A peine dix-huit mois de son investiture à la tête de l'Etat français, le président Emmanuel Macron est entré, depuis l'été, dans une zone de turbulences qu'il n'avait pas vu venir au début de son quinquennat et donc à laquelle il ne s'était pas préparé.
L'année 2018 a été pour lui une année difficile avec d'abord des fissures au sein de son staff et de son équipe gouvernementale. Déjà à quinze mois d'exercice du pouvoir, il a connu sept départs de son exécutif. Le coup dur aura été la démission, en octobre dernier, de son très proche ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, après plusieurs semaines de confusion au sommet de l'Etat.
Cette déconvenue émanant de son principal soutien, ont estimé des analystes, a fragilisé un Président qui, croyant en sa force interne, osait même défier Donald Trump et Vladimir Poutine sur les grandes questions internationales. Peu avant cette démission, l'écologiste Nicolas Hulot a claqué la porte du gouvernement le 28 août pour un désaccord sur la politique écologique et pour laquelle il s'y était engagé. L'autre pilule amère qu'il dû avaler contre son gré est le scandale lié à son conseiller en sécurité, Alexandre Benalla, qui a ébranlé la composante de son staff direct en mettant le doigt sur la façon de gouverner et sur les prérogatives prises par les personnes proches.
Cette affaire, éclatée en été, a provoqué la plus grave crise de la présidence d'Emmanuel Macron, induisant une grande cacophonie sur le plan de la communication institutionnelle.
Malgré ces coups encaissés, son équipe gouvernementale, dirigée par le Premier ministre, Edouard Philippe, continuait son chemin de réformes que le candidat Macron avait promis aux Français. Cependant, même si la majorité des Français est d'accord avec ces réformes, beaucoup lui reprochent d'avoir ouvert plusieurs chantiers à la fois et d'avoir engagé un rythme qui va "plus vite que la musique".
Le ras-le-bol fiscal, un effet détonateur
Le président Macron ne pensait pas que la mise en ?uvre de ses réformes allait ébranler les équilibres sociaux jusqu'à toucher le pouvoir d'achat des Français, dont la majorité arrive à mal boucler la fin du mois depuis déjà des années.
Pourtant, l'année 2018 lui a montré que la société française était en effervescence. Plusieurs mouvements sociaux ont été déclenchés au cours de l'année : les étudiants, les lycéens, les retraités, le personnel de la santé, les travailleurs. Une colère qui n'a pas été perçue à sa juste mesure jusqu'à la goutte qui a fait déborder le vase, en l'occurrence la taxation des prix du carburants. Ce ras-le-bol fiscal, exprimé par les "gilets jaunes", un mouvement populaire qui n'est ni syndical ni politique, a fait émerger le malaise social longtemps couvé par les Français pour crier leur colère contre la gouvernance d'un chef d'Etat qu'on qualifie de "président des riches" ou "des plus riches". De l'avis de nombreux analystes, ce mouvement, même si sa mobilisation, qui dure déjà depuis plus d'un mois, a été émaillée de violences, montre le fossé existant, depuis de longues années, entre les gouvernants et la population. Pour calmer les esprits et apaiser cette situation plus qu'alarmante, plusieurs mesures socio-économiques ont été décidées par le gouvernement, mais les "gilets jaunes", qui restent un mouvement sans structure, constituent pour le président français une véritable problématique en raison de l'absence d'interlocuteurs, donc aucune passerelles de dialogue.
Le tableau économique est loin d'être rassurant
De jour en jour et au fur à mesure que leur mouvement se radicalise et s'installe dans la durée, malgré un recul accusé ces dernières semaines, les "gilets jaunes", toujours soutenus par les deux tiers des Français, sont en train de marquer, de l'avis de nombreux observateurs, un tournant dans le quinquennat d'Emmanuel Macron, dans une situation où sa capacité à réformer et sa popularité qui se sont abîmées, où il ne pourra plus gouverner comme il l'a déjà fait durant les premiers dix-huit mois.
Le quotidien Le Monde a révélé, dans sa livraison de samedi dernier, que le président Macron a pris conscience, à travers la crise des "gilets jaunes" de la haine d'une partie des Français.
Pour tenter de trouver une issue, il s'est appuyé sur un petit cercle de fidèles, a-t-il indiqué. Et comme un malheur ne vient pas généralement seul, la situation économique, alors qu'on espérait son amélioration, a enregistré un "impact sévère" de ces perturbations, selon le ministre de l'Economie, Bruno Lemaire. Le tableau est loin d'être rassurant pour cette période de fin d'année, a-t-il alerté.
L'année 2018 se terminera, selon les pronostics de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), sur une croissance ramenée à 1,5 %, ce qui est très faible, avec une perspective 2019 encore plus dégradée due à une conjoncture internationale défavorable. La dette publique devrait avoisiner, selon la même source, le taux de 100 % du produit intérieur brut (PIB). Clôturant une année qui a été compliquée pour lui, le président Macron doit trouver, dès la première semaine de 2019, le chemin de l'apaisement et de la sérénité pour pouvoir entamer l'acte II de son quinquennat dans lequel il devra impérativement apporter des réponses rapides aux défis économiques, tout en restant à l'écoute des palpitations sociales.
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Posté Le : 31/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com