Algérie


2017
Incroyable mais vrai ! Un simple coup d''il à l'annexe "A" de la loi de finances pour 2017 publié sur le site du Journal officiel de la République algérienne du jeudi 29 décembre 2016 montre plusieurs erreurs grossières de calcul, impliquant un écart qui se chiffre en milliers de milliards de dinars.Cet état qui reprend, chapitre par chapitre, les ressources du budget général de l'Etat comporte, en effet, plusieurs erreurs d'addition. S'agissant du cumul des recettes fiscales, produits des contributions directes, d'enregistrement et du timbre, des impôts divers sur les affaires (dont la TVA sur les produits importés), contributions indirectes, des douanes, le sous-total indiqué, exprimé en milliers de dinars, est de 2 845 374 000 DA alors qu'il est exactement de 2 815 383 000 DA, soit une différence de plus 29 991 000 000 DA. Plus grave encore, nul besoin de calculette pour effectuer ensuite une simple addition de "tête" des recettes ordinaires exprimées en milliers de dinars et déclinées chapitre par chapitre pour relever une apparente contradiction, une fâcheuse ambiguïté accentuée par des chiffres largement arrondis : 25 000 000 + 75 000 000 + 20 000 ne donnent pas un sous-total de 100 000 000, comme mentionné, mais bien 100 020 000, soit une différence de moins 20 000 000 DA. On n'en croirait pas ses yeux. Après corrections, le total général des recettes est donc de 5 605 523 000 000 DA et non pas de 5 635 514 000 000 DA tel qu'indiqué en chiffres et en lettres dans le corps du texte à l'article 115 qui stipule : "Conformément à l'Etat A annexé à la présente loi, les recettes, produits et revenus applicables aux dépenses définitives du budget général de l'Etat pour 2017 sont évalués à cinq mille six cent trente-cinq milliards cinq cent quatorze millions de dinars (5 635 514 000 000 DA)."Un écart-erreur de... 300 millions de dollarsLa différence totale est de plus 29 971 000 000 DA, soit environ 300 millions de dollars américains.Ces erreurs laissent pour le moins perplexe et suscitent des interrogations quant à la fiabilité de l'information délivrée par les autorités nationales.Elles jettent, en tout cas, le trouble sur la crédibilité des évaluations et l'exactitude des informations et des prévisions figurant dans la loi de finances et, plus généralement, dans les documents officiels. Sans omettre qu'elles viennent mettre à mal la cohérence des projections financières, notamment sur cette fameuse "vision économique" censée faire de l'Algérie un "pays émergent" en moins de deux ans, dixit le Premier ministre, Abdelmalek Sellal.Enfin, cette bévue, un impair impardonnable, dénote d'un manque de coordination inacceptable entre les différentes institutions du pays. Une loi de finances ne peut avoir, en effet, de caractère approximatif et ne doit, en aucun cas, souffrir quant à l'exactitude et la sincérité des chiffres qu'elle contient. Un peu de vigilance de la part du secrétariat général du gouvernement, du Conseil des ministres, notamment du ministre en charge du Budget ou encore des centaines de parlementaires des deux chambres auraient pu dispenser, aujourd'hui, nos lecteurs de ricaner et, plus grave, de douter définitivement, et plus que jamais, du sérieux du gouvernement.Mohamed-Chérif Lachichi


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