Algérie

22 condamnés à mort depuis 2018 par les «tribunaux» de Haftar


Le gouvernement libyen a annoncé, dimanche soir, le report d'un Conseil des ministres initialement prévu lundi à Benghazi, qui devait également marquer la première visite du Premier ministre dans l'Est du pays en quête de stabilité, après une décennie de chaos. Cette annonce intervient quelques heures après que l'équipe sécuritaire chargée de préparer la visite du Premier ministre Abdelhamid Debeibah et des membres de son gouvernement a été refoulée à son atterrissage à l'aéroport de Benghazi par les autorités locales sur place, l'obligeant à reprendre l'avion et à retourner à la capitale Tripoli, selon une source sécuritaire dans l'Est. Debeibah avait précédemment fait part de son intention de tenir des Conseils des ministres dans différentes villes, notamment à Benghazi, deuxième cité libyenne et fief du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est. L'incident de dimanche vient confirmer la persistance des divisions entre l'Est et l'Ouest, malgré l'embellie politique des derniers mois.En outre, au moins 22 personnes ont été condamnées à mort depuis 2018 par des tribunaux militaires et des centaines d'autres ont été emprisonnées après des «simulacres de procès» dans l'Est de la Libye, a indiqué hier Amnesty International. Ces procès militaires «secrets et manifestement inéquitables» visent à «punir les opposants» de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, a fustigé l'ONG dans un rapport. Parmi les civils jugés figurent des journalistes, des manifestants pacifiques ou des internautes qui ont critiqué l'ANL sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, d'anciens détenus ont confié à Amnesty avoir été enlevés et «détenus illégalement» pendant des mois, voire des années, «torturés et soumis à des procédures extrêmement inéquitables». D'autres ont été contraints de signer des «aveux» pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis, poursuit le rapport. La Libye tente de s'extraire d'une décennie de conflit marquée par l'existence ces dernières années de pouvoirs rivaux, dans l'Ouest et l'Est du pays, et des violences sanglantes. Censé clore ce chapitre, un nouvel exécutif unifié, né d'un processus sous l'égide de l'ONU lancé en novembre à Tunis, a été mis sur orbite en février à Genève, avant un vote de confiance «historique» du Parlement en mars. Dans les faits, «l'ANL et les groupes armés alliés continuent d'exercer un contrôle effectif sur l'Est de la Libye», rappelle Amnesty. Le recours à des procès militaires arbitraires lui permet d'«instiller un climat de peur», a déclaré Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Ces «simulacres de procès», menés par des procureurs et des juges qui sont eux-mêmes militaires et «manquent donc d'impartialité», se déroulent «parfois en l'absence d'avocats et d'accusés», a dénoncé l'organisation de défense des droits humains. «Le Gouvernement d'unité nationale doit immédiatement mettre fin aux procès militaires des civils et ordonner des enquêtes sur la torture et les autres crimes commis par des groupes armés», a jugé Mme Eltahawy.
Par ailleurs, le Conseil suprême de l'Etat en Libye a approuvé dimanche, à l'unanimité, la nomination du chef du bureau des investigations au bureau du procureur général Seddik al-Sour au poste de procureur général, selon le porte-parole du Conseil suprême d'Etat libyen, Mohamed Abdel Nasser. Le porte-parole a indiqué que le Conseil a tenu une session dimanche pour approuver la nomination de Seddik al -Sour au poste de procureur général du pays. Ce dernier a eu 55 voix sur un total de 84. Abdel Nasser a expliqué que «l'approbation de la décision de nommer le procureur général par le Conseil suprême de l'Etat est obligatoire, conformément à l'Accord politique de décembre 2015». L'article 15 de l'Accord précité stipule que «la Chambre des représentants consulte le Conseil suprême de l'Etat pour parvenir à un consensus concernant les occupants des postes souverains, y compris celui de procureur général». La Chambre des représentants libyenne (Parlement) avait élu, mardi, à l'unanimité Seddik al-Sour au poste de procureur général du pays. La situation en Libye a connu récemment des progrès après des années de chaos et de violences. Les parties libyennes ont réussi à approuver une autorité exécutive unifiée de transition, dont le gouvernement est dirigé par Abdulhamid Debeibah et le Conseil présidentiel, par Mohamed al-Manfi.


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