Algérie

2020, l'année de toutes les peurs



Jamais l'économie mondiale n'a été aussi mise à mal que lors de cet an de disgrâce 2020, du fait, en grande partie, de la panne ayant lourdement frappé les économies des pays leaders qui ont payé le prix fort de l'arrêt brutal induit par la pandémie de coronavirus, influant directement sur l'activité économique mondiale, notamment sur celle des pays comme l'Algérie qui, déjà, depuis bon nombre d'années, aligne les exercices où tous les indicateurs économiques n'ont pas fini de susciter un tas d'appréhensions.Et dire que durant cette année devaient entrer en vigueur les réformes suggérées par le nouveau pouvoir qui, en fin de compte, s'est retrouvé, d'une part, prisonnier d'une conjoncture mondiale aussi improbable qu'une pandémie du genre de celle qui sévit encore avec son lot d'immenses impacts de toute sorte, et d'autre part, du legs des années Bouteflika, désastreuses sur le plan économique, et extrêmement dur à porter pour le nouveau personnel en charge de redonner du souffle au pays.
Presque dans son entièreté dépendante de la manne des hydrocarbures, l'Algérie est en train de payer le prix fort, tel que le reflète la loi de finances 2021. Une loi de finances dont l'élaboration s'est appuyée, bien entendu, sur les données de cette inqualifiable année 2020, lors de laquelle les performances réalisées par le secteur nourricier du pays n'augurent pas l'optimisme.
Des chiffres implacablement inquiétants énoncés lors d'une séance à l'Assemblée nationale, en novembre dernier, par le ministre de l'Energie qui faisait état de 41% de baisse des revenus pétroliers jusqu'à septembre dernier, n'atteignant que 14,6 milliards de dollars, alors qu'au même mois de l'année dernière, déjà pas très brillante, ces recettes dont dépend le budget de l'Etat étaient de 25 milliards de dollars. En conséquence, toujours selon le ministre de l'Energie, les recettes engrangées grâce à la fiscalité pétrolière, jusqu'à fin septembre dernier, avaient atteint 1 441 milliards de dinars, soit une baisse de 31% par rapport à l'année dernière. Ainsi, la réduction des revenus pétroliers a déteint encore plus que de coutume sur la loi de finances. Pour l'année qui s'annonce, le gouvernement a pris en compte un prix du baril de pétrole à 40 dollars, prix jugé par trop prudent, pour donner lieu à des prévisions budgétaires de crise. En effet, si l'on doit se fier aux prédictions, le déficit budgétaire devrait afficher 3 614,42 milliards de dinars en 2021, alors que pour cette finissante année, il est prévu qu'il atteigne 2 954,88 milliards de dinars, selon la loi de finances complémentaire 2020. Déficit qui atteindra 13,75% du produit intérieur brut (PIB) alors que pour cette année, la loi de finances complémentaire l'avait estimé à 10,4% du PIB, au moment où le déficit du Trésor atteindra les 17,6% du PIB.
Des chiffres qui n'ont pas empêché le gouvernement d'affirmer, malgré tout, que le «cadrage budgétaire» pour la période 2021-2023 sera marqué par la poursuite de la stratégie axée sur la maîtrise des dépenses publiques et l'amélioration progressive des recettes fiscales, sans toucher aux transferts sociaux.
Le jour où le pétrole s'est vendu à un prix négatif
Une bien plus mauvaise passe que l'on doit donc au capricieux, plus que jamais, prix du baril de pétrole et à la propension de l'économie algérienne à ne pas vouloir (ou pouvoir) se libérer de la dépendance des richesses du sous-sol du pays.
Désormais, il restera pour les pays producteurs de pétrole ce moment unique dans l'Histoire : cette journée du lundi 20 avril 2020, le jour où une petite bouteille d'eau coûtait plus cher qu'un baril de pétrole ! Avant de grimper aux alentours des 51 dollars qu'il coûte depuis quelques semaines, la mémoire collective gardera ce moment où le brut américain a plongé profondément en territoire négatif, et le Brent est tombé en dessous de 20 dollars le baril, happé par la pandémie Covid-19 et une guerre des prix entre les géants pétroliers, l'Arabie Saoudite et la Russie.
Le reste de l'année, les acteurs du marché mondial d'or noir ont été contraints de braquer leurs regards sans jamais détacher les yeux de la scène diplomatique occupée par les ministres de l'Energie des pays producteurs focalisés sur la recherche d'accords consacrés à la redynamisation du marché par ces temps où la demande, certes, reprend dans une certaine proportion, mais tarde à se hisser à un niveau d'offre encore élevé.
Cette incertitude qui a conduit les autorités du pays d'ailleurs à fixer à 40 dollars le prix de référence pour l'établissement de la loi de finances pour l'année 2021, cette année qui verra la pression monter un peu plus sur les autorités du pays, obligées de donner corps aux réformes économiques promises.
Conjoncture certes difficile, mais face à laquelle «l'Etat dispose de moyens nationaux pour y faire face», selon la conviction du premier magistrat du pays qui s'exprimait lors d'une réunion avec quelques-uns de ses ministres mis au-devant de la scène, lorsque la pandémie commençait à frapper le pays.
Azedine Maktour


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