Algérie

20e Salon international du livre d'Alger



20e Salon international du livre d'Alger
Vingt ans après sa création, le Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient jusqu'au 7 novembre, semble avoir installé définitivement sa réputation.Jeudi, premier jour d'exposition au grand public. Alors que les portes du pavillon central ne sont pas encore ouvertes, une immense foule attend déjà et les revendeurs de livres en particulier sont aux aguets. Trois petits tours dans le grand pavillon pour entamer cette première matinée, histoire de se rendre compte des efforts fournis par les exposants pour célébrer ce nouveau rendez-vous. L'Anep, la plus ancienne agence de communication et d'édition, a changé de look cette année. Le design est au rendez-vous et le public aussi. Asia Baz, directrice des éditions, confie que «fait rare pour un premier jour, le public et les professionnels du livre sont grandement au rendez-vous». Beaucoup de monde, en effet, a fait le déplacement pour l'ouverture. Le Sila est l'occasion également pour beaucoup de professionnels des métiers de l'édition de se retrouver et de partager les savoirs. En face du stand de l'Anep, l'invité d'honneur : la France. Comment louper le blanc immaculé qui frappe au premier regard cet espace. Un espace qui accueillera dans l'après-midi l'éminent auteur et universitaire Régis Debray. Pour l'heure, c'est la journée professionnelle algéro-française qui commence à Dar El Djazaïr.100 millions de dollars pour l'éditionEntre 2003 et 2014, le ministère de la Culture aurait, selon Hassan Bendif, directeur du Centre national du livre (CNL), déboursé la somme de 100 millions de dollars pour l'édition. Eloquent, quand on apprend par la suite que sur le plan des exportations, l'Algérie est au point mort. Donc pas de retour d'investissement. A Dar El Djazaïr, il n'y a pas que les chiffres qui ont dérangé les participants. La mauvaise sonorisation a rendu à peine audibles les présentations des intervenants. Guy Jean Boin, directeur du Bureau international de l'édition français (Bief), est le premier à passer en revue l'expansion de l'univers littéraire dans son pays. Au cours de son exposé concis et précis, le public apprendra qu'un livre sur quatre vendu en France est au format de poche. Mais aussi que la France est classée, selon le directeur du Bief, au top 5 de l'industrie culturelle éditoriale dans le monde. Ce dernier a indiqué que le nombre d'ouvrages produits (nouveautés) au cours de l'année 2014 a été estimé à 43 600. Pour la réimpression, le chiffre s'élève à 54 706 titres. Du côté algérien, Hassan Bendif est revenu dans un premier temps sur l'historique de la création de la Société nationale de l'édition et de la diffusion (Sned). Un historique rapide puisque celle-ci, arrachée pompeusement aux premières heures de l'Indépendance au groupe Hachette, a rapidement été dissoute. Cette opération a permis par la suite la création de quatre entreprises nationale dont l'Enag et l'Anep. Durant cette période (1966-1970), l'Algérie, selon le directeur du CNL, a produit pas moins d'une centaine d'ouvrages. Par ailleurs, il a indiqué qu'entre 2011 et 2015, 5897 livres ont été édités grâce au soutien du ministère de la Culture aux maisons d'édition. Cette aide en effet correspond à l'achat de 1000 à 2000 titres.8 millions de livres achetés depuis 2003Hassan Bendif a refusé par contre de nommer les maisons d'édition qui n'ont depuis leur lancement édité qu'un seul titre. Il a précisé que 11 000 entreprises sont enregistrées au CNRC. Le nombre de ces «pseudos» éditeurs est de 350. Il a en outre révélé que huit millions de titres ont été rachetés par le ministère de la Culture depuis l'année 2003. Du côté des importations, le directeur du CNL a déclaré que 83 millions d'euros ont été attribués par le ministère de la Culture pour l'achat de livres. 65 millions d'euros ont été déboursés durant l'année 2013 dont 36 millions d'euros correspondent à l'acquisition de livres universitaires. Il a également précisé que le nombre de librairies fonctionnelles sur tout le territoire est de 60. Pour l'exportation, il a déclaré qu'«il n'y avait pas grand-chose à dire !»«Madame H» au Sila !«Mon dernier livre s'intitule Madame H comme Madame Histoire. Histoire avec un grand H. J'y raconte les démêlés d'un homme né en France en 1940 avec la grande histoire et les personnages qui le hantent ainsi que les évènements décisifs après lesquels il court», c'est par ces mots que Régis Debray a débuté son intervention à l'espace des rencontres France au pavillon C. L'universitaire et écrivain français, connu pour ses positions politiques et socioéconomiques à travers le monde, a fait sensation dans l'après-midi du jeudi, face à un public très nombreux. Régis Debray a fait l'exposé de la trame de son ouvrage conçu à l'image d'un examen de conscience ou d'un examen de l'imaginaire puisqu'il dit y parler de sentiment d'histoire et non de la science historique. Touché par les évènements qui bouleversent le monde depuis plusieurs années, il se dit inquiet par l'ampleur de l'emprise du chiffre sur le verbe. Il a estimé, par ailleurs, qu'il est important d'être mêlé à ces événements.«Nous avons eu, longtemps en Occident, une religion de l'histoire quelque peu messianique, prophétique... L'histoire étant l'histoire du salut du genre humain qui nous a mené d'un début à une fin. Et la fin étant la société sans classe, la justice sinon un paradis sur terre», a déclaré l'auteur de «Madame H». C'est ici que prend forme le substrat de son ouvrage. Un ouvrage contre le temps mais qui, d'après l'universitaire, reste fantaisiste, facétieux avec des scènes plus ou moins imaginaires. Il est en outre revenu sur le vieux débat de la laïcité. Un thème qui le tient plus que jamais à c?ur. C'est pour l'intervenant une problématique qui se pose aujourd'hui aussi bien en France qu'en Algérie. En France, il a précisé qu'il s'agissait d'une question d'islamophobie et dans d'autres sociétés, il se pourrait qu'il se développe une laïco-phobie, a précisé Régis Debray. Cette courte rencontre avec Régis Debray s'est achevée par une vente-dédicace de son ouvrage.




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