Algérie

20 ans de Maghreb des livres



20 ans de Maghreb des livres
Le 20e Maghreb des livres, qui s'est tenu à l'Hôtel de Ville de Paris, les 8 et 9 février, a su relever le défi d'une édition-anniversaire. Cette manifestation, lancée en 1994 par l'association Coup de soleil, représente une fête grandiose de la littérature maghrébine trilingue.ParisDe notre correspondantAu fil des ans, plus de 2000 livres d'auteurs contemporains ont été exposés, plusieurs milliers de visiteurs parisiens, particulièrement issus de la communauté maghrébine. Pendant deux longues journées, tous les âges et toutes les catégories sociales se sont côtoyés dans les différentes salles d'activité et le grand hall d'exposition. La version de cette année est de loin la plus exceptionnelle. Tous les indicateurs le confirment, et cela sur tous les plans. Le nombre d'écrivains qui y ont participé, en organisant des séances de vente-dédicace et/ou animant des débats, a atteint plus de 200, alors qu'ils étaient 139 en 2013. De même, le nombre de rencontres-hommages est passé de 4 à 6, plus d'une heure chacune. Les tables rondes, rencontres, cafés littéraires et activités extra littéraires ont été multipliés.Un début modeste En 1993, sur une idée de l'écrivain algérien Rachid Mimouni, le président de Coup de soleil, George Morin, décide de se lancer dans une nouvelle aventure, très ambitieuse : organiser un Salon du livre à Paris dédié exclusivement à la littérature maghrébine. Ainsi fut-il. Le Maghreb des livres devint une réalité, non sans difficulté, une année plus tard. Dans le cadre des Fêtes du livre en France, d'octobre 1994, Coup de soleil mit le projecteur sur une cinquantaine de livres d'auteurs maghrébins, lors d'une exposition de quatre heures, accueillie dans les locaux du Centre national du livre (CNL) à Paris.Une dizaine d'écrivains étaient présents, notamment Mimouni et l'écrivain berbère-marocain Mohamed Choukri. Un début modeste, certes, mais c'était un fer de lance d'un grand projet. C'est le cas de le dire puisque, séduit par le succès de cette idée, le CNL alloue un financement pour une deuxième édition du Maghreb des livres qui va devenir désormais un rendez-vous annuel. L'Etat français prit donc en charge ce Festival de la littérature maghrébo-française. Le CNL, les ministères de la Culture, de l'Intégration et des Affaires étrangères comptaient sur ce genre de festivités pour essayer de réconcilier les mémoires entre la France et ses enfants issus d'anciennes colonies. Il faut dire que l'un des grands succès de ce salon, qui perdure jusqu'à maintenant, a été l'afflux important des jeunes de banlieues.Ainsi, le deuxième Maghreb des livres s'est tenu dans la majestueuse salle Grande halle de La Villette. On y célébra parallèlement le dixième anniversaire de Coup de soleil, créée en 1985. Cependant, dès la troisième année, en 1996, jusqu'à 2001, le Maghreb des livres connaîtra de nouvelles aventures, en déménageant chaque année entre plusieurs salles des mairies d'arrondissements parisiens. Il a su s'imposer comme un salon du livre respectable, dans la région parisienne, avec plus de 3000 visiteurs en l'an 2000.Le booster Delanoë !En mars 2001, Bertrand Delanoë est élu maire de Paris. Ce natif de Tunis et adhérent de Coup de soleil ouvre grandes les portes de son majestueux Hôtel de Ville à ses amis. Depuis, à quelques exceptions près pour raisons de travaux, les locaux de la mairie de Paris accueillent régulièrement Le Maghreb des livres. «Quelques jours après son élection, Bertrand m'appelle et me demande de venir organiser notre salon à l'Hôtel de Ville de Paris», raconte George Morin, le président de Coup de soleil et fondateur du Maghreb des livres. Effectivement, l'édition d'octobre 2001 se tint dans les grands salons de l'immense bâtiment de la mairie de Paris. Le défi était gros. «Il fallait occuper cet espace très vaste et attirer beaucoup plus de public afin de ne pas paraître ridicules», ajoute notre interlocuteur. Etalée sur deux journées, de 11h à 21h, cette édition du Maghreb des livres a été toute particulière. C'était le grand changement ou le déclic attendu par les initiateurs.Des centaines de livres y ont été exposés, des conférences animées et des ventes-dédicaces organisées. L'inauguration même a été faite par la ministre de la Culture de l'époque, Catherine Tasca, accompagnée de Germaine Tillion et de Bertrand Delanoë. Le résultat final était sans appel. C'était d'un parfait succès auquel la presse française a fait l'écho. Le nombre de visiteurs est passé de 3200 à 6700 visiteurs, entre 2000 et 2001. En plus du travail bien ficelé des organisateurs, soutenus par le personnel de la Mairie de Paris, il est vrai aussi que les attentats du 11 septembre ont attisé la curiosité des Parisiens. Et dire que cette édition historique a failli ne jamais avoir lieu à cause de ces attentats. «N'était l'intervention de Lionel Jospin, sollicité par Delanoë, le Maghreb des livres n'aurait pas été tenu, car la préfecture de police de Paris a voulu interdire l'accès à l'Hôtel de Ville pour des raisons de sécurité», précise le président de Coup de soleil. Il y a eu d'autres éditions marquantes comme celle de 2003, à l'occasion de l'Année de l'Algérie en France, ou encore celle de 2010 où le Maghreb des livres a été invité et accueilli par la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Entre-temps, la date du salon a été reportée d'octobre à février. C'est l'une des raisons du succès énorme qu'a connu l'édition de 2011, qui a coïncidé avec la révolution tunisienne. Le Maghreb des livres est rentré, depuis, dans la routine comme un incontournable rendez-vous culturel. Pourvu que ça dure !




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