ballottés dans ce maëlstrom, ajuster en permanence les référents aux réalités changeantes et aux nouveaux paradigmes qui s’imposent. Voilà pourquoi enrichir puissamment le capital symbolique de la nation par la célébration du 24 février dans une perspective novembriste renouvelée est indispensable. L’innovation est à la base de l’avantage concurrentiel des nations, et de leur puissance en dernière analyse. Dans la même perspective, la puissance pétrolière des pays producteurs ne réside plus dans le niveau de leurs productions et de leurs réserves mais dans la performance, dans la compétitivité de leurs acteurs énergétiques nationaux, de leurs entreprises, de leurs territoires, de leurs institutions financières, de leurs universités et centres de recherche. Valoriser l’innovation et les innovateurs, valoriser l’excellence, c’est mettre sûrement en route l’Algérie de demain. Ainsi, mettre en perspective le 24 février c’est dire : «Aimer et servir la patrie aujourd’hui c’est être compétitif, c’est innover, anticiper le changement pour le maîtriser, encourager l’initiative et les entrepreneurs, c’est tendre vers l’excellence.» Voici l’écrin où doit se fondre la fierté nationale, voici la voie la plus sûre pour conquérir le futur !
«L'âge de pierre ne s'est pas fini faute de pierres, l'ère du pétrole ne se finira pas faute de pétrole.» Cette boutade, attribuée à Zaki Yamani, est d’une criante réalité aujourd’hui. La planète serait-elle en train de passer de l’ère du pétrole vers une autre ère, plus immatérielle, moins saisissable, sans que nous le sachions, sans que nous nous en rendions même compte ? Risquerions-nous de nous retrouver pantois, demain, désarmés irrémédiablement et encore étonnés du mauvais tour qui nous a été joué ?
Les turbulences que connaît aujourd’hui l’industrie de l’énergie, dans un contexte de puissantes reconfigurations de l’économie mondiale, ne préparent-elles pas un ordre nouveau établissant une hiérarchie des nations encore plus impitoyable, parce que désormais irréversible, et dont nous serions cette fois-ci, et de manière irréversible, les parias ? L’électromobilité n’est-elle pas, par exemple, l’arme fatale pour dépouiller les pays producteurs de leur pouvoir sur l’économie mondiale et recentrer celui-ci dans les pays de l’OCDE et les grands émergents ? Ces réponses posent fondamentalement la question de la souveraineté nationale et de la puissance dans un monde interdépendant et où le changement s’accélère avec des discontinuités, des ruptures qui établissent de manière irréversible de nouveaux rapports de force. Elles nous ramènent vers un nouveau paradigme de l’Etat-nation dans un contexte d’accroissement de la complexité et de l’incertitude. La présence de ressources pétrolières est présentée par les esprits simples comme une malédiction, un peu comme si le Rhin en Allemagne, ou le Yang-Tsé-Kiang en Chine, ou encore le Nil en Egypte pouvaient être considérés comme des malédictions. Nous avons, à dessein, comparé les ressources pétrolières à des fleuves, tant leurs vertus structurantes et leur impact multidimensionnel sont forts, tant ils sont aussi un vecteur de communication, de désenclavement et d’ouverture dans le monde. Archimède disait : «donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le monde.» Mais bien entendu, tout dépend de l’usage qu’on en fait, tout dépend de son ambition stratégique, de sa posture vis-à-vis du futur, et là est tout le problème, nous y reviendrons.
Les convulsions actuelles de l’économie mondiale impactent fortement l’industrie pétrolière internationale et convergent toujours vers le marché, se manifestant à travers la volatilité et le niveau relativement faible actuellement des prix. Voilà pourquoi il ne faut surtout pas — jamais — se focaliser sur les évolutions erratiques du marché pétrolier mais veiller toujours à comprendre les tendances lourdes à l’œuvre, bien lire et anticiper les évolutions de l’économie mondiale. Si celle-ci ne repart pas, la demande ne repartira pas ; si la demande ne repart pas, les prix resteront faibles. Toute augmentation des prix (causée aujourd’hui par un extrême sacrifice des pays de l’Opec+ conjugué avec un hiver rigoureux aux Etats-Unis, particulièrement au Texas qui en a réduit la production en même temps que les faibles températures ont augmenté la demande pour le chauffage) reste fragile. Il faut se départir de la vision phobique du marché pétrolier, maudissant sa volatilité naturelle et en même temps en attendant le salut.
Le contexte de crise rendra hypothétique toute orientation haussière robuste des prix dans une échéance de trois ans, au minimum. La faible diversification de notre économie avec pour conséquence son excessive exposition aux cycles du marché pétrolier est une forte vulnérabilité qu’il faut impérativement traiter par un projet national de relance économique fondé sur le potentiel de notre pays en tenant compte des réalités internationales et des tendances à l’œuvre dans le monde. Ceci étant dit, l’Algérie a un réel avenir en tant qu’acteur énergétique.
Mais il lui faut opérer un véritable renversement de perspective stratégique et viser une insertion active dans l’économie mondiale, à travers ses entreprises, ses universités, entraînées par Sonatrach, son puissant acteur énergétique.
Dans le cas contraire, on consentirait, en nous confinant au rôle de fournisseur de matières premières, à une insertion passive faiblement génératrice de valeur ajoutée et aux horizons très limités. Le potentiel de notre domaine minier est considérable et encore insuffisamment exploré. Mais plus encore, comme par le passé, il doit être le levier pour donner à notre expertise la chance de s’épanouir et s’imposer parmi les acteurs qui façonneront la scène énergétique de demain. Il doit nous permettre, profitant de l’ensoleillement exceptionnel de notre pays et de sa riche expérience industrielle, de nous propulser parmi les leaders de la transition énergétique qui façonnera le paysage énergétique mondial de demain. Ainsi, nous assurerons la sécurité énergétique nationale dans le long terme, multiplierons les facteurs-clés de succès pour notre pays, diffuserons la prospérité et le plein emploi. La transition énergétique doit être le défi de demain en même temps que la mise en valeur des ressources nationales en hydrocarbures doit être continue avec pour corollaire le développement d’un puissant acteur énergétique national, Sonatrach.
Sonatrach doit en retour être la locomotive, le pôle de rayonnement qu’elle tarde à être pour nos entreprises, pour nos universités et notre recherche qui seront son point d’appui le plus sûr pour aller à la conquête du monde, s’imposer parmi les leaders qui façonneront la scène énergétique de demain. Le novembrisme, merveilleusement réalisé un 24 février, il y a cinquante ans, est cette attitude, cette posture offensive de la nation, une posture conquérante portée sur le futur. Novembre 1954 était le fait du courage politique porté par la jeunesse, de la confiance totale en notre peuple, en ses ressources symboliques, Novembre était une lecture intelligente et visionnaire du jeu politique et de l’environnement international, c’était aussi la fédération de toutes les énergies, Novembre était l’exemple type d’une projection dans le futur, la formidable ambition de renaissance d’une nation. Voilà l’essence même du 24 février, et voilà qui en explique la réussite.
Nos jeunes, nos enfants doivent porter ces grandes ambitions. Notre jeunesse a besoin de construire sa propre légende, de réussir, à l’instar de ses aînés. Elle a besoin de remporter de nouvelles victoires qu’elle mettra à son actif et élever haut, à son tour, notre chère Algérie, lui donner le rang qui doit être le sien dans le concert des nations. Ce bond qualitatif intergénérationnel est porté en germes dans les flancs de notre société, il s’impatiente de voir le jour et ouvrir des perspectives stratégiques inédites à notre chère Algérie. Pour cela notre jeunesse a besoin de savoir que le 24 février 1971 fut un réel examen pour la nation algérienne, comme le fut d’ailleurs le 1er Novembre où nous avions défié avec des fusils de chasse une puissance de l’Otan. Ce qui doit en rester à notre avis ça ne doit pas être un inventaire de réalisation d’installations pétrolières, des chiffres de production.
Ce qui doit en rester, c’est cette culture du challenge, ce sens du défi qui doit devenir notre marque de fabrique, car il ne suffira plus à l’avenir de dire que l’Algérien est frondeur, qu’il est épris de liberté, de justice, intransigeant à tout ce qui touche à sa dignité. Il faudra, dans un monde de plus en plus compétitif, où seuls survivent les meilleurs, surtout dire que l’Algérien est un gagnant, un conquérant, un innovateur, un créateur de richesses porté par la rigueur et par l’ambition d’atteindre l’excellence, de s’imposer parmi les meilleurs. Et, sur ce chemin, beaucoup reste à faire en effet. Nous tous avons beaucoup à faire en effet. Les défis sont encore plus nombreux aujourd’hui, plus difficiles, qu’il nous faut relever impérativement.
Si nous nous situons dans une perspective historique, les nationalisations ainsi que les chocs haussiers de la décennie soixante-dix, inaugurés par le 24 février 1971 qui en a été le catalyseur, ont agi en profondeur sur les relations internationales durant les quatre dernières décennies. Les pays consommateurs ont vivement réagi aux nationalisations des années soixante-dix qui ont coupé les compagnies internationales de leur amont pétrolier, les exposant aux décisions souveraines des pays producteurs. L’industrie pétrolière était depuis sa naissance intégrée verticalement du puits à la pompe, sous la direction des compagnies internationales. Elle a subi avec les nationalisations une dé-intégration. La stratégie menée par les pays consommateurs et coordonnée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a toujours été guidée par la volonté de reprendre la main sur le jeu pétrolier international. Depuis la moitié de la décennie quatre-vingt, elle connaît une tendance lourde au retour à l’intégration. La question stratégique centrale pour l’industrie pétrolière et gazière aujourd’hui est : qui contrôlera cette nouvelle intégration ? Est-ce les compagnies pétrolières internationales en reprenant pied dans l’amont, dans les gisements des pays producteurs ou bien ces derniers par leurs compagnies nationales qui imposeraient un partenariat de type nouveau aux pays consommateurs? La révolution des pétroles de schiste américains a consacré cette reprise en main.
La stratégie des pays consommateurs, sous l’égide de l’AIE, a enfermé l’Opec dans un dilemme, défense des prix ou défense des parts de marché. Si l’Opec veut défendre des prix rémunérateurs, elle baisse sa production et perd des parts de marché vite accaparées par les producteurs non Opec, au premier chef les pétroles de schistes aujourd’hui. Si, au contraire, l’Opec se révolte parfois et tente de retrouver ses parts de marché, elle augmente sa production et inonde le marché, entraînant une baisse des prix et l’effondrement des recettes pétrolières.
En 2014, l’Opec a connu un tel désastre. Le Consensus d’Alger de novembre 2016 a rassemblé autour de la Russie dix pays qui se sont joints à l’Opec autour d’une ligne de défense des prix, l’ensemble, sous le nom de l’Opec+ représentant 90% des réserves mondiales et 50% de la production. Nous avons vu, avec la crise pétrolière engendrée par la pandémie, comment l’Opec+ a été prise en tenaille, allant jusqu’à consentir une baisse de la production de 9.7 millions de barils/jour (Mbj) en avril 2020 et de l’ordre d’à peu près 7 Mbj en janvier 2021. De fait, les logiques structurantes de l’industrie pétrolière mettent sans cesse l’Opec dans la réaction, jamais l’Opec ne parvient à jouer un rôle proactif, provoquant le changement et imposant de nouvelles règles du jeu. Faut-il rester enfermé dans ce paradigme fermant toute perspective ou le dépasser par une vision stratégique rénovée où la compagnie pétrolière nationale, Sonatrach, devient le levier de la puissance pétrolière nationale et le moteur de la transition énergétique dans notre pays ?
Le formidable développement de l’industrie gazière tirée par la génération électrique a surajouté, la seconde décennie du siècle nouveau, aux tendances lourdes à l’œuvre une tendance à la mutation des compagnies pétrolières qui deviennent des compagnies énergétiques et leur diversification vers les énergies vertes. Durement éprouvées par la sévérisation des normes environnementales, ces compagnies ne veulent pas être en reste dans la transition énergétique menée par les pays consommateurs. Celle-ci opérera un basculement depuis un modèle de consommation énergétique dominé par les énergies fossiles avec pour près de 60% les hydrocarbures, vers un modèle non carboné, non fossile. Sur le front pétrolier, les compagnies, dans un pénible contexte de dépression depuis 2014, aggravé par la pandémie en 2020, mènent la bataille dans la science et la technologie. Car les gisements vieillissent et les découvertes se réduisent alors que la demande sous l’impulsion des pays émergents, qui partent de très bas, explosera à l’avenir quelles que soient les hypothèses de développement de l’électromobilité. Elle se heurtera, à terme, du fait de l’effondrement des investissements, à une sévère contrainte de ressources.
Ce bref tour d’horizon des tendances à l’œuvre dans notre industrie était nécessaire pour souligner combien les acquis de 1971 pourraient être remis en cause si nous restions à l’écart des manœuvres stratégiques et des challenges technologiques qui portent aujourd’hui l’industrie pétrolière et gazière internationale et la scène énergétique en général. Cela nous permet de poser les termes des défis qu’il faut relever en ce 24 février 2021. Cela nous permet aussi d’insister sur la nécessité d’entretenir, développer et mettre en perspective la culture du challenge qui prolonge la symbolique novembriste et qui est incarnée par le 24 février 1971. Porter le combat au niveau de nos universités et nos centres de recherche, sociétés de service pétrolier et PME privées nationales, de tout le tissu industriel privé et public qui doit, dans le sillage de Sonatrach, construire la puissance énergétique de notre pays laquelle ne doit plus, ne peut plus, se fonder sur le niveau de nos réserves et de nos productions mais sur notre capacité d’anticipation du changement, notre proactivité, sur la compétitivité, le pouvoir innovant et la quête de l’excellence de nos acteurs énergétiques nationaux au premier rang desquels Sonatrach.
En 1971 ce furent des ingénieurs et techniciens qui ont été rassemblés dans l’urgence pour maintenir en fonctionnement un appareil de production complexe, exigeant en expertise, coûteux. Cet appareil de production était stratégique, réussir à l’opérer avec succès et sans risques était une question vitale et de fierté nationale. Insistons-y, les compagnies pétrolières nationales sont le grand acquis de l’histoire militante des pays producteurs qui a été inaugurée au Mexique en 1938 avec la nationalisation des hydrocarbures et son complément nécessaire la naissance de la première compagnie pétrolière nationale, la Pemex. Cette histoire a été jalonnée de puissants défis, en 1953, en Iran, avec l’expérience nationaliste avortée de Mossadegh ; en Irak en 1960 avec la naissance de l’Opec. Sonatrach est née trois ans après, en 1963.
La décision prise par le Président Houari Boumediène a donné un élan nouveau et décisif au combat des pays producteurs pour le contrôle de leurs ressources qui a rendu possible le quadruplement des prix pétroliers décidé par les producteurs en 1973. Elle a donné une impulsion à Sonatrach qui s’est affirmée au fil du temps comme une compagnie pétrolière dotée d’une expertise reconnue sur tous les segments de la chaîne pétrogazière. Ce faisant, elle a incarné et incarne encore le génie algérien, fait d’expertise, de rigueur et d’un patriotisme qui, depuis le début, auront été son ADN.
En 2021, cinquante ans après, nous continuons le combat, forts cette fois-ci, de la présence de Sonatrach, une puissance de feu sans commune mesure avec les tâtonnements héroïques de 1971. Mais en même temps, l’environnement s’est complexifié et la compétition est plus intense, plus violente, plus implacable. Comme en 1971, nous n’avons d’autre issue que de remporter les batailles qui s’imposent à nous. Car de nos victoires dépende, non plus seulement, la prospérité et la puissance de notre nation, mais, plus encore, dans ce monde nouveau, sa pérennité.
Gloire à nos braves.
Tahia El Djazaïr.
Allah yerham echouhada.
M. P.
* pétrolier international, président du cabinet Emergy




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