Algérie

2020 se fera sans eux



L'année 2019 a été marquée par la disparition de nombreuses personnalités du monde de la politique, de la culture et de l'art, ainsi que des journalistes de renommée. Ils ont de leur vivant marqué l'Algérie. Dans le monde de la politique, c'est le général de corps d'armée, le général Gaïd Salah, qui a marqué l'actualité tant l'événement tragique est intervenu dans une conjoncture particulière, au lendemain de la tenue d'une élection présidentielle qui a représenté l'aboutissement d'un long parcours de préservation de l'unité nationale, et la sécurité des citoyens. L'année 2019 a connu également la disparition des journalistes des plus connus ainsi que d'illustres hommes de culture.Ahmed Gaïd Salah, né le 13 janvier 1940 à Aïn Yagout dans la wilaya de Batna, mort le 23 décembre 2019, est un officier général de l'Armée nationale populaire algérienne de 2004 à sa mort où il occupait la fonction de chef d'état-major au sein de l'Armée nationale populaire. Il rejoint le maquis à l'âge de 17 ans dans les rangs de l'ALN et à l'indépendance, il est diplômé de l'Académie militaire d'artillerie Vystrel (URSS). En 1994, pendant la guerre civile, il est nommé commandant des Forces terrestres. En 2003, il est mis dans les fonctions de commandant alors qu'il allait être mis à la retraite par le général Lamari. Le 3 août 2004, il est nommé par le Président Bouteflika chef d'état-major de l'armée en remplacement de Mohamed Lamari. A partir de 2013, il est vice-ministre de la Défense nationale en remplacement d'Abdelmalek Guenaïzia. Ahmed Gaïd Salah fait partie de ceux qui obtiennent en 2015 la mise à la retraite du dirigeant du puissant département du renseignement et de la sécurité (DRS) Mohamed Mediène, emprisonné les hommes les plus puissants du régime et tenu à organiser dans les délais une élection présidentielle qui a abouti à l'élection du nouveau Président Abdelmadjid Tebboune, élu lors du scrutin contesté du 12 décembre 2019.
A l'issue de l'investiture du Président Tebboune, le nouveau chef de l'Etat lui décerne le titre exceptionnel de l'ordre de mérite en signe de reconnaissance des efforts qu'il a consentis durant la période où il a réussi à maintenir l'ordre et la paix ainsi que la sécurité des citoyens. Ahmed Gaïd Salah est mort le lundi 23 décembre à Alger des suites d'une crise cardiaque en son domicile. Ahmed Gaïd Salah était le dernier haut responsable à avoir participé à la guerre d'indépendance.
Abbassi Madani, né le 28 février 1931 à Sidi-Okba près de Biskra (Algérie) et mort le 24 avril 2019 à Doha (Qatar). Il fut le cofondateur et le président du FIS (Front islamique du salut) en Algérie, dissous en mars 1992 par le tribunal administratif d'Alger. Il commence ses études dans une école coranique puis entre en 1941 dans une école de l'association Ulamâ (d'Ibn Badis) et suit les cours dispensés à la Masjidia du cheikh Nuaïmi. Il adhère au PPA-MTLD et participe à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie dans les années 1950. Membre du groupe Marzougui, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, il est chargé de poser des bombes à Radio-Alger. Arrêté le 17 novembre 1954, il passe toute la durée de la guerre en prison. Après 1962, il milite au sein du FLN jusqu'à la fin des années 1970. A l'occasion des élections municipales de juin 1990, le FIS remporte largement le scrutin dans la majorité des grandes villes algériennes. Après l'arrêt du processus électoral de 1991 et les manifestations organisées par le FIS, Abbassi Madani lance, le 28 juin 1991, son premier appel à la désobéissance civile. Il est incarcéré à la prison de Blida et condamné à 12 ans de prison le 15 juillet 1992.
Le 15 juillet 1997, il est libéré de prison et mis en résidence surveillée. Il sera libéré le 2 juillet 2003, sous la présidence de Bouteflika et lance un appel à la fin de la lutte armée le 25 août 2003 puis va au Quatar, où il mourra le mercredi 24 avril 2019 à l'âge de 88 ans d'une longue maladie à Doha (capitale du Qatar).
Mourad Medelci, né le 30 avril 1943 à Tlemcen et mort le 28 janvier 2019 à l'âge de 75 ans. Il a été ministre des Finances à deux reprises entre 2001 et 2007, ministre des Affaires étrangères de 2007 à 2013, il a présidé le Conseil constitutionnel de 2013 à 2019. Proche du chef de l'Etat, Mourad Medelci avait validé, en 2014, la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à un quatrième mandat. Licencié en sciences économiques de l'Université d'Alger en 1966, il occupera des postes de direction dans plusieurs groupes publics. De 2002 à 2005, il est conseiller à la présidence de la République. De 2007 à 2013, il occupe le portefeuille de ministre des Affaires étrangères. En septembre 2013, il est nommé à la tête du Conseil constitutionnel algérien.
Il remplace Tayeb Belaïz. Mourad Medelci est mort le lundi 28 janvier 2019 à l'âge de 75 ans, à moins de 3 mois avant la tenue de l'élection présidentielle.
Brahim Brahimi, ancien secrétaire d'Etat dans le gouvernement de Mohamed Ben Ahmed Abdelghani (1979-1980), sous l'ère Chadli Bendjedid, est décédé vendredi 27 décembre à l'âge de 72 ans. Brahim Brahimi avait occupé le poste de secrétaire d'Etat chargé des Forêts dans le premier gouvernement de Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, du 8 mars 1979 au 15 juillet 1980. Brahim Brahimi est connu et apprécié par la corporation du journalisme, à laquelle il a apporté ses analyses et ses éclairages sur l'évolution de la presse et ses challenges. Il a 'uvré au développement de la presse libre et s'était surtout engagé avec de nombreux journaux privés qui avaient ouvert leurs colonnes à ses contributions spécialisées. Brahim Brahimi est diplômé de l'Institut de journalisme d'Alger et de l'Institut français de presse. Il est titulaire de deux doctorats ? en sciences de l'information et en sciences politiques. Brahim Brahimi avait fondé en octobre 2009 l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information (ENSJSI), qu'il a dirigée jusqu'à son départ à la retraite, en 2013.
Saïd Abadou, le secrétaire général (SG) de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) et ancien ministre des Moudjahidine. Saïd Abadou est décédé mercredi 12 juin 2019, à l'âge de 84 ans, des suites d'une longue maladie. Le défunt a rejoint tôt les rangs de la guerre de Libération nationale. Il était officier de l'ALN dans la Wilaya VI jusqu'à son arrestation en 1961 par l'armée française lors de la bataille de Mélika. Au lendemain de l'indépendance, il a occupé le poste de mouhafedh du FLN dans les wilayas de Ouargla, Béchar et Tiaret. Par la suite, il a été élu député de l'APN avant d'occuper le portefeuille de ministre des Moudjahidine de 1994 à 1999.
Fouad Boughanem, directeur du quotidien Le Soir d'Algérie, est décédé le 5 juin 2019, à Alger, à l'âge de 65 ans, des suites d'une longue maladie. Il a affronté, les derniers mois de sa vie, le mal qui le rongeait avec beaucoup de courage et une grande discrétion, sans se départir de sa bonne humeur et de sa gentillesse qui le caractérisaient et que tous ses collègues de la Maison de la Presse Tahar-Djaout lui reconnaissaient. Aimable et généreux, Fouad n'avait partout que des amis. Membre fondateur du quotidien Le Soir d'Algérie en 1990 en compagnie de quatre autres confrères (Zoubir Souissi, Djamel Saïfi, Maâmar Farah et Mohamed Bederina), Fouad Boughanem a pris en main la direction du journal en 1999 dont il fera une publication assez complète, attrayante et attractive, grâce à son implication de tous les instants dans le processus de fabrication du journal.
Ali Fodil fut une figure emblématique de la presse et de la télévision. Le président-directeur général du groupe Echourouk, Ali Fodil est décédé jeudi 24 octobre 2019 à l'âge de 63 ans. Pour ceux qui l'ont côtoyé, Ali Fodil n'eut droit qu'à quelques jours de repos seulement en 30 années de travail de journaliste. Il est connu pour sa grande débauche d'énergie. En 2000, il lance Echourouk qui a atteint rapidement 600 000 exemplaires/jour, un haut tirage qui le place après le grand journal égyptien El-Ahram. Ceci lui permit une aventure d'ailleurs réussie dans le paysage médiatique audiovisuel avec Echourouk TV et Echourouk News avec lesquels il a occupé le haut du podium.
Abdelkrim Ben Kherfellah, comédien, homme de théâtre, qui a également pris part à plusieurs œuvres du cinéma et de la télévision, est décédé mercredi 9 octobre 2019 à Alger à l'âge de 77 ans. Né en 1942 à Alger, Abdelkrim Ben Kherfellah a commencé sa carrière de comédien en compagnie de son acolyte Ahmed Kadri, alias «Krikèche», dans la troupe de l'association Nedjmet Essabah créée en 1958 dans la Haute-Casbah d'Alger par Krikèche.
Abdelkader Tadjer, homme de théâtre et acteur de cinéma, est décédé le 9 février 2019 à Alger, à l'âge de 80 ans. Né en 1939, Abdelkader Tadjer avait commencé une carrière dans le quatrième art en tant que comédien et metteur en scène puis dramaturge avant de faire son entrée dans le monde du cinéma et camper plusieurs rôles. Au théâtre, le défunt avait commencé sa carrière au lendemain de l'indépendance de l'Algérie et côtoyé Mohamed Boudia, Mustapha Bouhrir et Hadj Omar. Au Théâtre national, il avait monté plusieurs pièces.
Aziz Degga, acteur algérien, est décédé le 2 avril 2019, à l'âge de 74 ans, à la suite de problèmes de santé. Né le 10 novembre 1945 à El-Biar, Alger, Aziz Degga était un fin imitateur, comique, mais aussi animateur. Il a débuté sa carrière dans les années 1960 comme animateur à la Cinémathèque. Son humour, mais surtout sa joie de vivre l'ont, par la suite, aidé à devenir un acteur très estimé par les téléspectateurs algériens. Le comédien Aziz Degga a joué dans de nombreux films, notamment celui de Omar Gatlatou. Après sa retraite, il s'est consacré aux sketches, aux gags et à l'écriture de contes pour enfants.
Azwaw Mammeri, artiste-plasticien, est décédé le 15 mai 2019 à l'âge de 65 ans. Il était très connu sur la scène artistique algérienne et internationale durant les années 1980-1990. Lorsque éclatent les événements d'Octobre 1988, l'artiste est tellement marqué par la violence de la répression qu'il peint une série de toiles qu'il accrochera sur les cimaises de l'enceinte universitaire de Bab Ezzouar en 1990, en guise de soutien à la grève des étudiants.
Aziz Chouaki, né le 17 août 1951 à Tizi Rached en Algérie et mort le 16 avril 2019 à Paris, est un écrivain, musicien, romancier, dramaturge qui se définit comme un artiste algérien francophone. Poète et dramaturge natif de Kabylie, Aziz Chouaki était exilé en France depuis 1991. Son grand-père, Mohamed-Saïd Hadjeres, est le premier instituteur musulman de l'Ecole normale durant la période coloniale française. Dès 1955, en pleine guerre d'Algérie, Aziz Chouaki rejoint la capitale avec sa mère institutrice. C'est en faisant son service militaire, en fouinant dans la bibliothèque de la caserne, qu'il découvre la littérature française classique. À sa sortie, en 1977, il se met à écrire. En 1983, il publie son premier livre.
Mansour Abrous. En janvier 2019, nous quittait, pour toujours, le journaliste culturel Mansour Abrous. Il laisse de nombreux ouvrages sur l'art en Algérie, dont «L'annuaire des arts en Algérie 1962-2002». Etant établi à Paris depuis de longues années, où il occupait le poste de chargé de mission culture à la Ville de Paris, le défunt était resté attaché au pays, toujours présent et disponible à contribuer à la vie culturelle algérienne. Il a publié un grand nombre de dictionnaires et livres de grande importance qui concernent l'art et la culture algériens.
A. B.


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