Algérie

209 mutilés aux Frontières Ouest


Ligne Morice, sur la bande frontalière ouest. Un mur de fil barbelé électrifié et miné qui s?étend de Marsat Ben M?hidi, à l?extrême ouest du pays, jusqu?à Béchar, au sud-ouest. Certains témoignages affirment qu?il atteignait Tindouf. C?est l?époque où nos vaillants moudjahidine étaient qualifiés de fellagas par les troupes sanguinaires de l?armée coloniale. « Les mines antipersonnel ont fait des victimes pendant la Révolution et après l?indépendance. Il est difficile de quantifier le nombre de personnes décédées, dont des chouhada et des montagnards, qui vaquaient à leurs occupations. Mais les invalides de guerre et les civils mutilés sont toujours vivants », témoigne M. Tebbal, moudjahid et unijambiste. Selon la direction des moudjahidine de la wilaya de Tlemcen, « nous comptons 90 grands invalides de guerre et des victimes civiles (diverses amputations pendant des explosions) entre 1954 et 1962. Tandis qu?après l?indépendance, il y a eu 119 mutilés ». Benamar Benaïssa, moudjahid et ancien artificier ayant perdu un bras et une jambe suite à la déflagration d?une mine sur la frontière avec le Maroc, se souvient : « Mon rôle avec d?autres compagnons était de repérer et désamorcer les mines et en même temps on en "plantait" d?autres lors de nos embuscades contre l?ennemi. C?était un moyen pour se frayer un chemin en direction du territoire marocain. On sciait le fil et faisait des ouvertures pour l?acheminement des armes et des médicaments à partir du pays voisin. » Jusqu?au jour où il a sauté sur une mine qui l?a pratiquement handicapé. M. Tebbal, lui, a été victime d?une explosion près de Zenata. « Pour nous déloger de notre cachette, les militaires français nous ont assaillis, puis piégés dans notre fuite par des mines. » Du côté de Maghnia, de Sebdou et de Marsat Ben M?hidi, on dénombre énormément de victimes civiles après l?indépendance. Abdelhak, la trentaine, souligne : « On était allés ramasser des escargots avec des copains. C?est en soulevant une pierre que j?ai été projeté par le souffle d?une déflagration. J?ai perdu un pied et une main. » Abdelhak fait partie des 119 victimes, dont le statut de victime n?est pas reconnu. « Je n?ai pas fait la guerre, mais j?ai été amputé par une mine de l?armée coloniale. J?ai des droits aussi, je crois, non ? », se lamente-t-il, pathétique. Sur cette partie de l?Algérie, ils sont plus d?une dizaine (à l?époque bergers, agriculteurs, enfants) qui ont sauté sur des mines, alors qu?ils croyaient que la guerre était finie. « Pour nous, la Révolution ne s?est pas achevée en 1962 puisque nous, nous avons perdu des membres après l?indépendance. Les autorités n?ont pas jugé judicieux de nous classifier, même si des personnes de notre cas perçoivent une pension », se demande Hachemi. Dans les années 1970, il y a eu une opération de déminage effectuée par les éléments de notre armée. « Mais il en reste encore », certifie M. Benamar. 144 nations ont adhéré à la convention d?Ottawa, depuis 1997. 47 pays, dont les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la Corée du Sud, le Pakistan et l?Inde, se sont abstenus.
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