Algérie

21e festival de Namur, Béjaïa connection



Habiba Djahine, cinéaste algérienne, qui présentera le 2 novembre à Alger son film Lettre à ma sœur, film dédié à Nabila, sa sœur assassinée par les terroristes islamistes à Tizi Ouzou, est plutôt contente d’être à Namur.

Elle est au jury des films documentaires. Elle informe les participants sur son travail d’animatrice de l’association Kaïna Cinéma, collecif dont elle fait partie et qui a contribué à aider à la création des désormais fameuses rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui sont venues enrichir le ciné-paysage algérien plutôt déserté ces derniers temps. Avec son partenaire à Béjaïa : Project heurts, une association très dynamique qui a investi la filière du 7e art, Habiba, et ses amis de Kaïna Cinéma ont beaucoup de projets en tête dans le domaine des ciné-clubs, de la formation, des réseaux d’exploitation, des salles rénovées avec du matériel moderne de projection, etc. Dans l’atmosphère réchauffée d’un bon restaurant de Namur, autour de Habiba la discussion s’oriente toujours sur Béjaïa et son festival. Il faut consolider ces rencontres avec l’apport d’expériences, de soutien d’autres festivals à l’étranger, pourquoi pas celui de Namur qui a vingt ans d’existence et qui cultive déjà les échanges avec le continent africain. Béjaïa, avec sa cinémathèque située au cœur de la ville, est tout indiquée pour devenir le festival algérien de référence, comme Carthage en Tunisie ou Marrakech au Maroc. Seulement, les Béjaouis doivent secouer toute la pesanteur des institutions culturelles en Algérie. Habiba (et sa sympathique bande de cinéphiles) : on leur souhaite vivement de réussir. A part la Béjaïa connexion (particulièrement dynamique à Namur) le festival, il ne faut pas l’oublier, montre beaucoup de films. Namur n’est pas Cannes ou Deauville (deux endroits idéales pour bronzer). Le temps est gris et les salles sont accueillantes. Dans la sélection (de choc) de Dominique Jamar et Nicole Gillert, il faut revenir sur le document extraordinaire de l’Egyptienne Tahani Rached (qui a provoqué des remous en mai (à Cannes) El Banate Dol, sur les adolescentes du Caire qui rompent avec leurs familles et qui vivent dans la rue. D’une certaine manière, ce film marque un tournant dans le cinéma égyptien (même Chahine qui dit haut et fort ce qu’il a envie de dire n’a jamais abordé cette terrible situation sociale). Tahani Rached défie la censure, l’hypocrite « prudence » du cinéma égyptien en faisant ce film sans précédent. La cinéaste s’est formée au Canada. Elle a tourné déjà des films sur les femmes palestiniennes. Dans El Banate Dol, Tahani Rached montre que le régime de Moubarek est menacé par une exubérante jeunesse abandonnée dans les rues du Caire.




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