Algérie

2024-2029: le temps des challenges



Publié le 21.08.2024 dans le Quotidien l’Expression

La période 2020-2024 de l'histoire de l'Algérie indépendante s'achève sur un double succès politique du pouvoir posthirak: l'apaisement du climat social et le regroupement organique des principaux acteurs autour du chef de l'État, candidat à l'élection du 7 septembre. Ce succès élargit l'horizon à la perspective d'un rassemblement des forces vives de la société sur un programme voué à faire de l'étape 2024-2029 celle de l'élévation. Trop longtemps en effet, ces acteurs ont donné le sentiment de négliger l'inépuisable vivier de hardiesse et de créativité que constituent ces forces pour se laisser prendre au jeu stérile des factions où l'engagement se manifeste au nom de principes abstraits qui mènent à la fragmentation au lieu de s'incarner dans des politiques explicites de nature concrète. Or, une fois l'ordre rétabli et la consolidation du pouvoir opérée, bien des choses demeurent à faire. Quelle Algérie va sortir de l'étape 2024-2029? À quel héritage faut-il se référer pour l'édifier? À tort ou à raison, celui d'avant le hirak, longtemps populaire, est presque unanimement condamné en raison des dérives constatées et d'un essoufflement avéré en fin de parcours. Les autres avant lui appartiennent à un passé révolu qui séduit peu les jeunes générations, même si la mémoire collective conserve un souvenir ineffaçable de l'ère Boumediene. Il ne reste donc plus qu'à tourner le regard vers demain, vers l'avenir et vers le monde qui change. C'est là que se trouvent les solutions. Aussi le pays attend-il de ses gouvernants qu'ils s'engagent dans cette voie afin de ne pas s'égarer dans des pratiques inactuelles. Il attend d'eux une approche régénératrice face aux enjeux d'une époque incertaine où il peut tout perdre s'il se cramponne à une vision désuète des choses, et s'il ne prend pas de la hauteur pour voir le monde sous un autre angle, celui de la mise à niveau grâce au partage de l'intelligence collective.
Mais ce partage n'est concevable que si les liens d'entraide et de solidarité actives sont retissés entre les Algériens. En effet, notre histoire contemporaine atteste que dans les moments accablants, ces liens ont été notre ressource la plus riche et notre force contre toutes sortes d'épreuves. De même, notre histoire récente indique qu'une rupture de ces liens se traduit par une perte de vivacité qui mène aussitôt au déclin. Cela montre bien que pour surmonter cette crise évidente des liens sociopolitiques qui empêchent l'Algérie d'avancer au rythme qui convient, il importe de revenir à l'essentiel, c'est-à-dire à ce qui est propre à favoriser son développement et, par contrecoup, sa mise à niveau. Cela consiste à donner la primauté à la promotion de la capacité civique, à l'éducation nouvelle, à la recherche, à la rigueur dans la gestion de l'administration et de l'économie et à la planification de l'effort de croissance, tout en suivant le mouvement du monde actuel pour évaluer la place qu'on y occupe.
De ce monde où les progrès techniques s'accélèrent de manière considérable depuis une trentaine d'années, il est en effet inenvisageable de s'isoler, parce que c'est un cyberespace où le savoir décuplé par les TIC est devenu le ressort central de la puissance économique des nations et de leur influence. C'est un monde où l'interconnexion des réseaux mondiaux par le web et autres favorise «la diffusion planétaire et instantanée d'une quantité exponentielle d'informations, y compris dans des régions reculées (qui) accèdent à un volume de connaissances et de données en perpétuelle expansion» (V. Adoumié, 2024). L'Algérie ne l'ignore pas puisque son Président a mis en place une structure ministérielle dédiée au numérique. Il est fort probable qu'après l'élection du 7 septembre 2024 dont il est le favori, il pensera à faire produire à cette initiative davantage d'effets par la promotion d'une culture scientifique, ainsi que de la formation de chercheurs de haut niveau. Ainsi les Algériens feront-ils leur entrée dans la société du savoir mondialisé où l'innovation et la recherche sont des éléments-clés. C'est en tout cas ce qu'ont entrepris très tôt les puissances dites émergentes qui ont également compris que la vraie puissance relève principalement d'une double série de critères:
1- les critères décisionnels que reflète la présence des sièges sociaux des multinationales, de places boursières, ainsi que la maîtrise des TIC et autres technologies de pointe;
2- les critères scientifiques et économiques reflétés par l'innovation permanente et la présence d'activités à haute valeur ajoutée (cf. A. Monot et A. Zwang, 2010).
Dans ce monde enfin, il faut cerner avec soin ce que l'on peut raisonnablement entreprendre entre 2024 et 2029. Aujourd'hui, l'économie, la finance et la technologie mondiales sont à l'évidence dominées par l'Amérique du Nord, l'Europe occidentale et le Japon auxquels se greffent les grands centres littoraux d'Asie (Shanghai, Hong Kong, Séoul, Singapour, Dubai...).
À côté de ces puissances solidement établies, on assiste à la montée en cadence d'autres puissances réparties sur quatre continents: le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du sud, les pays du Golfe, l'Indonésie, l'Éthiopie...
En bref, bon nombre de pays se projettent dans l'avenir et prennent part à la compétition. Pour sa part, l'Algérie possède des atouts déterminants pour accéder à une bonne place.
Hachemi Djiar



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