Algérie

200 DA le casier de sardine


« Les gagnants dans l'affaire, ce ne sont pas les pêcheurs, eux qui bataillent rudement en supportant les risques du métier ». Au moment où la petite sardine, appelée dans le jargon des marins pêcheurs la « Basta », risque de bousculer les prix des produits de la mer vers l'effondrement, les sardiniers s'organisent pour éviter le pire. Après une phase de croissance de la production de la sardine relevée ces dernières semaines, le prix de vente du poisson a brutalement régressé au marché de gros de Ghazaouet. Le prix de la sardine, qui s'était stabilisé, dès la fin de l'année passée, entre 150 et 250 DA le kg, a connu une baisse vertigineuse de plus de 80% au détail depuis ces derniers jours.Au gros, au niveau de la halle à marée, il est signalé que le casier de sardine de 16 à 18 kg est liquidé à 200 DA, suite à l'augmentation de l'offre par la flottille des senneurs. « Si pour la crevette et les poulpes cela pourrait s'expliquer par le fléchissement engendré par la demande sur le marché espagnol de l'autre rive de la Méditerranée, pour le reste des produits, il est surtout lié à la saturation du marché local qui semble être atteinte », nous expliquent des exportateurs et mareyeurs locaux.« A ces prix, même si nous rentrons en vrac (une grande quantité de poissons à bord) toutes les nuits, les recettes réalisées en fins de semaines arrivent à peine à couvrir les charges des bateaux et du personnel. Pour ce jeune diplômé de l'université, fier d'exercer le métier de marin, hérité de son père, la question est liée à l'opacité des pratiques de commercialisation. « Les gagnants dans l'affaire ' Ce ne sont surtout pas les pêcheurs qui bataillent rudement, supportant les difficultés et les risques du métier, s'indigne-t-il, mais ce sont les négociants et intermédiaires qui viennent, cigare à la main, prendre la sardine presque gratuitement (10 à 30 DA le kilo) puis la revendre dans les grandes métropoles avec des marges bénéficiaires faramineuses ». L'analyse fournie par un échantillon d'armateurs et mandataires rencontrés face au port, au café « La Marina », est tout autre.Stabiliser les prixLa gestion du marché du poisson de Ghazaouet fait l'objet de conflits qui n'en finissent pas entre les services, l'APC et l'entreprise chargée de la gestion du port. Ces derniers, au lieu de réfléchir à des solutions viables conciliant les intérêts des uns et des autres, se plaisent au bras de fer qu'ils s'imposent discrètement, depuis des années, à travers des pseudos médiateurs, concessionnaires et « affairistes » d'occasion, interposés. Tout ça sur le dos du pêcheur qui, pourtant, paye la facture. En effet, caractérisées par un système de commercialisation traditionnelle, diverses contraintes y sont observées. Ça va de l'état repoussant des lieux de débarquement pour la mise à prix à la criée, à celui répugnant des étalages des poissonneries municipales, en passant par l'insuffisance des moyens de stockage et de conservation. A cela, viennent s'ajouter les mauvaises pratiques de commercialisation, notamment pour la petite sardine, le saurel, le maquereau et le merlu.Face à la saturation actuelle du marché, les représentants des professionnels, tirant les enseignements des expériences vécues, recommandent, à titre temporaire, une seule sortie en mer par nuit et par bateau ainsi que des prises ne dépassant pas une centaine de casiers de sardine de taille autorisée ; le but étant d'aboutir à un niveau d'équilibre acceptable par l'ensemble des intervenants, principalement les pêcheurs qui doivent y trouver leur compte. Rencontrés cette nuit à la pêcherie au moment du débarquement, les pêcheurs et patrons de pêche semblent très satisfaits de cette mesure. « Il y a des quantités importantes de poissons, mais nous devons respecter cet équilibre pour stabiliser les prix et protéger la zone de pêche », dira Sid Ahmed, un ancien patron de pêche. Moulay El Hadj, un autre patron de pêche, souhaite que, dans d'autres ports, en l'occurrence, Beni Saf, Bouzedjar, les marins fassent la même chose.
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