Merzak MeneceurC'était presque programmé. L'électorat français a saisi l'opportunité du premier tour des élections municipales de dimanche pour manifester à travers ses comportements les mécontentements qui l'animent face aux effets de la crise économique et sociale que le pouvoir socialiste n'arrive pas à juguler après deux ans de présidence. Face aussi au climat politique délétère marqué par les affaires de corruption, de rétro commissions, d'écoutes téléphoniques, blanchiments d'argent, etc. qui font du mal à la démocratie et à ses valeurs.La première conséquence de cette réalité est le taux d'abstention record enregistré lors de ce premier tour des municipales. Pas moins de 39,50% des 45 millions d'électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Un record historique qui vient confirmer la tendance enregistrée d'élections en élections. Ce désamour des Français vis-à-vis de la politique trouve plusieurs explications, mais la plus dominante est le vote sanction contre François Hollande d'une partie de l'électorat qui lui a permis d'accéder à la présidence en 2012 car déçu par les promesses sociales non tenues. La colère et la résignation ont touché surtout la jeunesse et les ouvriers qui n'ont pas voté à plus de 50%.La deuxième conséquence est l'inquiétant ancrage du Front national sur le plan local. Présent dans 597 circonscriptions, le parti d'extrême droite est arrivé à faire élire dès le premier tour un maire d'Hénin-Beaumont, 26 000 habitants, ce qui est un fait inédit dans une ville du nord du pays. Même si sur le plan national le score du FN est faible, 7%, il est en position favorable dans plus d'une dizaine de villes et peut se maintenir au second tour pour des triangulaires dans 229 villes de plus de 10 000 habitants où il a franchi la barre des 10% des suffrages. Le FN ne cache pas son triomphe pour ce que la socialiste Martine Aubry, maire sortante de Lille, qui se fera réélire au second tour, qualifie de «vote de violence et d'intolérance».Evidemment, cette élection a été marquée par un net recul du parti socialiste qui a déjà perdu des villes et en perdra d'autres à l'issue du second tour. S'il est en ballottage favorable à Paris, Marseille lui donne une cuisante défaite et la droite est presque certaine de rester aux commandes de la ville phocéenne. Outre le Front national, c'est l'UMP qui a profité de la nouvelle donne électorale, mais en deçà de ses espérances, alors que le Front de gauche et les écologistes ont tirés leurs épingles du jeu. Ils seront d'un apport essentiel au second tour pour que la gauche limite les dégâts. Mais toutes les leçons des élections municipales françaises 2014 ne seront tirées qu'au soir du second tour de dimanche prochain. Deux questions essentielles se posent. La première est, est-ce que l'électorat de gauche, après avoir envoyé un signal fort au gouvernement au 1er tour, va se mobiliser pour réduire la perte de villes au profit de l'UMP, et son allié centriste, et surtout faire barrage au Front national ' La seconde est liée aux positions de la gauche et de la droite partout où les candidats de l'extrême droite seront présents. Pour la gauche, qui se présentera unie partout où elle sera en position de gagner, il faut tout faire pour empêcher que des mairies tombent aux mains du Front national en évitant des triangulaires. Pour cela, elle appelle à la constitution d'un Front républicain avec la droite, en retirant ses candidats là où celle-ci est en mesure de l'emporter, ce qui est une vieille tradition française face à l'«ennemi commun» considéré comme un danger à la démocratie. L'UMP, depuis qu'elle a pris à son compte certains thèmes du Front national n'en veut plus de cette tradition, préférant la politique du «ni ni». Ni Front républicain avec la gauche, ni alliance avec le parti d'extrême droite, au risque de voir les lepénistes gagner des mairies. Le couac pour l'UMP est que son allié centriste lui a demandé, ainsi qu'au PS, de retirer ses listes pour «contrer le FN».M. M.
Posté Le : 24/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com