Algérie

2021 une année à ne pas regretter



L'an 2021 que l'on s'apprête à boucler a été des plus pénibles pour les Algériens qui, à coup sûr, ne demandent qu'à ce qu'il soit jeté aux oubliettes. Incontestablement, cette année qui tire à sa fin, chargée d'épreuves de toutes sortes et sur tous les plans, a mis à rude épreuve le moral déjà bien en berne de beaucoup de nos citoyens, très peu gâtés par la Providence.Sur le plan politique, elle a été riche en événements et surtout marquée par des arrestations à la pelle dans les rangs des hirakistes, de l'opposition mais aussi de la presse. Si elle a été inaugurée par l'élargissement du fameux général Toufik qui avait régné un quart de siècle durant à la tête des services algériens, arrêté en mai 2019 pour des raisons purement politiques avant d'être libéré le 2 janvier de l'année en cours et la libération, un mois plus tard, de plusieurs militants du Hirak ? dont la pasionaria de Mosta Dalila Touati, l'activiste politique Rachid Nekkaz ou encore le journaliste Khaled Drareni ? la parenthèse s'était vite refermée et les mois suivants se sont transformés en un vrai cauchemar pour beaucoup de familles et de défenseurs des libertés. Une vague d'arrestations sans précédent que le président du RCD, Mohcine Belabbas, avait qualifiée d'"escalade dans la répression", a été enregistrée quelques semaines plus tard, dans les rangs des hirakistes mais aussi des hommes politiques.
Au plus fort de cette tornade, le coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS) Fethi Gharès, engagé à corps perdu dans le Hirak, a été mis en détention provisoire le 30 juin dernier pour "atteinte à la personne du président de la République", "outrage à corps constitués" et "diffusion d'informations pouvant porter atteinte à l'unité nationale" et "à l'ordre public". Il a fallu 6 mois pour qu'il puisse enfin avoir droit à un procès public qu'il a réussi à transformer en un procès du régime en place. Résultat des courses : le procureur a requis contre le militant de gauche 3 ans de prison et une amende de 100 000 DA. Avant lui, c'est le fils du célèbre colonel Amirouche, Nordine Aït Hamouda, qui avait été arrêté, le 26 juin, pour avoir qualifié dans une émission télé l'Emir Abdelkader de traître. Poursuivi pour "atteinte aux symboles de l'Etat et de la Révolution", "atteinte à un ancien président de la République", "atteinte à l'unité nationale" et "incitation à la haine et discrimination raciale", l'ancien député et membre fondateur du RCD a été mis aux arrêts avant d'être libéré deux mois plus tard.
D'autres figures politiques comme Hamou Boumedine, et même des journalistes comme nos collègues Rabah Karèche et Mohamed Mouloudj n'ont pas échappé, eux aussi, à cette campagne musclée et inédite d'arrestations qui a connu son point d'orgue avec la convocation, il y a quelques jours, par le tribunal d'Annaba d'une fillette de 14 ans avant que le parquet ne rectifie le tir en évoquant "une erreur de procédure". En tout et pour tout, plus de 300 militants sont passés par la case prison ? et certains y sont toujours ? en 2021. Il n'en demeure pas moins que durant cette année 2021 l'on a pu organiser deux importants scrutins, certes boudés par l'écrasante majorité des Algériens, mais qui n'ont été émaillés d'aucun incident majeur et ont permis au pays de se doter d'institutions au niveau national et local.
Outre ces atteintes aux libertés, l'Algérie a enregistré l'été dernier les pires feux de forêt de son histoire, ayant fait près de 200 morts et des centaines de blessés, sans parler des dégâts matériels. Une catastrophe qui a été émaillée par un drame qui a jeté l'émoi dans l'opinion publique nationale, horrifiée : l'assassinat du jeune artiste Djamel Bensmaïl, à Larbâa Nath Irathen, par une foule surexcitée.
Un pouvoir d'achat laminé
Sur le plan social, le pouvoir d'achat des Algériens a été mis à rude épreuve par des hausses successives des prix ayant touché plusieurs produits (huile, poulet, légumes, etc). "Du fait de la hausse infernale des prix des biens de large consommation (denrées alimentaires...) mais aussi des matériaux de construction à cause de la dévaluation du dinar et de la spéculation, la misère et la faim se généralisent dans notre pays", s'est alarmé le Parti des travailleurs (PT) dans un communiqué rendu public dimanche 26 décembre. Conséquence de ce renchérissement des prix de plusieurs denrées : la montée au créneau de plusieurs syndicats de différentes catégories sociales pour réclamer une révision à la hausse des salaires des travailleurs, qui ont du mal à faire face à la spirale inflationniste.
Réponse du gouvernement : une promesse de revoir à la hausse le point indiciaire et de baisser l'IRG. Il reste à savoir si ces augmentations salariales seront à la hauteur des attentes des salariés. Sauf que celles-ci risquent d'être englouties par les effets de la loi de finances pour 2022, adoptée il y a quelques semaines par les deux Chambres du Parlement. Au motif qu'elle a acté la suppression des transferts sociaux estimés à 1 927,5 milliards de dinars en 2021, cette loi a été fortement décriée par le Parti des travailleurs, qui accuse le gouvernement d'avoir déclaré "une guerre sociale et économique" contre "l'écrasante majorité et la propriété collective de la nation" mais aussi par le RCD en la qualifiant d'"antisociale".
Pourtant, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, s'était défendu, mi-novembre dernier, d'avoir renoncé au caractère social de l'Etat algérien, en prônant le ciblage de l'aide publique qui, selon lui, doit aller à ceux qui la méritent. Il reste que ce durcissement de la politique sociale du gouvernement risque d'aggraver l'appauvrissement de pans entiers de la société et, du coup, approfondir le malaise social. Devant la dégradation de la situation sociale et en l'absence de perspectives, le phénomène de la harga a repris du poil de la bête en cette année 2021. En deux mois à peine, entre juin et juillet 2021, plus de 2 000 Algériens sont arrivés en Espagne. Fait nouveau : des femmes et des enfants sont souvent du voyage de la mort et nombre d'entre eux ont péri. "La harga est le symptôme d'une crise profonde", a soutenu Raouf Farrah, expert des questions migratoires, dans un entretien accordé le 11 juillet dernier à Liberté. "Le phénomène de la harga est le symptôme d'une crise politique profonde et permanente. Sa résurgence indique l'amplification de cette crise", a-t-il ajouté.
Sur le plan sanitaire, l'Algérie a connu l'été dernier une situation catastrophique quand le nombre de contaminations a dépassé le seuil des 2 000 cas. Conséquence : les hôpitaux étaient submergés et une pénurie d'oxygène s'est faite jour. Devant l'incapacité des autorités à faire face à la situation, les Algériens ont dû recourir à leur légendaire esprit de solidarité pour venir à la rescousse des malades mais aussi des hôpitaux, en les dotant de matériel. Autre raté des autorités sanitaires : leur incapacité à trouver une solution pour faire décoller la campagne de vaccination alors que des millions de doses ont été achetées et une usine de fabrication de vaccin anti-Covid, en partenariat avec les Chinois, a été inaugurée en grande pompe à Constantine.
En somme, l'année 2021 a été très éprouvante pour les Algériens, qui ont été soumis à une cascade d'épreuves. Rares moments de joie, la victoire des Verts a réussi à faire descendre des milliers d'Algériens dans les rues pour exprimer leur joie. Une année à ne pas regretter.

Arab C.


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