«1Posture» de Nedjaï au Palais de la culture

Non, les œuvres de Mustapha Nedjaï ne sont pas que des tableaux ou des objets, mais des créations qui nous regardent et nous tendent les miroirs dans lesquels se reflète notre propre image, celle de la société algérienne...Un délicat lien unit chaque oeuvre, l'une à l'autre, mais une fois arrivé au bout de ce fil invisible, on est très vite tenté de refaire le chemin en sens inverse. L'exposition «1Posture» de l'artiste-peintre Mustapha Nedjaï évoque, avant toute chose, un voyage au fin fond de la conscience de la société algérienne. La vie et le mal-être sont là, au coeur même de la peinture de l'artiste. Mustapha Nedjaï nous fait traverser le mur de la conscience, comme il nous aide à découvrir le moindre petit détail représenté dans ses toiles. C'est drôle, de ces visages, vus de profil, émergent la colère et la rage, mais aussi la soumission et l'allégeance, voire même l'indifférence. Les bandes colorées apposées parfois sur les oreilles, sur les yeux, sur la bouche et même à l'endroit du cerveau sont autant de symboles qui veulent dire long sur la société algérienne, comme «Archétype», «Viande congelée», «esprit barrage», «Composition», ou encore des visages qui s'offrent souvent et qui se dérobent parfois comme «Démoncratie». La mise en scène de l'exposition «1Posture» est très ordonnée, avec un parcours jalonné de sculptures qui reflètent la société algérienne. Un décor vient servir un parcours intelligemment construit et habillement imaginé. Le contexte politico-social est posé dès le début et celui-ci revient, chaque fois sur les œuvres présentées. Cela peut sembler répétitif, mais on sent la volonté de l'artiste d'insister sur la bonne compréhension de son sujet. Oui, l'exposition «1Posture» de Mustapha Nedjaï est impressionnante. On ne peut que rester admiratif devant toutes ses œuvres et ses sculptures, comme TAGC, «teneur atypique en gènes de corruption», cette représentation d'une forme ADN modifiée à l'algérienne ou encore les petites herses dorées posées sur une moquette de couleur rouge et qui, apparemment symbolisent un point de contrôle ou une interdiction. Mais, me concernant, j'avoue que je suis resté bouche bée devant cet ensemble de profils ayant chacun une définition et une particularité typiquement algérienne, genre «âmar rassek», mais aussi devant ce formidable «Puzzle2-Transfuge» pour lequel j'ai eu un véritable coup de coeur. Vous l'avez certainement compris, il s'agit là d'une très belle exposition comme on en voit rarement, une exposition unique qui vaut le déplacement et que, j'avoue avoir attendu avec grande impatience depuis bien longtemps. En sortant, j'étais vraiment ravi, le sujet provocateur est d'une grande densité artistique, excellemment travaillé et très accessible. J'ai enfin pu visiter l'expo «1Posture» de Mustapha Nedjaï à la Galerie Baya du Palais de la Culture et, je vous conseille très fortement d'aller y faire un tour...ou alors pourquoi pas, voire même deux, car la visite, ça vaut vraiment le coup.