Algérie

2015, le saut dans l'inconnu



2015, le saut dans l'inconnu
S'il y a un indice de l'impasse régnant en haut lieu, c'est bien le retard pris dans la mise en ?uvre de la réforme constitutionnelle. 2014 s'achève et nul ne sait si le projet, annoncé pourtant en grande pompe, verra le jour, car le contexte politique et économique va en s'aggravant : la vacance du pouvoir se prolonge en raison de l'incapacité physique de Bouteflika à assumer ses fonctions essentielles, les revenus tirés des exportations d'hydrocarbures s'effondrent et les émeutes populaires se multiplient tant par leur nombre que par leur intensité.En apparence, le rapport soumis par Ouyahia au président de la République sur les consultations autour de la Constitution a fini dans un tiroir, à l'image du document remis par Bensalah il y a trois ans. Un rapport au demeurant d'une extrême indigence du fait de l'absence de propositions de l'opposition, qui avait boycotté les rencontres.Quand bien même la révision constitutionnelle est programmée pour 2015, elle ne sera qu'une coquille vide, le pouvoir n'étant animé d'aucune volonté de se remettre en cause, encore moins d'imaginer un autre pacte constitutionnel pour la nation : c'est l'esprit et la lettre du quatrième mandat, la pérennisation du régime Bouteflika, cette hérésie que laisse en héritage l'année 2014.C'est pour toutes ces raisons que l'opposition a revendiqué tout autre chose : la mise en place d'une transition démocratique, proposition qui a vite fait bondir les autorités qui refusent de se rendre à l'évidence qu'il est temps d'aller vers la légitimité populaire, usurpée par les multiples pouvoirs qui se sont succédé depuis l'indépendance, avec la bénédiction de l'armée, y compris le régime Bouteflika.Depuis 1962, c'est le règne des autocrates, le peuple n'ayant jamais eu démocratiquement voix au chapitre, n'étant convoqué aux urnes que pour plébisciter des dirigeants choisis soit par les militaires, soit par le parti unique ou des coalitions de formations hétéroclites étroitement liées aux dirigeants. Le blocage est aujourd'hui total dans le pays, avec toutes ses conséquences sur sa stabilité interne.Rien ne laisse deviner, pour 2015, une quelconque ouverture politique en direction de l'opposition, choquée par tant de mépris à son égard et surtout lourdement inquiète pour l'avenir de la nation ; elle est réduite à regarder avec admiration et envie le voisin tunisien, où se déroule de manière remarquable un processus de transition politique mis en ?uvre depuis deux années.La Tunisie engrange succès après succès, en dépit de la forte pression du terrorisme, du chantage des islamistes et d'une situation économique désastreuse. Si le départ de Ben Ali a été la condition première du changement, la combativité de la société civile a été déterminante.Ajouter à cela la maturité de la classe politique tunisienne qui, dans sa majorité, s'est ralliée à l'idée qu'il fallait faire table rase du passé et construire l'avenir du pays par le consensus de toutes les forces politiques et sociales. Le choix de la transition démocratique a été salutaire, il est en train de baliser la route de la Tunisie de demain. Parce que ses puissants n'ont pas fait ce choix, l'Algérie est restée à la traîne. Pis, elle est réduite à foncer droit dans le mur à vive allure.




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