2015... année pivot pour un changement mondial

Quand en septembre 2000, lors de l'AG annuelle de l'ONU, le secrétaire général de l'époque, Kofi Annan, avait lancé les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avec pour finalité la réduction de 50% de la pauvreté dans le monde - notamment en Afrique - et son élimination à terme, le projet a été accueilli avec satisfaction, tempérée toutefois par un certain scepticisme. Nous voici en 2015, temps imparti pour réaliser l'essentiel des buts assignés aux OMD. Quel bilan peut-il être tiré des avancées vers le mieux-être des pays les plus pauvres' Sans doute est-il un peu tôt pour un tel bilan quand le grand défi de l'élimination de la pauvreté reste encore à tenir. En effet, en l'état actuel de la situation dans le monde et en Afrique en particulier, il peut être estimé que les cibles à atteindre ne l'ont pas été de manière assurée et les progrès restent mesurés dans le domaine de la pauvreté monétaire; de la santé - Ebola a fait des ravages ces derniers mois dans l'Ouest africain -; de la faim; du logement; de l'exclusion - des Africains sont encore exclus de l'éducation, des soins de santé (cela a été constaté lors de l'épidémie Ebola) où la parité entre les sexes est encore et toujours malmenée dans le Monde arabe. Si des retards sont relevés dans le monde, il n'en reste pas moins que c'est en Afrique que le défi est, par ses dimensions, presque insurmontable. Huit objectifs figuraient au calendrier de l'ONU: la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim; assurer l'éducation primaire pour tous; promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes; réduire la mortalité infantile; améliorer la santé maternelle; combattre le VIH-sida, le paludisme et d'autres maladies; assurer un environnement durable; mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Ces huit objectifs se déclinaient en 21 cibles, évaluées par 60 indicateurs statistiques. Selon un rapport de 2013 de la Banque mondiale (BM) seules quatre des 21 cibles ont été atteintes ou le seraient vers la fin de 2015. Si ces quatre cibles sont atteintes ou vont l'être d'ici la fin de 2015, il n'en reste pas moins que les inégalités entre les régions sont encore grandes. Ainsi, le rapport de la BM, précise: «Si vous regardez l'échelle nationale, c'est encore plus déprimant. Prenez [l'échelle des] régions pour les OMD, l'Asie de l'Est et du Pacifique s'en sortent très bien, car nous nous attendons à ce que tous les OMD soient remplis [...] Si vous regardez l'Afrique subsaharienne, aucun ne sera atteint.» L'Afrique mauvais élève' Pas si sûr. Aussi, si l'on se hasarde à faire un bilan chiffré des avancées de l'OMD, force est d'admettre que le compte n'y est donc pas pour le continent noir. Pourtant, les OMD sont le projet onusien le plus ambitieux et le plus abouti jamais mis sur pied au plan international. En effet, pour la première fois les décideurs loin de promesses, souvent sans lendemain, ont fixé des objectifs chiffrés avec des délais définitifs: 2015. Mais, encore une fois, nombre d'Etats n'ont pas joué franc jeu. Ainsi, l'aide attendue de l'Europe et des Etats-Unis - certes la crise économique avait induit un ralentissement de la croissance dans ces pays - n'est pas venue ou de façon fragmentaire sans effet sur l'avancée des OMD dans certaines contrées. D'autre part, les pays africains - où les guerres se poursuivent et le terrorisme se développe de manière inquiétante - n'ont pas non plus été à la hauteur des attentes et ont été incapables, dans nombre de cas, de suivre le rythme des réalisations produites ailleurs dans le cadre des objectifs du Millénaire pour le développement. Il y avait une inter-action qui n'a pas été convenablement prise en charge par notamment certains dirigeants africains braqués sur d'autres inquiétudes. Il est vrai que de nombreux pays africains ont été fragilisés par les programmes d'ajustement structurel imposées par le FMI qui ont bouleversé leurs assises sociales et productives. Il n'en reste pas moins que le retard pris par l'Afrique, à quelques mois de la fin de la première phase des OMD, reste pénalisant pour le continent. C'est dans le contexte du bilan général des OMD, en septembre prochain, que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait lancé, jeudi dernier, une campagne globale de communication mettant en exergue «2015» année pivot «pour un changement mondial». Ainsi, indique-t-on, des décisions majeures devraient être prises lors de trois réunions internationales de haut niveau qui auront lieu au long de l'année.