Malgré une année de revendication populaire, l'Algérie a perdu cinq places dans le classement RSF 2020 de la liberté de presse. Et cette évaluation ne tient pas compte de l'opération "d'enrichissement" du code pénal en cours pour intégrer de nouveaux crimes liés à l'acte d'informer, voire de s'exprimer.Ce processus législatif est soutenu par les médias publics et ceux satellisés autour du régime dans une campagne tendant à convaincre l'opinion de l'utilité démocratique de ce moment de régression jamais vécu par l'Algérie dans le domaine de l'information. Pas même durant les pires accès répressifs du règne Bouteflika, comme en 2003-2004, durant lesquels il infligeait aux éditeurs et journalistes de longues période de harcèlement judiciaire assidu. Qui peut croire que Benchicou a alors payé pour un délit d'infraction au change '
Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans une étrange situation : des militants et des citoyens sont déjà emprisonnés pour les motifs, dont certains, comme l'atteinte à l'unité nationale, le crime de financement étranger, va être à postériori intégrés au code pénal ! La répression va plus vite que la législation et la législation court après la répression !
Pourtant, pour ce qu'il reste de liberté de la presse à étouffer, ce n'était même pas utile de faire voter des lois répressives nouvelles et de mobiliser la fanfare qui aide à vendre un serrage de vis pour un supplément d'ouverture. L'état actuel de la presse fait qu'elle n'est de nul concours à l'information du citoyen ou à la formation de son opinion. Les médias de statut public sont dédiés à l'entretien exclusif de l'image d'un pouvoir qui, par nature, s'autorise l'usage partisan du service public.
Une partie des médias privés a la ligne éditoriale de sa cupidité et l'autre partie à la soumission de son incapacité. Depuis qu'on s'est aperçu que l'information peut servir à gagner de l'argent, nous sommes de plus en plus nombreux à y perdre nos âmes. La tâche s'en trouve facilitée pour le pouvoir ; il n'a plus tellement de presse à réprimer, sinon à la marge, là où survit encore quelque journalisme de conviction.
C'est pour cela que sa nouvelle cible, c'est plutôt la liberté d'expression citoyenne. La traque décidée des fake news sur internet prend alors des airs de coup de grâce donné à une liberté moribonde : après avoir étouffé l'information sérieuse, d'un côté, et décrédibilisé la profession journalistique, de l'autre, il s'attaque à la communication citoyenne justement née de trop de manipulation et trop de répression.
Mais là, si on se propose de réprimer l'expression individuelle jugée subversive, c'est un peuple qu'on se contraindra à surveiller. En Le bilan des décès s'est alourdi dans la wilaya de Aïn Témouchent avec l'enregistrement de deux cas en 24 heures. Ainsi, un nouveau cas de décès a été enregistré hier à l'hôpital de référence des frères Boucherit d'El Amria réservé à la prise en charge des cas atteints de coronavirus.
Rappelons que la veille, un cas de décès avait été enregistré au niveau du même établissement hospitalier, ce qui porte le nombre de décès dans la wilaya de Aïn Témouchent à cinq. Se préparant ainsi à jouer le Big Brother pour l'après-corona, le régime montre qu'il n'a vraiment jamais fini de se tromper d'époque.
M. LARADJ
Posté Le : 23/04/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M LARADJ
Source : www.liberte-algerie.com