Algérie

24 000 arbres fruitiers dépérissent



L'agriculture est un métier où les aléas imprédictibles ne manquent pas. C'est un agriculteur de Barika qui vient de faire les frais de cette réalité amère et implacable. Ce qui devait être une source de récoltes généreuses et de biens pour tous s'est transformé en un clin d''il en malheur et ruine. La privation d'eau hypothèque, en effet, toute la plantation et met en sursis les espoirs du propriétaire Azeddine Chekchak. L'exploitation de 64 ha est située au lieudit Khebbab, à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Barika, dans la wilaya de Batna.Le verger, constitué de pommiers et de poiriers, plantés sur une superficie de 34 ha, offre un spectacle désolant de brousse abandonnée, contrairement à l'ancienne image de coin paradisiaque quand l'eau coulait à flots. C'était avant l'effondrement du forage qui constituait la source d'eau. L'incident survenu le 15 avril 2008 a mis entre parenthèse l'investissement de 1,8 milliard de centimes, décroché dans le cadre du Fonds national de développement rural et agricole (FNDRA) et des efforts pharaoniques pour retrouver la fertilité de la terre. En effet, depuis cette date malheureuse, la production est arrêtée faute d'irrigation et les 24 000 arbres fruitiers qui forment l'essentiel de la plantation sont menacés de dépérissement. Une menace qui a comme ultimatum la date du 20 juin, affirme ammi Mohamed, le paysan responsable de la production. Si rien n'est fait d'ici là pour acheminer de l'eau et irriguer suffisamment les arbres, tout sera perdu.Entraves bureaucratiquesLa terre qui appartient à la famille Chekchak depuis 1969 est remise en exploitation en 2003 par Azeddine, qui, nourri d'espoirs, s'engage dans la remise en état du domaine. Le système d'irrigation goutte à goutte, installé par une société espagnole, renforcé par un bassin de 40 000 m3 et la variété des plantes ramenée de France, forcent l'optimisme de l'agriculteur. Le premier périmètre de 10 ha, entré en production, livre environ 80 t/an en attendant l'entrée en production du deuxième périmètre de surface égale, dont les plantes sont encore jeunes. Le reste de la terre fournit de l'orge, des légumes ou encore des pastèques et des melons ; bref, cette terre ne refuse rien de ce qu'on lui demande. Dans de bonnes conditions, un pommier peut fournir jusqu'à 1,5 q, affirme encore ammi Mohamed. Hélas, au jour de notre visite, le samedi 6 juin, les fruits des pommiers dépassaient à peine la taille d'une olive, chose inimaginable en d'autres temps, d'autant que la récolte intervient dans quelques semaines. Il a fallu 12 mois au propriétaire pour décrocher l'autorisation pour un nouveau forage, indispensable pour redonner vie à l'exploitation. Les services de l'hydraulique de la wilaya de Batna l'ont voulu ainsi. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la bureaucratie s'est doublée de la surdité de l'ensemble des autorités locales qui, à quelques exceptions près, sont restées insensibles au cas de M. Chekchak.Ce dernier a frappé en effet à toutes les portes, à commencer par celle du wali. Il s'est adressé aussi au maire de Barika, au chef de daïra, au président de l'APW de Batna, et seul ce dernier s'est montré sensible au cas en considération de la valeur de la plantation et son impact économique positif pour la région.Dur labeurLa survie des arbres n'a pu être assurée durant la période printemps-été 2008 que grâce à l'aide d'un voisin fermier et d'immenses efforts pour acheminer l'eau dans des citernes jusqu'au verger. Un succédané qui ne peut constituer une solution durable, vu le coût de l'opération et le maigre arrosage que cela procure. La généreuse pluviométrie qui a succédé à cette période a donné un sursis au verger, mais au moment où les arbres ont besoin de boire à satiété, pour survivre et fournir des fruits, il faut une véritable solution en attendant de creuser un autre forage. Maintenant que M. Chekchak tient en main son autorisation, il peut engager des démarches pour obtenir un prêt bancaire de trois millions de dinars nécessaires pour creuser un autre puits, nous déclare-t-il, mais en attendant, il lui faut un générateur électrique pour faire face à la saison critique et acheminer l'eau jusqu'au verger. Une solution qu'il croit la seule capable de sauver sa plantation d'une mort certaine. Pour lui, cette solution est entre les mains des autorités locales auxquelles il a lancé un SOS « pour sauver un petit fruit de longues années d'un labeur intense commencé par mon père et participant de manière effective à la production agricole nationale tant attendue », lit-on dans son appel adressé au wali de Batna. Un geste modique en mesure de sauver l'agriculteur d'une ruine certaine et éviter la disparition inutile de 24 000 arbres, dont l'économie locale et nationale a besoin. Le wali comme les élus locaux devront se pencher sérieusement et surtout d'urgence sur ce cas qui constitue aussi une priorité vue de près.


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