Publié le 20.08.2024 dans le Quotidien l’Expression
Zighoud, Abane, Ben M’hidi, leurs noms sont étroitement liés à ces événements qui vont imprimer à la Guerre de libération un tournant décisif pour conduire l’Algérie à l’indépendance.
L'Algérie s'apprête à élire son Président pour les cinq années à venir. Le rendez-vous est fixé au 7 septembre. C'est dans cette atmosphère qu'elle va célébrer le double anniversaire du 20 Août 1955 et 1956.
Une autre manière de convoquer l'Histoire pour ne pas la dévier de la trajectoire que lui ont tracée ceux qui ont fait don de leur vie pour la libérer de plus de 130 ans d'un colonialisme français sauvage. Deux dates qui constituent deux événements «phares» de la Révolution: l'offensive du Nord Constantinois et la tenue du Congrès de la Soummam lui serviront d'aiguillon. 20 août 1955. La Révolution n'a pas encore un an. Zighoud Youcef allume le feu et annonce la couleur. L'enfant de Smendou allait s'imposer comme un fin stratège de la lutte armée et un baroudeur hors pair, sans peur et sans reproches. L'opération qui sera planifiée durant plusieurs mois restera comme un des hauts faits d'armes de la Révolution algérienne. Elle portera l'empreinte d'un de ses plus prestigieux héros, d'une de ses figures les plus attachantes. Des installations militaires et civiles sont ciblées. À Collo, Skikda, Constantine, Guelma... les postes de gendarmerie et de police sont assaillis. Il s'agissait de desserrer l'étau sur l'un des berceaux de la Guerre de libération, révéler d'abord à l'ennemi puis au monde que l'insurrection du 1er Novembre 1954 n'était pas qu'un feu de paille et prouver que la détermination du peuple algérien à se libérer de la domination coloniale française s'inscrivait dans l'impérieux objectif que s'est fixé le Front de libération nationale. C'est ce verrou que fera sauter son frère d'armes Didouche Mourad pour donner une bouffée d'oxygène à la wilaya des Aurès, un haut lieu de la résistance.
«L'insurrection du 20 Août (1955, Ndlr) avait aussi pour but de la soulager de la pression qui s'exerçait sur elle...», souligne Harbi dans son oeuvre L'Algérie et son destin. La Révolution et son peuple allaient se télescoper. L'union est définitivement scellée. 20 Août 1956, un an plus tard, jour pour jour. Ifri Ouzellaguen. Larbi Ben M'hidi préside la réunion. Abane Ramdane, «architecte» de la plate-forme de la Soummam qui a dessiné les contours du futur État algérien, fait fonction de secrétaire. Deux clauses sont incontournables. L'indépendance totale du territoire algérien, d'une part, et doter le futur État algérien d'institutions fortes, démocratiques et souveraines dans tous les domaines, d'autre part. Démontrer tout simplement ses capacités à gouverner. Et pour l'heure, il fallait parer au plus urgent.
Internationaliser la question algérienne. Faire la démonstration de l'existence d'une diplomatie capable de rivaliser avec les plus grandes puissances. Ce qui revenait à soulever des montagnes. L'avenir de l'État algérien se jouait sur le terrain mais aussi au niveau international (ONU, Conseil de sécurité, Conférence des non-alignés, afro-asiatique...). Les appuis seront précieux et, à défaut d'obtenir des soutiens, neutraliser les pays non convaincus de la cause algérienne. Et même sur ce plan-là, la France avait sous-estimé l'offensive algérienne. «La date humiliante du 5 juillet 1830 sera effacée avec la disparition de l'odieux régime colonial.» C'est ainsi que se termine la rédaction de la plate-forme de la Soummam. L'odieux régime colonial a donné naissance à la Guerre de libération en Algérie. L'Algérie fête aujourd'hui le 68e anniversaire du Congrès de la Soummam qui a accouché de sa plate-forme éponyme. Un âge de raison. L'âge de la maturité. Cela devrait suffire pour écrire l'histoire sereinement. Faire taire les animosités. Les positions revanchardes. Le Congrès et la plate-forme de la Soummam ont jeté les jalons du futur État algérien. Un des défis les plus passionnants qui s'est posé à l'histoire des pays colonisés. À une génération d'hommes et de femmes exceptionnels. Ben M'hidi, Abane, ces jumeaux de la Révolution, Zighoud, Hassiba Ben Bouali, Didouche... morts au combat.
Une patrie à conquérir et un État à construire. Le défi a été relevé. Elle a eu ses théoriciens, ceux qui l'ont pensée et rendue effective. Boudiaf, Krim, Aït Ahmed, Abane, Didouche, Ouamrane... les noms reviennent. Presque toujours les mêmes. Des femmes et des hommes à la personnalité attachante, au courage exemplaire, hors du commun. Des phares pour construire l'Algérie de demain. Des repères pour les prétendants au Palais d'El-Mouradia...
Mohamed TOUATI
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Posté Le : 21/08/2024
Posté par : rachids