«L'exil est la
nudité du droit». Victor Hugo (1802 - 1885)
Le refuge ou
l'exil n'est jamais un choix. C'est l'ultime recours pour survivre. Peu importe
la nature de la menace. Guerre, dictature, faim, manque de tendresse ou d'amour,
désert, vide, néant... peu importe. Partir, verbe intransitif du 3ème groupe
signifiant s'en aller. Marcher. Vers où ? Jusqu'où ? Et puis peut-on s'évader
de soi-même ? «Vous pouvez enlever un homme de son pays, mais vous ne pouvez
enlever le pays de son coeur», a écrit le martyr Pablo Neruda. Parce qu'à
l'inverse du réfugié ou de l'exilé qui quitte son pays, le pays, lui, ne le
quitte jamais. L'exilé porte tout le poids de son pays au coeur. Les joies du
pays comme ses peines. C'est beaucoup pour un seul coeur isolé. Supplice de
jour comme de nuit. Surtout de nuit. «Apatride» tu es, lui dit-on là où il est
reçu. Autre exclusion. Six milliards et demi de terriens... et lui. La terre
entière... et lui. Barrières, frontières entre lui et la vie, l'amour, la
liberté. Des milliards d'ayants droit à la liberté... et lui. L'exilé n'est
rien d'autre que l'image ancrée dans nos subconscients de tous les opprimés et
laissés-pour-compte. Le déni de justice et déni d'humanité. Exclu, pauvre,
paria de Paris, New York, Alger, Bamako ou d'ailleurs, tu es aussi exilé chez
toi, en toi ou ailleurs. Le poids que tu supportes est plus lourd, plus
douloureux : tu vis l'exil du dedans. A Hong-Kong, Chlef ou Ghaza, le paria
n'est qu'Un. Injustice des hommes. Les exilés ont toujours été ceux qui
refusent l'injustice et la fatalité des dictatures, y compris celle de la
nature. Poètes, hommes politiques sincères, artistes, simples citoyens.
Socrate, Ibn Khaldoun, Ibn Rochd, Victor Hugo, Lénine, Strotsky, Gabriel Garcia
Marquèz, Nazim Hikmet, Kateb Yacine, Nelson Mandela, Einstein... et des
milliers et des millions d'autres exilés, d'autres réfugiés. Et jusqu'aux
prophètes de Dieu, tous les prophètes de Dieu sans exception ont vécu l'exil.
Injustice, famine, guerre, oppression, peu importe. L'exil est un et un seul.
Tous les exilés du monde doivent se donner la main pour crier au reste du monde
: assez ! Nous voulons aimer et être aimés. Nous voulons la paix et la liberté.
Nous voulons rentrer chez nous. Chez notre Humanité. Celle qui vous manque et
nous manque. Celle de votre maman et la nôtre. Celle que nous devons laisser à
nos enfants et aux vôtres. Faisons le serment que plus un homme, une femme ou
un enfant ne soit plus obligé de fuir, de quitter un quelconque endroit du monde
où qu'il se trouve. Engageons nous à dire tous, dans nos différences, non à
l'injustice, non à la faim, non aux oppresseurs. Défendons le droit de vivre
partout sur la terre libre, seulement libre et rien que libre, parce qu'avec la
liberté, les injustices ne pourront plus terroriser, affamer, tuer. Et les
verbes (s') exiler ou (s) réfugier ne traduiront plus rien d'autre que la passé
d'une histoire de l'Humanité. Comme celle de la Préhistoire qui nous fascine
tant aujourd'hui. Refuge, exil, rimeront alors avec le passé simple et nos
enfants étudieront ce terrible épisode de notre présent.
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Posté Le : 21/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com