Algérie

21ème vendredi de marche, au lendemain de l'exploit des Verts



Au lendemain de la victoire des Verts face à leur adversaire ivoirien, assurant leur passage en demi-finale, les Algériens sont sortis quelques minutes après un match serré et tendu, pour exprimer leur joie dans la rue.Après avoir passé la nuit de jeudi à vendredi dans la joie et la bonne humeur, les Algériens et Algériennes investissent dès le matin du vendredi les mêmes rues pour réaffirmer leur position et engagement à poursuivre la lutte jusqu'à ce qu'à l'avènement d'un Etat de droit, libre et démocratique. De la jubilation à la révolte, les manifestants ont laissé éclater leur joie la nuit et recouvré les frémissements de leur révolte la journée du 21ème vendredi de marche populaire pour exiger pour la énième fois le départ du pouvoir en place et dénoncer l'ingérence militaire dans les affaires politiques. La mobilisation populaire du vendredi ne se mesure plus l'aune du nombre de manifestants, mais au degré de détermination et de résolution du peuple à aller au bout de son projet.
Certes, ils sont fiers de l'exploit accompli par l'équipe nationale de football, mais ils n'ont pas oublié leur objectif du vendredi, marcher vers la démocratie et tenter de démanteler toutes les figures du système, tenaces et résistantes. Depuis quelques semaines, la révolte populaire se heurte au mépris des autorités qui n'hésitent pas à recourir à la répression pour contraindre les manifestants à quitter la rue. Depuis trois semaines, le nombre de policiers réquisitionné pour «maintenir l'ordre», selon l'Etat s'amplifie. Les colonnes de camions de CRS barricadent tous les grands boulevards et les rues principales qu'occupent habituellement les manifestants, tandis que les Gendarmes bouclent la périphérie d'Alger pour ralentir la circulation et empêcher les marcheurs d'arriver à la capitale.
Ce qui a incité certains manifestants à emprunter des raccourcis, oubliés par les services des éléments de la police pour atteindre le centre d'Alger et participer à la grande manifestation du vendredi. Ni la chaleur insoutenable, ni les intimidations et provocations policières n'ont dissuadé les familles algériennes de sortir dans la rue pour dénoncer la mise en quarantaine voulue de la capitale et réitéré le départ des résidus du système politique de Bouteflika. Vendredi 12 juillet, une journée pleine d'émotion. Le mouvement populaire est envahi par une sensation de joie mêlée à la colère. 10h00, les premiers groupes de manifestants affluent à la place de la Grande-poste et à la place Maurice Audin. Certains d'entre eux tiennent des discours vivants et hostiles au pouvoir et à la personne du général Ahmed Gaïd Salah, contesté par le mouvement populaire pour ses dernières positions.
«Notre lutte se poursuivra jusqu'à ce que nous chassions le pouvoir en place. Aujourd'hui, nous assistons à un vide constitutionnel, mais la révolte ne peut être sommaire. Pas de plage cette année. Système dégage », indique, Karim, un membre actif du mouvement populaire depuis sa naissance, en scandant le message de son affiche avant de se noyer dans la foule. Conscients du vide constitutionnel dans lequel se trouve le pays, les manifestants appellent le pouvoir à céder afin d'entamer la reconstruction du pays par des personnalités intègres. 13h55 : les rues de la capitale regorgent de monde. Pancartes, drapeaux et bouteilles d'eau à la main. Nous lisons sur leur visage de la déception, de la hargne et surtout de la détermination. Mesurée à cette aune, la résistante du peuple algérien paraît plus forte.
Fidèles au caractère pacifique de leur démarche, certains volontaires des manifestants ont formé des boucliers humains entre policiers et protestataires pour éviter des affrontements, surtout que les manifestants brandissaient des slogans hostiles au pouvoir et à Gaïd Salah qui avait prévenu contre tout message visant à démolir la réputation de l'ANP.
« Nous ne visons aucunement l'ANP, mais son chef d'état-major qui s'immisce dans les affaires politiques du pays », explique Islam-Amine, militant pour les droits de l'Homme.
« N'a-t-il pas dit ne pas avoir d'ambition politique », s'est-il interrogé. Au même moment, des chants patriotiques sont entonné du rue Didouche Mourad, accompagnés de youyous.
« Le peuple a besoin de célébrer une victoire et les verts ont répondu à cette volonté. Cependant, notre véritable victoire tarde à venir », déplore Yasmina, femme au foyer, habituée à sortir chaque vendredi avec sa mère de 75 ans pour marcher vers la liberté et la démocratie.
La fin de la journée arrive, le mouvement se disperse et se donne rendez-vous prochainement. Le sourire et la déception a estampillé le mouvement d'hier.


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