Mehri met en garde contre un «5 Octobre bis»
«A mon avis, la revendication principale des événements du 5 octobre 88 était le changement», dit humblement Abdelhamid Mehri dans une conférence animée, à l’invitation de la Fondation Friedrich Ebert, à Alger.
Au moment des événe-ments d’octobre 88, il était ambassadeur d’Algérie à Paris. Chadli Bendjedid, avec qui il avait une alliance familiale, l’avait alors rappelé à la barre du FLN, après que Messaadia a été viré en victime expiatoire de la révolte populaire... En dépit de son charisme acquis au fil des années dans le mouvement national, Mehri n’a pu sauver le système dont la révolte d’octobre avait sonné le glas. Aujourd’hui, observateur critique de la scène politique, celui qui n’a pu sauver le FLN du naufrage porte un regard lucide sur ces événements et s’éloigne radicalement des thèses du Pouvoir actuel qui persiste à voir dans la trame de fond d’octobre une manipulation policière.
Pour l’ancien patron du FLN, «la construction de l’Etat avait des défaillances et octobre était alors une demande de changement. Les jeunes demandaient le changement». Toutefois, laissera entendre l’intervenant, l’Algérie a raté le coche, il y a 20 ans, alors que «la résolution des problèmes du pays devait passer par la voie de la construction d’un Etat démocratique». «La génération de la Révolution devait passer le flambeau à la nouvelle génération», ajoute Abdelhamid Mehri qui dresse un parallèle entre ce qui s’était produit le 5 octobre et ce qui est en train de «bouillir dans la marmite algérienne». En l’occurrence, le désespoir des jeunes qu n’ont d’autre perspective que la «harga», la tentation des maquis terroristes ou le suicide. C’est dans le même registre qu’il insère également les événements de Kabylie en 2001.
Mehri invite à un décryptage lucide et sain de ces pathologies sociales, en lieu et place de «lectures simplistes et biaisées, sous-tendues par une volonté de retour à l’ancien système chez les décideurs actuels». Contre cette tentation, il met en garde car, avertit-il, «ce ne sera pas un chahut de gamins», dans une allusion à quelque explosion d’une autre amplitude que celle d’octobre 88. Interpellé par une assistance majoritairement jeune, composée essentiellement de militants de RAJ, des membres de l’association «SOS disparus» et de celle des parents de harraga de Annaba, Abdelhamid Mehri s’est voulu très explicite: il a ainsi insisté avec force sur le fait qu’»octobre 88 appelait le changement» et déploré dans le même temps que «le régime (soit) resté toujours le même». Est-il à présent trop tard pour emprunter la voie du changement? «La seule voie reste el nidhal (la lutte)», a répondu le militant de la cause nationale.
La conférence de la Fondation Ebert aura été aussi l’occasion pour l’association RAJ, la seule à célébrer chaque année l’événement, en dépit des pressions de la part de ceux qui veulent jeter un mouchoir sur ce moment fort dans l’histoire de notre société.
«Nous voulons nous recueillir à la mémoire de tous ceux qui se sont battus pour la démocratie, ceux d’octobre 1988 certes, mais aussi tous ceux qui, depuis l’indépendance à 2008, continuent à se mobiliser pour la démocratie», a déclaré Hakim Addad, le secrétaire général de l’association qui lance un appel aux autorités, les conviant à ne pas remettre en cause les conquêtes d’octobre, Comme la liberté d’expression et de réunion.
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H. Senouci
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Posté Le : 05/10/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com